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Critique - Ecotopia (Ernest Callenbach) : une utopie verte pour penser demain !

Par Tasslehoff - Charles
3 min 12 janvier 2022
Critique - Ecotopia (Ernest Callenbach) : une utopie verte pour penser demain !
On a aimé
- La dimension politique du roman
- La richesse des réflexions pour penser demain
- L'évolution du personnage principal
On n'a pas aimé

Ernest Callenbach (1929-2012) est un écrivain, critique de film – il enseigna par ailleurs dans le domaine du cinéma à l’université – et éditeur américain. Ecotopia (1975) et ses suites, malheureusement non traduites en français (Ecotopia Emerging, 1981 ; The Ecotopian Encyclopaedia for the 80's: A Survival Guide for the Age of Inflation, 1981), l’ont rendu célèbre à travers le monde et ont inspiré certains mouvements écologistes de la seconde moitié du XXe siècle. Voici notre ressenti à la lecture de ce roman pionnier de la « littérature verte ».

 

Peut-être les écotopiens sont-ils seulement heureux et malheureux autrement que nous.

 

Paru pour la première fois en 1975, Ecotopia est de ces romans qui non seulement ne prennent pas une ride, mais, au contraire, vieillissent bien. A travers cette utopie écologique, Ernest Callenbach dépeint une société égalitaire et propose une alternative à nos sociétés occidentales, avant tout à celle des Etats-Unis des années 70. Ce roman – ou quasi manifeste – traite de nombreuses problématiques en lien avec l’écologie, la place de la femme, le capitalisme, l’éducation, etc. Il nous rappelle ainsi que les problèmes d’aujourd’hui ne sont pas différents de ceux d’hier et nombreux sont ceux et celles qui y ont déjà réfléchi. Ecotopia, par le truchement de la fiction, propose de nombreuses pistes pour demain.

William Weston, journalise américain, est choisi pour se rendre en Ecotopia, nation composée des trois états de la côte ouest des Etats-Unis (Californie, Oregon et Etat de Washington) qui ont fait sécession une vingtaine d’années auparavant et se sont constitués en un état indépendant. Cette mission a non seulement pour but de documenter et dépeindre la société écotopienne, recluse et laissant filtrer très peu d’informations depuis la séparation, mais également de tenter un rapprochement diplomatique en vue d’une réunification désirée par les autorités américaines. Ayant en tête les ouï-dire et les légendes circulant sur cette nation, le journaliste arrive dans le pays pensant rencontrer une civilisation décadente, retournée à des pratiques primitives. Or, c’est certes une société différente, à priori plus « simple », qu’il découvre mais elle est en réalité tout aussi évoluée, tout en étant beaucoup plus en contact avec la nature. Mais pas seulement. Tout fonctionne différemment en Ecotopia : les travailleurs sont propriétaires des entreprises où ils officient, avec un maximum de 300 personnes pour chacune d’entre-elles ; la semaine de travail est limitée à 20h ; les maisons sont construites en module dans un matériau plastique recyclable ; la notion de famille et les relations amoureuses sont également différentes. La liste pourrait encore être longue. Comme le protagoniste principal, on se laisse rapidement séduire par le vent de fraicheur apporté par cette société écotopienne pleine de vie – c’est probablement l’adjectif qui convient le mieux à Marissa, personnage dont Weston tombera amoureux.

Sur la forme, le roman alterne des articles de presse que Weston envoie au Times-Post pour publication, avec des notes plus personnelles de son carnet, son journal intime. Les premiers traitent de manière « objective » de thématiques générales, par exemple « Energie du soleil et de la mer », « Le déclin maitrisé ? Le pari démographique écotopien », tandis que le carnet reflète l’expérience vécue du journaliste, notamment ses relations avec certains écotopiens, ses interrogations et ses doutes. Cette double forme rend le livre à la fois sérieux – on sent que la réflexion de l’auteur est politique et engagée – mais rappelle toutefois que celui-ci est également un roman. La dimension narrative et fictionnelle, ainsi que l’évolution des personnages ne sont en effet pas négligées pour autant. Ce n’est toutefois pas un roman de Hard SF, mais une série de propositions pour penser demain. Par conséquent, quelques réflexions clairement utopistes prêtent à sourire, tout comme le sont moultes anecdotes, telles que la description du Velib’ avant l’heure ou celle de la mode vestimentaire d’Ecotopia, clairement inspirée des mouvement hippies (mai 69 n’est pas loin !).

Si vous êtes sensibles aux luttes écologiques et sociales dans le monde, ce roman est fait pour vous. Plongez dans le monde plus vert, plus égalitaire et bienveillant de cette utopie. N’hésitez pas à vous laisser toucher par ce texte pour en ressortir transformé et à le prolonger dans votre quotidien !

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