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Critique – Les naufragés de l’institut Fermi (André David) : ENFIN un peu d’innovation dans la SF du voyage temporel !

Par Louis - CINAK
3 min 5 juillet 2022
Critique – Les naufragés de l’institut Fermi (André David) : ENFIN un peu d’innovation dans la SF du voyage temporel !
On a aimé
- Le chapitre introductif de Gwen
- Les époques dépaysantes
On n'a pas aimé

André David est une nouvelle pousse des éditions Critic et il frappe fort ! Les naufragés de l’institut Fermi revisite le voyage dans le temps et nous offre une course-poursuite savoureuse à travers différentes époques mais André David apporte un petit plus qui fait toute la différence avec les autres auteurs de SF : la génétique !

Deux camps s’affrontent, les dériveurs et les voyageurs. Les dériveurs peuvent voyager dans le temps grâce au patrimoine génétique qu’ils partagent avec leurs ancêtres, c’est en prenant possession du corps de ce dernier qu’un dériveur influe sur le futur. Tandis que les voyageurs, eux, usent d’une technologie plus classique car ils viennent « du futur » (au-delà de l’époque contemporaine des dériveurs). Ces deux camps s’affrontent car les voyageurs appartiennent à un monde postapocalyptique dominé par des cité-araignées peuplées de clones, sur une Terre froide et désolée… Situation étrange car l’objectif des dériveurs est pourtant de déjouer le paradoxe de Fermi (vrai cas scientifique) : les civilisations désirant s’extraire de leur planète d’origine s'autodétruisent avant d'avoir pu se rencontrer, sinon nous les aurions déjà rencontrées… Les dériveurs se prennent donc pour des sauveurs alors même que leurs descendants essayent de les empêcher de mener à bien leur mission de survie de l’Humanité. Une intrigue complexe comme on les aime !

Dans cette histoire chaque camp est incarné par un personnage à qui on s’attache et qui nous fait découvrir l’envers du décor de son organisation : Gwen, la clone voyageuse et aigrie, et Louis, le dériveur dépressif. Deux personnages savamment construits pour conserver leur ambivalence. Chacun est touchant à sa façon : Gwen a réussi à échapper à la société des clones mais tombe sur une organisation de voyageurs remplie de conflits, elle fait ce qu’elle peut pour s’en sortir, tandis que Louis lui cherche un but à ses voyages, il désespère. Qui plus est, on aime voir à travers leurs yeux les sociétés dans lesquelles ils vivent. Le récit prend le temps de faire évoluer ses personnages dans des moments de détente après chaque mission, ce qui permet à l’auteur de faire évoluer, et surtout et surtout, douter des actions qu’ils ont entreprises.

Et quel plaisir de voyager entre les époques, donnant du grain à moudre à votre partie fan de fantasy : des samouraïs à la campagne napoléonienne au Mexique, les voyages sont dépaysants et habilement décrits. Chaque confrontation est l’occasion pour les voyageurs de découvrir ce que fut l’Humanité avant les clones, et leur fascination est un aspect très intéressant du récit, comme une « nostalgie d’une époque révolue ». Gwen est un sacré personnage (son chapitre introductif est une bouffée de stress extrêmement bien écrite) car on se demande constamment si à un moment elle changera de camp… (je vous laisse le découvrir 😉).

Pour un premier roman, les Naufragés de l’institut Fermi est maîtrisé. Sans se perdre dans une intrigue complexe, André David nous conforte dans l’idée que le voyage temporel a encore de beaux jours devant lui. Comme quoi, il suffit de peu : une bonne idée, une belle plume et des personnages qui savent évoluer au gré des événements radicaux qu’ils vivent. Chapeau !

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