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Hardigan veut mettre de l’imaginaire dans vos oreilles. (Interview)

Par -- David --
13 août 2015
Hardigan veut mettre de l’imaginaire dans vos oreilles. (Interview)

Le livre audio ne suscite en France qu’un intérêt modéré. En dépit de la qualité de certains enregistrements, il existe plusieurs freins pour que le marché se développe :

En tout premier lieu, la sous-représentativité (pour ne pas dire l’absence) des littératures de l’imaginaire parmi les éditeurs existants. La diversité littéraire ne semble pas prompte à s’offrir à toutes les oreilles.

Le prix des livres audio joue lui aussi contre sa démocratisation, une vingtaine d’euros pour quelques maigres heures de lecture n’incite pas à se laisser tenter. Même si l’arrivée de la plateforme Audible, appartenant au géant du commerce en ligne Amazon, vient contrarier cette affirmation grâce à son offre d’abonnement mensuel qui permet pour une dizaine d’euros d’écouter un nouveau livre tous les mois. Hardigan répond d’ailleurs à cette injonction de rendre les livres audio accessibles à tous en pratiquant des prix assez bas.

Le dernier obstacle est l’habitude : le marché du livre audio ne représente que 1 % des ventes en France contrairement à l’Allemagne qui est de l’ordre de 5 % selon Audible. Quant aux États Unis, ce même marché progresse bien plus que celui du format papier. Selon Audio Publishers Association le chiffre de vente de livres audio a augmenté 13,5 % en 2014 par rapport à 2013 et pèse 1,47 milliard de dollars.

Hardigan vient s’engouffrer dans ce marché en devenir et satisfaire les amateurs de littérature de genre. La très jeune maison d’édition propose déjà une petite dizaine de livres audio dont certains devraient ravir les amoureux de science fiction et de fantasy : des licences comme Docteur Who ou Buffy, mais aussi L’odyssée du temps de Stephen Baxter et Arthur C. Clarke ou encore le classique incontournable de la fantasy, Légende de David Gemmel.

Revivre la légende de Druss en audio donne une autre atmosphère au texte. 

 

Pour l’occasion, les éditions Hardigan nous ont accordé cet entretien.

SyFantasy : Comment est née l’idée de réaliser des livres audio ?

Hardigan : En tant qu’amoureux de littératures de genre, nous avons constaté qu’il avait assez peu de titres de Fantasy ou de SF en livres audio. Un vrai manque...

SyFantasy : Comment voyez-vous le marché du livre audio ?

Hardigan : En France ? Il y a encore du chemin à parcourir et ça rend la chose plutôt excitante !

SyFantasy : Pourquoi utiliser Audible ? Envisagez-vous la présence de vos livres audio sur d’autres plateformes ?

Hardigan : Nous passons par Audible, car il s’agit de la meilleure plateforme dans le domaine. Comme il s’agit aussi du diffuseur exclusif pour iTunes, nous sommes présents chez le leader du marché et chez Apple. Que demander de mieux ?

SyFantasy : Comment s’est fait le choix des titres ?

Hardigan : Nous partons du principe que nous devons proposer « du genre, dans tous les genres ». Pour commencer, nous avons pris les meilleurs titres disponibles des différents labels des catalogues Bragelonne, Milady et Delpierre, mais nous allons certainement étendre notre sélection à d’autres éditeurs.

SyFantasy : Quels sont les prochains titres ? Cette question n’est pas dénuée de sous-entendus, car à la préparation de cette interview deux auteurs me sont venus en tête : Scott Lynch pour son style percutant et direct et Patrick Rothfuss pour la qualité de sa langue.

Hardigan : Vous avez de bonnes lectures. Sans trop en dévoiler, sachez que nous préparons les autres titres de David Gemmell et aussi pas mal de Science-Fiction. D’ailleurs — petite exclu rien que pour vous —, le livre audio de Seul sur Mars devrait accompagner la sortie de l’adaptation ciné de Ridley Scott. Quant à Rothfuss et Lynch, ils sont sur notre liste idéale d’adaptations, mais la taille des livres est un frein sérieux à leur production dans un avenir proche.

 

SyFantasy : Ce qui m’amène à une autre question : avez-vous des critères sur le choix des livres à produire en audio ?

Hardigan : Comme je viens de le dire, leur taille compte dans la manière d’envisager l’écoute : il ne faut pas qu’ils soient trop longs pour avoir une approche didactique du livre audio. Les lecteurs français n’y sont pas encore habitués... il ne faut pas les effrayer avec des romans qui nécessitent plus de trente heures d’écoute ! Et puis il y a aussi un facteur économique évident. Plus les ouvrages sont longs et plus leur production coûte cher.

SyFantasy : Combien de temps faut-il pour enregistrer un épisode ?

Hardigan : En général deux fois plus de temps que la durée du livre audio (12 h d’écoute = 24 h d’enregistrement à peu près)

SyFantasy : Quelle est la directive donnée à l’acteur ? (l’ambiance voulue)

Hardigan : Ça dépend bien entendu du titre. Yann, notre ingénieur du son, accompagne les acteurs durant les enregistrements en studio et passe du temps au téléphone avec ceux qui enregistrent à l’extérieur. Il se sert souvent d’ambiances et d’analogies cinématographiques qui correspondent à leurs lectures

SyFantasy : Quels sont les critères dans le choix des voix pour illustrer les textes ?

Hardigan : Essentiellement le timbre de voix (pour les textes de Romantica, par exemple, il faut que les voix soient capables d’instiller le désir dans la lecture sans trop en faire). C’est aussi un choix qui est guidé par le texte. Pour l’adaptation de Buffy, nous avons fait appel à Claire Guyot, la doubleuse française de Sarah Michelle Gellar... du coup, le roman sonne comme les mémoires de Buffy. C’est très cool !

 

SyFantasy : Comment sont travaillés les textes par les acteurs ?

Hardigan : Nos comédiens étant des professionnels aguerris, ils savent s’impliquer dès la première intonation. Mais, nous les avons laissés totalement libres aux premiers enregistrements. Nous intervenons également de plus en plus sur des points essentiels qui sont le rythme de lecture et la psychologie des personnages à faire passer au travers de leur voix : la joie ou la tristesse bien sûr, mais aussi des traits de caractère plus subtils comme l’ingénuité ou la relative froideur d’un héros comme Harry August. Ces choix ne plaisent pas toujours aux lecteurs, mais il faut savoir prendre parti quand on est dans des genres aussi exigeants que la Science-Fiction ou la Fantasy.

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