La sortie d’un nouveau Blacksad est toujours un événement. Bien que cette fois, l’attente ait été brève : En effet, seulement 2 ans séparent les deux tomes de Alors, tout tombe. Si les profanes pourront trouver cela long, les initiés se souviennent qu’il en a fallu 8 entre Amarillo et le tome 6. Une durée frustrante, mais compréhensible quand on a sous les yeux le résultat du travail de Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales.
Si vous ne connaissez pas Blacksad mettez une playlist de jazz, sortez le whisky et les cigares et passez votre écran en noir et blanc : direction New York dans les années 1950.
La nuit tous les chats sont gris
John Blacksad est un chat noir. Littéralement, puisqu’il évolue dans une univers d’animaux anthropomorphes. C’est aussi un détective privé qui coche toutes les cases du bon personnage de polar : Un grand imperméable, du whisky sous le bureau, une consommation déraisonnable de cigarettes et un talent certain pour s’attirer des ennuis.
Dans Alors, tout tombe, son enquête est des plus complexes. Engagé par le chef du syndicat des travailleurs du métro qui craint que la mafia ne s’en prenne à lui, John va se retrouver entraîné dans une histoire qui mêle corruption, magnat de l’immobilier, meurtrier mystérieux et ancienne conquête amoureuse.
Si la première partie de ce diptyque nous laisse sur autant de surprises que de questions, la seconde dénoue une intrigue extrêmement bien ficelée et aux profondes ramifications. Tout en nous offrant le retour d'un personnage fortement attendu.
Une atmosphère rétro, des problématiques contemporaines
A travers leur ambiance de film noir, chaque aventure de notre héros à moustaches est aussi l’occasion de traiter un thème particulier : Le racisme (Artic-Nation), la course technologique (Âme rouge) ou encore la drogue (L’enfer, le silence). Cette fois, l’écriture en deux tomes a permis aux auteurs de voir grand : on abordera donc aussi bien le syndicalisme post révolution industrielle que le pouvoir de l’art, le féminisme et les médias, avec toute la finesse et la pertinence auxquelles Guarnido et Canales nous ont habitués.
Entre roman noir et comédie romantique, riche de cette ambiance socio-politique typique du milieu du XXe siècle, Blacksad est tout autant une oeuvre de fiction qu’une vitrine culturelle. En ramenant leur héros dans sa ville d’origine, New York, les auteurs renouent avec leurs premiers amours : les environnements urbains foisonnants de détails, les gangsters qui font parler leur poings et les pin-up au caractère bien trempé.
Plus qu’une bande dessinée, Blacksad est une œuvre d’art. Il n’y a qu’à plonger dans ses aquarelles à la richesse et aux couleurs saisissantes pour en être convaincu. Si vous connaissez déjà le célèbre chat noir nul doute que je prêche des convertis, pour les autres : que faites-vous encore là ?
Foncez lire Blacksad, la meilleure BD policière jamais créée !