À l’occasion de la cérémonie de remise des prix du World Fantasy Award qui a primé cette année David Mitchell pour son livre The Bone Clocks ainsi que Daryl Gregory pour son récit d’horreur Nous allons très bien, merci, les organisateurs ont annoncé que la statuette représentant Howard Philip Lovecraft disparaitrait l’année prochaine.
Cette décision fait suite à la grogne qui secouait le milieu depuis plusieurs années. La cause réside dans la personne de Lovecraft, de son caractère raciste et antisémite comme figure représentative de la fantasy. Nnedi Okorafor, l’auteur de l’excellent roman, Qui a peur de la mort, avait fait part notamment sur son blog de la dichotomie entre la satisfaction de voir son livre récompensé en 2011 et le fait de l’être par une statuette d’une personne notoirement raciste.
Si les organisateurs n’ont donné aucune explication, ce changement intervient quelques mois après le scandale qui a touché un autre prix prestigieux les Hugo Awards. Un groupe d’activistes américains ouvertement racistes, homophobes et misogynes répondant au nom de Rabbid Puppies mené par Vox Day (Theodore Beale), très actif aussi dans l’affaire du Gamergate, avait invité ses sympathisants à voter pour des œuvres plus en accord avec leurs idéologies réactionnaires. La crédibilité du prix s’en est vue dégradée, malgré l’appel de George RR Martin pour sauver cette institution. La sélection des romans ouverte au vote du public s’était retrouvée truffée par les œuvres poussées par les auteurs d’extrême droite. Au final, lors de la cérémonie des prix, cinq catégories avaient été déclarées sans lauréates. La décision pour les World Fantasy Awards peut s’avérer salutaire afin de montrer que la littérature de l’imaginaire est aussi le terreau de la diversité.
