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Reboot d'Harry Potter : retrouver la magie

Par Raymond - Trebor
3 minutes 25 avril 2023
Reboot d'Harry Potter : retrouver la magie

Une annonce qu'on ne l'attendait pas

 

La presque concomitance des dates faisait croire à un poisson d’avril. Mais non HBO a officialisé la mise en chantier d’un reboot d’Harry Potter qui prendra la forme d’une série dont chaque saison couvrira un tome, avec la promesse d’une adaptation fidèle. Au programme, donc, 7 saisons et tout ce qui manquait aux films.

Idée saugrenue que cela. Si l’on débattait avec plaisir de notre opus préféré, des trahisons irréparables commises dans les films, de nos attentes déçues et de tout un tas de sujets aussi profonds que la petite besace d’Hermione, personne – et je fais de mon attente personnelle une généralité universelle – n’attendait, ni n’espérait un reboot de la saga. Pourquoi, mais pourquoi diable avoir fait ça ?

L’argent ? Oui, soit. Raviver l’intérêt pour la saga ? Il ne faiblit pas. Si Les Animaux fantastiques se vautrent au cinéma, c’est plus en raison de leur piètre qualité que d’un désamour du Wizarding World. La passion pour Harry Potter, les livres comme les films ne faiblit pas, mieux, se transmet et séduit les nouvelles générations qui attendent toujours de recevoir leur lettre d’admission le jour de leur 11 ans. Mais soit, le projet est là, lancé, acté. La nouvelle adaptation va bientôt transplaner dans nos télés.

À quoi peut-on s’attendre ?

Le teaser accompagnant l’annonce nous donne quelques indices. Même logo, même musique, même décor. Est-ce à dire que rien de tout cela ne changera ? Que le thème de John Williams accompagnera l’entrée à Poudlard et les notes d’Alexandre Desplat le réveil des statues ? Que les costumes seront identiques, Poudlard toujours le même (les imagine-t-on raser le château construit dans les studios Warner ?), la Grande-Salle inchangée ? Il suffit que ces mots soient prononcés pour que leur image s’impose à notre esprit. Faire table rase de tout cela et donner à cet univers une apparence nouvelle me semble un défi impossible que la série – si l’on se fie au teaser – ne relèvera pas. Et ouf !

Qu’en est-il de l’esthétique propre à chaque film ? Comment imaginer Le prisonnier d’Azkaban sans la patte d’Alfonso Cuarón ? Je formule un vœu pieux : si décors et costumes sont gardés à l’identique, alors qu’un réalisateur bien singulier soit choisi, pour donner une couleur nouvelle à cet univers que l’on connait par cœur. Il n’y aurait rien de pire que de revoir ce qu’on a vu comme on l’a déjà vu.

Il ne reste donc que les événements et les acteurs. Comme une version bonus extra ++ des scènes coupées, nous verrons tout : l’enfance de Voldemort si cruellement ôtée du 6e film, un duel final digne de ce nom, Hermione qui se la joue syndicaliste, etc… Eh oui, cela fait rêver. Maintenant qu’HBO a promis de tout montrer, on se prend à espérer de ne plus dire « oui, mais dans les livres.. » mais « comme dans… ». Les acteurs, donc, eux changeront. Du balai tous ceux que l’on appelle Harry, Hermione et Ron plutôt que Daniel, Emma et Rupert. Adieu, Maggie Smith, Robbie Coltrane, Alan Rickman.

Le nouveau casting sera bon et les enfants retenus protégés, espérons-le. Car si l’on imagine une série fidèle au livre, on ne peut s’empêcher de penser qu’il sera aussi inclusif. Et qu’Hermione sera noire, comme elle l’était dans la comédie musicale (ce qui est loin d’être absurde : car le parallèle entre les « sang-de-bourbe » et le racisme est tout trouvé). Courage par avance à la jeune actrice qui se prendra un flot d’insultes (ce qui n'a pas manqué ce week-end : des serpentards, à n'en pas douter. Affligeant).

La présence des anciens acteurs aiderait à faire passer la pilule, mais le positionnement politique des acteurs phares contre J.K. Rowling, productrice exécutive de la série, nous permet de supposer qu’ils s’en tiendront à l’écart.

Billet d'humeur : quand on touche au sacré

Après l’échec du troisième opus des Animaux Fantastiques, les têtes pensantes de Warner-bross ont dû se dire : qu’est-ce qui plait ? Harry Potter. Et au lieu de proposer un retour aux sources, ils ont décidé de refaire la source. Au lieu de comprendre ce qui faisait la magie de ses films, sa substance, de l’extraire dans un petit flacon et de le dissoudre dans un gros chaudron qui aurait donné lieu à une nouvelle œuvre inspirée de… mais inédite, ils ont décidé de refaire. Alors qu’il fallait étendre, ils vont remâcher. Une série sur les fondateurs, les maraudeurs ou un tout nouveau groupe de jeunes aurait séduit tout le monde !

Pourquoi la foule accueille-t-elle une nouvelle adaptation de Percy Jackson avec liesse ? Par ce que la promesse d’adapter une œuvre qui l’avait mal été est réjouissante. Idem avec La croisée des mondes. Mais l’on ne refait pas Star Wars 4 à 6 ou Le Seigneur des Anneaux, on les prolonge. De même, il ne faut pas refaire Harry Potter.

C’est d’une part trop tôt, mais c’est surtout blasphématoire (oui, oui, c’est sacré !). Harry Potter est de ses œuvres fondatrices qui ont durablement forgé l’imaginaire collectif d’une génération entière. Le fondateur ne se refait pas, précisément car il est un socle sur lequel une culture, d’autres œuvres, des vies mêmes, se sont construites.

Bien sûr, la nouvelle série ne détruira pas les films, ils ne vont pas disparaître dès lors que les premiers épisodes seront diffusés. Mais ils vont faire beaucoup de mal, aux acteurs impliqués d’abord (et en écrivant cet article, je participe par anticipation au bashing), aux équipes créatives des films qui se verront dépossédés de leur œuvre, à la licence qui ne saura plus sur quelle base partir pour tous les projets annexes et à nos portefeuilles, car il va nous falloir rajouter tous nos goodies.