- D'excellentes références.
- Des personnages qui ne sont pas des caricatures.
- Ce moment où j'ai eu envie de secouer le héro...
L’urbanisation dévore le monde. Elle dévore les espaces naturels, elle dévore la beauté, elle uniformise les gens. Cette manière de tout engloutir avec du béton, elle est littérale dans le nouveau roman de Julien Hirt. Avec Carcinopolis, l’auteur nous livre un récit sombre, anxiogène, mystérieux et très intriguant. Une ambiance claustrophobique et malsaine qui n’est pas sans rappeler la très célèbre Maison des Feuilles.
L’histoire
Prométhée Kasonga se rend à Berlin après avoir reçu un mystérieux message de sa cousine Monique lui demandant de l’aide. Là, il découvre que Monique a disparu, ainsi que l’immeuble dans lequel elle travaillait. A la place, là où la rue s’est comme “refermée”, sont apparus des détails étranges. Des briquets qui ne cessent de se multiplier, des affiches portant des slogans sans queue ni tête issus d’un vieux conte pour enfants... Prométhée se rend alors compte que quelque chose est en train de s’insinuer dans notre monde, un immeuble venu d’une autre dimension, qui cherche à prendre la place de celui disparu.
Pour retrouver Monique et éviter une contamination inter-dimensionnelle, il devra se rendre dans un univers d’architecture brutale, à l’urbanisme sans logique et qui s’étend sans cesse : Carcinopolis.
Notre avis
Carcinopolis fait écho à de prestigieuses références. D’abord il y a Blame!, le manga de Tsutomu Nihei, qui parle d’une cité s’étendant sans cesse et dont les ramifications sont impossibles à quantifier. L’excellent jeu Control, du studio Remedy, qui se déroule dans un bâtiment qui semble avoir sa volonté propre : l’Ancienne Maison. Il y a aussi toute la culture des Backrooms, ces lieux secrets, mystérieux, censés se déployer à travers les dimensions.
Dans de tels lieux, oppressants et défiants toute logique, il est facile de perdre la raison. A ce jeu là, Julien Hirt s’est montré brillant. Car ses personnages sont bien loins des stéréotypes de héros à la volonté inébranlable. Ils ont peur, ils sont rongés par leurs propres angoisses et ils se laissent dominer par leurs émotions. Loin de la pudeur qui se dégage de beaucoup d’ouvrages lorsqu’il s’agit de montrer des sentiments, ici, on a honte ni des démonstrations d’affection, ni de ses faiblesses.
En conclusion
Avec Carcinopolis, les éditions PVH signent une œuvre à l’inspiration fantastique à l’inspiration Lovecraftienne, haletante et inquiétante, idéale pour (re)découvrir le genre du thriller horrifique.