Avec le film Tomb Raider récemment débarqué dans les salles obscures, l'actualité se densifie autour de la franchise et sa célèbre archéologue.
Lara Croft aura beaucoup évolué au fur et à mesure de la franchise. D'abord faite de simples polygones anguleux, puis sexualisée, revenue à une norme pré-chirurgicale dans Guardian of Light et rajeunie dans le reboot de Crystal Dynamics, l'héroïne aura vécu son parcours à l'envers dans le passage des ans.
Un constat qui frustre la scénariste des jeux récents Rhianna Pratchett, autrice de la nouvelle Lara qui aura inspiré l'adaptation portée par Alicia Vikander. Celle-ci met le doigt, aux micros d'Entertainment Weekly, sur une hypocrisie du marché du jeu vidéo : pourquoi seuls les hommes auraient le droit de vieillir ?
"J'adorerais écrire une Lara dans la cinquantaine, grisonnante et fourbue par les conflits, parce que c'est ce qu'on a avec les héros de jeux vidéo masculins. Snake a évolué au fil des années, tout comme Sam Fisher de Splinter Cell : on l'a autorisé à devenir plus vieux, et j'adorerais voir ça avec le personnage de Lara, plus âgée et expérimentée au combat.
Peut-être même la voir prendre un autre personnage sous son aile, ce qui est souvent fait avec les figures de père dans le jeu - la papa-ification des jeux vidéos, comme John dans The Last of Us ou Booker dans BioShock Infinite. J'aimerais aussi beaucoup voir Lara en mère, comment est ce que cela pourrait fonctionner. Comment aurait-elle le temps ? J'aimerais voir plus de mamans d'action dans les jeux, il y a tellement de choses à faire, tellement d'histoires à raconter. J'ai l'impression que nous ne faisons qu'explorer la surface."
Des paroles pleines de sagesse chez la scénariste, qui met effectivement le doigt sur le manque de diversité dans le jeu vidéo - un problème qui nous rappelle aussi que le cinéma met un certain temps à laisser aux femmes quarantenaires des rôles de premier plan, là où les Taken et consorts ont depuis longtemps adopté le modèle du mâle grisonnant.
A voir si les studios de développement entendent cet appel, dans une industrie encore largement masculine et qui tient à sa Lara bien apprêtée. Malgré des efforts faits pour rendre l'héroïne plus réaliste dans les proportions, la jeune Croft reste ancrée dans un certain type de canons de beauté, et avoir Alicia Vikander la porter à l'écran ne fait que souligner ce sempiternel état de fait.