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Critique - Lululand T.01 - Ultraviolet (Federico Saggio) : Un monde sans soleil

Par Lildrille - Chloé
5 minutes 25 août 2022
Critique - Lululand T.01 - Ultraviolet (Federico Saggio) : Un monde sans soleil
On a aimé
- Un point de vue principal savamment orchestré
- Un univers à la fois sombre, perturbant et fascinant
- Des réflexions sur notre avenir
- Des mystères et enquêtes prenants
On n'a pas aimé

Lululand nous plonge dans une atmosphère sombre et pour cause : le soleil détruit tout sur son passage et l'humanité est forcée de s'en protéger ! Jeux de dupes, mystères et avenir délicat, plongez dans une histoire intense et riche.

Le résumé

Dans un futur proche où l’humanité a été contrainte de masquer un soleil devenu trop agressif derrière une épaisse masse nuageuse artificielle…
Un amnésique s’éveille dans une ruelle, pourchassé par des humains revenus au stade animal – et qui en veulent à sa viande.
Bien vite, il réalise que ses souvenirs lui ont été volés, dans un monde où la mémoire est désormais le moyen de contrôle premier.

Notre avis

Le premier tome de Lululand nous entraîne dans une folle aventure d’anticipation, sur une Terre futuriste délabrée et abîmée. La couche d’ozone n’est plus efficace et le soleil brûle littéralement tout ce qui se trouve sur son passage. Pour survivre, les humains ont mis en place des outils et technologies capables de les protéger des rayons néfastes. Tout a dû être repensé : Comment cultiver sans soleil ? Comment survivre sans les vitamines qu’il procure habituellement ? L’auteur apporte des solutions intéressantes, qui plairont certainement aux plus cartésiens, voire scientifiques d’entre nous.

Federico Saggio crée une atmosphère palpitante, empreinte de mystères et de secrets. Le futur qu’il dépeint, entre horreur et réalisme, nous marque et nous touche. En plus d’une enquête ingénieuse, le roman nous fait réagir. Il donne également des pistes de réflexion sur un drame qui pourrait se produire si nous n’arrêtons pas le massacre. De plus, un nouveau système de maintien de la population a été créé, forçant les individus à vivre heureux. Système controversé, politique esclavagiste, solutions violentes… L’auteur ne donne clairement pas à rêver d’un futur optimiste mais d’un cataclysme majeur. Même les lecteurs les moins sensibles ne désirent pas d’une évolution aussi dramatique de la planète. Le message environnemental se place au-dessus de la lecture sans pour autant gâcher ou alourdir une histoire déjà engagée.

L’idée absolument géniale du roman réside dans son point de vue savamment orchestré. Le lecteur suit un personnage qui ne se rappelle pas de son passé, si ce ne sont les instants qu’il a vécus sur la Terre que nous connaissons, des années avant sa transformation expliquée plus haut. Plusieurs années perdues à jamais. Ainsi, quand le protagoniste se pose des questions sur le nouvel univers dans lequel il évolue, ces dernières font écho à celles du lecteur qui découvre, tout comme le narrateur, le monde inventé par l’auteur.

Pas à pas, au rythme de l’avancée du héros, le lecteur en apprend de plus en plus sur cet univers à la fois glauque, effrayant et maladif. Chaque découverte nous coupe le souffle, chaque réponse détonne, chaque révélation surprend. Les réactions du personnage principal sont les nôtres : tout comme nous, il ne se sent pas à sa place dans cet univers qu’il ne connaît pas. De même, la Terre d’avant, celle dans laquelle nous vivons, lui manque.

Tout comme lui, nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe et nous interrogeons sans cesse. Page après page, nous nous acclimatons à cette atmosphère atypique, et surtout bien décrite par une plume magique et efficace. Très rapidement, le lecteur s’attache au héros, un homme qui lui ressemble et avec qui il partage un regard et une vision commune. Le sarcasme et le caractère pessimiste du héros plaisent d’emblée. Ils correspondent parfaitement à cet univers sombre, noirci par l’absence de soleil et par un mode de vie difficile.

Plusieurs intrigues s’invitent à celle de la découverte de la Terre du futur : le passé du personnage principal se rappelle à lui, sa perte de mémoire ne serait peut-être pas accidentelle, et de terribles évènements se jouent autour de lui, ne laissant aucun répit à son esprit torturé. Le roman ne table pas sur de l’action à profusion, même s’il en contient certaines scènes. Le récit nous entraîne dans les rouages d’une enquête captivante, où les énigmes se multiplient, et où les rebondissements laissent entrevoir des complots de plus grande envergure.

Tout s’imbrique à la perfection, le rythme reste satisfaisant du début à la fin, et la dose de questionnements s’avère bien équilibrée. Il est impossible d’arrêter la lecture une fois que les mystères ont commencé à nous happer. Les pensées obscures du narrateur, les descriptions d’un futur accidenté, les péripéties violentes, les révélations étourdissantes… Tous les ingrédients choisis par l’auteur s’assemblent pour construire un roman saisissant, une histoire inoubliable.

Ne passez pas à côté de ce premier tome de science-fiction, sauf si vous avez l’âme sensible ; certaines scènes pourraient alimenter de terribles cauchemars. Pour les autres, suivez un héros atypique au grand cœur, torturé par un passé trouble, et effrayé par un futur incompréhensible, artificiel, et destructeur. Les idées de l’auteur ne vous laisseront pas indifférents.

La série de Lululand promet une suite sensationnelle. Vivement le second tome !

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