- Les enfants Sully et leurs personnalités
Toujours à l’affiche depuis deux mois, le blockbuster de James Cameron continue de faire parler de lui. La suite tant attendue des aventures du peuple Na’vi nous ramène sur Pandora, pour (re)découvrir Jake Sully, Neytiri et leurs enfants. Pari réussi sur la nostalgie des spectateurs !
Trois heures d’émerveillement… à nuancer
© Avatar : The Way of Water
À première vue, Avatar : The Way of Water est la quintessence du bon gros blockbuster hollywoodien. Entre effets spéciaux à couper le souffle et bande originale épique, cette fable écologiste nous invite au voyage aux côtés de la famille Sully. Je suis ressortie de la salle de cinéma en me disant « c’est la meilleure expérience cinématographique de ces dernières années ». À l’heure où Netflix et TikTok nous habituent à des formats de plus en plus courts, James Cameron parie sur un long-métrage contemplatif qui nous invite à savourer du grand spectacle.
Le succès est au rendez-vous pour ce retour sur Pandora. Néanmoins, là où Avatar est considéré comme un classique, sa suite ne fait pas l’unanimité. Sur Allociné, on reproche notamment à Avatar 2 de noyer son scénario creux sous un océan d’effets spéciaux (sans mauvais jeu de mots). Aussi sûr que le premier Avatar était une redite du Disney Pocahontas mais avec des extraterrestres, The Way of Water est certainement une redite de son prédécesseur, en plus mouillée et légèrement moins manichéenne.
Deux mois après mon visionnage sur grand écran, je maintiens que ce film mérite d’être encensé. Mais je nuancerais davantage mon propos. Il est vrai que, derrière leurs grands airs d’amis de la nature, les Na’vis ne sont pas bien différents des humains. Un père dur à cuire qui apprend à ses fils à battre, une mère qui sort les griffes pour défendre ses enfants… N’est-ce pas l’archétype de la famille traditionnelle américaine, peau bleue ou non ?
Une vague déferlante dans la presse
© Avatar : The Way of Water
Deux milliards de dollars de recettes.
Quatrième film le plus rentable du monde.
Numéro 1 au box-office américain pendant plus de sept semaines.
Face à l’ampleur du succès, chacun à son grain de sel à ajouter pour réagir au film, comme s’il fallait absolument se faire un avis dessus. Avatar : The Way of Water a donc fait couler beaucoup d’encre dans la presse.
Certains rédigent des éloges dithyrambiques auxquels tout le monde s’attend.
« Blockbuster magistral » selon Libération, « chef d’œuvre visuel » pour Vogue, « dont la perfection technologique laisse quand même poindre la sueur de l’artisan » nous dit La Voix du Nord.
D’autres, à l’inverse, prennent le risque de ne pas accorder cinq étoiles à ce film-événement. Marianne y voit « de grands messages assommants », et Le Monde « un scénario simpliste, des dialogues réduits à des clichés ». La Croix, plus virulente, déplore carrément « les interminables courses-poursuites soporifico-aquatiques de Schtroumpfs géants ».
Que retenir de ces critiques ? James Cameron a mis le paquet sur la 3D. À cela, personne ne trouve rien à redire, nous n’avons pas attendu ce film pendant treize ans pour une déception visuelle. L’univers de Pandora est là, les Na’vis plus vrais que nature aussi. Mais tout le budget n’y est-il pas passé ? L’intrigue n’a-t-elle pas été reléguée au second plan, buvant la tasse des effets spéciaux à gogo ?
C’est peut-être là la clé de la réussite pour un blockbuster : se borner aux messages universels et aux personnages archétypiques, puis travailler sur le visuel le plus grandiose possible.
Zoe Saldaña, la nouvelle reine d’Hollywood
© Jolie Bobine
Pour un film qui bat tous les records, il fallait bien une actrice qui batte tous les records !
Connaissez-vous Zoe Saldaña ? À quarante-quatre ans, l’actrice s’est déjà imposée dans le cinéma de science-fiction, notamment avec son rôle dans Star Trek. Quand elle n’a la peau bleue dans la franchise Avatar, où elle joue Neytiri, le personnage principal féminin, elle a la peau verte dans l’univers cinématographique Marvel, où elle incarne Gamora, membre des Gardiens de la Galaxie.
Ainsi, Zoe Saldaña est devenue la première actrice apparaissant dans quatre films sur le Top 6 de ceux qui ont rapporté plus de deux milliards de dollars au box-office. Elle est en effet au casting du premier Avatar, du deuxième Avatar, du troisième Avengers et du quatrième Avengers. Chapeau madame !
James Cameron, l’indétrônable Olo’eyktan (chef) du box-office mondial
© 20th Century Fox
Outre le septième épisode de Star Wars, le dernier film qui complète ce prestigieux Top 6 maintient sa position depuis 1997. Zoe Saldaña n’a pas joué dedans, mais c’est James Cameron qui l’a réalisé, comme quoi, le monde est petit… Il s’agit bien sûr de Titanic ! Décidément, James Cameron et les océans, c’est une grande histoire d’amour.
Le réalisateur est également entré dans l’histoire du cinéma, devenant le seul à avoir réalisé trois films qui ont dépassé cette barre symbolique des deux milliards de dollars au box-office. La Chine, qui a laissé le film plus longtemps à l’affiche jusqu’à son Nouvel An, a généreusement participé à cette rentabilité.
Alors, James Cameron détient-il le secret de la réussite à l’américaine ? Le phénomène Avatar illustre bien le tsunami écrasant du cinéma hollywoodien à l’international. Le premier opus, à l’instar de Titanic, n’est au fond qu’une histoire d’amour sur fond de film catastrophe. Avatar 2 reprend les mêmes ficelles, remplaçant l’histoire d’amour par une histoire de famille, et le tour est joué. Si les codes américains fonctionnent toujours autant, c’est peut-être parce qu’ils se veulent universels.
Le duel entre l’humanité et le climat ne nous fera pas devenir écolos en un claquement de doigts. Mais il nous donnera au moins l’impression de nous attacher aux pauvres Na’vis et d’avoir vu un grand film… ni plus ni moins hollywoodien qu’un Marvel, où c’est Thanos qui claquerait des doigts pour résoudre les problèmes écologiques.
Fort de son succès, James Cameron prévoit déjà trois autres suites pour la franchise Avatar, à découvrir en salles en décembre 2024, 2026 et 2028. Avatar 5 devrait même se dérouler… sur Terre ! De quoi vous laisser tout le temps de faire vos pronostics sur les intrigues à venir.
En attendant, je vous propose d’écouter en boucle le générique d’Avatar 2 chanté par l’artiste canadien The Weeknd, histoire d’entretenir encore votre nostalgie de Pandora…