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Critique - Enchantment of Ravens (Margaret Rogerson) : le très bon premier roman de l'autrice de Sorcery of Thorns

Par Louis - CINAK
3 min 18 octobre 2021
Critique - Enchantment of Ravens (Margaret Rogerson) : le très bon premier roman de l'autrice de Sorcery of Thorns
On a aimé
- Le personnage inventif d'Isobel
- La réinvention des mythes anglo-saxons
On n'a pas aimé
- Le peu de descriptions des cours des faes

Nous durons éternellement, mais vous fleurissez avec des couleurs bien plus éclatantes, votre parfum est bien plus enivrant, et vos épines font couler le sang.

Margaret Rogerson est indubitablement l’une des nouvelles figures de la fantasy Young-Adult en France. Sorcery of Thorns a été un véritable succès éditorial pour la collection Big Bang, au point d’inciter l’éditeur à se repencher sur son premier roman, lui aussi un one-shot : Enchantment of Ravens. Au cœur du monde des faes, l’autrice nous emporte dans une course-poursuite aux côtés du prince de l’automne et d’une jeune artiste peintre.

Isobel vit de son Art. Elle est artiste peintre au service des faes, des créatures immortelles fascinées par leur portrait. Les faes promettent monts et merveilles aux humains qui peuvent faire ce qui pourrait les détruire en une fraction de seconde : créer. Sauf qu’ils sont connus pour jouer de mauvais tours aux Hommes. Un enchantement de leur part vous conduit bien souvent à la ruine. Isobel, elle, est maligne : elle ne demande que des enchantements simples et sans jamais se mettre en avant.

Et Mouche, un de ses clients fae un peu fantasque, l’a recommandé auprès du prince de l’automne, Corneille, l’un de faes les plus puissants, pour une commande ! Quand Isobel le rencontre enfin, elle est émue par sa sensibilité et son regard triste, qui lui rappelle quelque chose de très humain, là où les faes sont presque inhumains. Evidemment, les deux personnages tombent lentement mais sûrement amoureux (mais sans niaiseries comme Margaret Rogerson sait le proposer), enfreignant la Bonne Loi qui interdit aux Hommes et aux faes de s’aimer. Mais Isobel a commis une erreur, son tableau a dépeint cette humanité qu’elle avait pressentie en Corneille, ce qui a remis en cause son autorité au sein de sa cour. Fou de rage, Corneille décide de la trainer devant la justice de son peuple, mais en voulant l’emmener dans son territoire dominé par sa saison, l’Automne, ils sont poursuivis par la Chasse Sauvage, une harde de créatures obéissant au prince de l’hiver et, pire que tout, le monde des faes semble corrompu…

Pour un premier roman, Margaret Rogerson s’est attaquée à un sujet difficile : celui de l’immortalité. En effet, nous comprenons rapidement que les faes envient et jalousent les Hommes pour leur Art et leur vie intense ! Pour se venger de leur propre immortalité, ils sont mesquins et jettent des enchantements, comme des enfants pourris gâtés. En questionnant cette conception et en mettant en scène un nouveau Roméo et Juliette, elle aborde la vanité, l’illusion et l’ennui.

Seul regret, la description des contrées n’est pas assez appuyée à mon goût. On imagine les couleurs de la forêt qui changent au gré des cours des faes mais l’ensemble donne une impression moins prégnante que l’univers que l’autrice avait décrit dans Sorcery of Thorns. Peut-être est-ce « l’effet premier roman » ? Espérons que Vespertine (prévu pour 2022) sera aussi bon (si ce n’est meilleur) ! Tout comme Sorcery of Thorns, son univers est simple et attrayant. Ce roman one-shot est efficace et vous transportera tout de même dans une très bonne histoire !

Histoire qui, grâce à l’impression de course-poursuite, est fluide et inventive. Les légers moments de repos sont l’occasion pour l’autrice d’explorer la culture féérique et les différentes cours des princes des saisons et de questionner leur jeu de pouvoir. L’autrice s’inspire des légendes du folklore anglo-saxon comme la Chasse sauvage (elle-même réinventée dans la saga du Sorceleur d’Andrzej Sapkowski) et des contes se déroulant dans les forêts profondes et enneigées, ce qui donne de la matière à l’univers et lui donne une impression de cohérence qui facilite la lecture.

On retrouve un peu d’Elisabeth de Sorcery of Thorns dans Isobel : fier, volontaire et maline. Bien que sans pouvoir magique, comme Elisabeth, elle sait utiliser son intelligence pour vaincre et s’en sortir. Le style dynamique qui est associé à Isobel lui fait clairement honneur !

Enchantment of Ravens est un très bon premier roman. L’histoire est intéressante et les personnages sont malins, attachants et inventifs. L’univers est certes moins marquant que celui de Sorcery of Thorns mais Margaret Rogerson n’a pas à rougir de ce roman qui réinvente les contes anciens pour nous proposer une action prenante.

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