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Critique - Porcelâme T.01 - La Voie du Kirin (Célia Flaux) : Cinq Animaux Sacrés pour un seul royaume

Par Lildrille - Chloé
3 min 8 février 2022
Critique - Porcelâme T.01 - La Voie du Kirin (Célia Flaux) : Cinq Animaux Sacrés pour un seul royaume
On a aimé
- Un univers savamment construit et riche : la porcelâme fascine !
- Un duo héroïque très attachant : un rônin et une kirin à la force communicatrice.
- Une intrigue plaisante, avec des rebondissements et des révélations multiples.
- Un Japon très présent et vivace, enveloppé de magie.
- Un bien-être et un calme se dégagent de cette lecture apaisante, qui se termine très bien.
On n'a pas aimé
- Des longueurs dans la première partie.
- Des personnages manichéens et clichés, mais auxquels on finit par s’habituer.
- Une fin trop cloisonnée, qui ne donne pas envie de poursuivre : nos héros sont heureux, pourquoi les priver de cela ?
- Une intrigue politique très (trop ?) classique.

Quand le Japon et la fantaisie s'entremêlent, le mélange détonnant en ressort grandi et envoûtant ! Une lecture qui se veut aussi réconfortante que remplie d'actions. La magie existe en toutes choses, nos âmes la ressentent et nous la transmettent via de petites statuettes. Des supports aussi vivants que vous et moi. Observez bien la vôtre et dites-moi à quoi ressemble votre porcelâme !

Le résumé

Le Dragon, le Tigre, le Kirin, la Tortue, le Phénix.
Cinq clans composant un empire.
Une matière magique qui exprime l'état d'âme des êtres et des clans : la porcelâme.
Un seigneur ambitieux prêt à se révolter contre l'empereur.
Trois adolescents pris dans un conflit qui les dépasse.
Sur la voie du Kirin, Tomoe, Gintaro et Kiyoshi vont devoir puiser au plus profond de leurs âmes pour tracer leur propre chemin au milieu des forces qui les menacent.

Notre avis

Un premier tome d’une saga qui nous embarque dans une belle histoire, à la fois touchante et prenante. La fin ferme tous les arcs ouverts ; sans mystères irrésolus, elle ne donne ainsi pas vraiment envie de poursuivre sur le futur second tome, de peur de priver nos héros du bonheur qu’ils méritent et qu’ils éprouvent enfin dans les dernières pages. Une aventure qui reste malgré tout enchanteresse, dans un univers qui mérite d’être arpenté. La voie du Kirin fait du bien et aide à l’évasion !

 

Plusieurs clans, plusieurs facettes

Ce premier tome nous amène à découvrir un univers magique, qui s’inspire des mythes et légendes japonais. Dès les premières pages, l’auteure nous décrit les caractéristiques du royaume dans lequel nous allons évoluer, là où cinq clans vivent plus ou moins en harmonie, accompagnés d’animaux mystiques qui les symbolisent : le clan tortue (lié aux marchands), le clan guerrier tigre (lié aux samouraïs), le clan dragon (lié à l’empereur et sa famille), le clan phénix et le clan kirin (lié à ceux qui trouvent la paix intérieure et qui protègent les porcelâmes).

Chaque clan possède son caractère, son histoire, et ses traditions ; les membres du tigre apparaissent rapidement comme des caricatures d’eux-mêmes, toujours sur la défensive et violents, des soldats en puissance, à l’honneur envahissant. Ceux du dragon, fortement portés sur la politique, ou ceux de la tortue, toujours à négocier et à songer au profit, constituent également des portraits peu subtils. Au contraire, ceux du kirin fascinent d’emblée par la sagesse, le calme et la gentillesse qui les animent, au même titre que les rônins, les sans-clans, aux caractères plus profonds et complexes. Heureusement, nos deux héros principaux appartiennent à ces deux factions-là, pour notre plus grand plaisir ! Forts, généreux, bienveillants et charismatiques, ils resplendissent dans nos cœurs et devant nos yeux.

Les confrontations entre les différents clans restent en tout cas juteuses, pleines de promesses, malgré les états d'esprit obtus et stéréotypés de plusieurs des personnages. Ce manichéisme débordant finit par ne plus déranger après plusieurs chapitres, une fois que l’on est bien rentrés dans l’univers, et que l’on s’est imprégné de ses particularités qui le rendent unique.

 

La porcelâme

Cette nouvelle saga de fantaisie japonaise innove grâce à la porcelâme, ces petites statuettes qui nous suivent de la naissance à la mort, même au-delà, et qui s’imprègnent de l’état de nos âmes. Le lecteur se familiarise petit à petit à ce phénomène incroyable, qui constitue l’un des points centraux du récit. Les rituels qui les entourent, tout comme les traditions et les cérémonies, développent un contexte qui n’a pas fini de nous surprendre.

Un cadre bien construit et original, qui nous amène à côtoyer les cieux.

 

La montagne sacrée

Protégées par la montagne sacrée, les statuettes sont conservées avec amour, à l’abri des voleurs qui pourraient demander des rançons astronomiques ou pire, les abîmer. Des chemins qui jouent avec le vide, des sentiers escarpés, des montées abruptes et dangereuses, des voies impraticables sans guide mènent à cet endroit vénérable. L’héroïne, une guide adroite, connait par cœur tous les détours et les passages qui parsèment ces monts : les descriptions des douleurs, frayeurs, vertiges et autres sensations qui traversent les personnages pendant leur ascension nous touchent. On vibre avec eux quand une corde se casse, ou quand un pont perché tombe en miettes, ou bien quand ils frôlent la mort ou qu’ils se brisent un membre. Le suspense reste palpable !

Petit bémol : certains de ces passages semblent se répéter, malgré des détails qui diffèrent, et apportent quelques longueurs entre deux scènes plus dynamiques. Le lecteur a l’impression de grimper toujours plus haut, sans que le parcours ait de fin.

 

L’intrigue en deux parties

Bien que l’on sente venir les révélations les plus grosses avant qu’elles ne soient explicitées, cela ne gâche rien au plaisir de la lecture. Au contraire, on se plaît à suivre les personnages et à les découvrir plus avant : pages après pages, ils se dévoilent, sur fond d’un univers qui ne cesse de s’étendre et de se complexifier.

Alors que la première partie met en avant le conflit politique du royaume (très classique pour de la fantaisie mais satisfaisant malgré tout), ainsi que la montée vertigineuse vers les antres des porcelâmes, la seconde partie diffère du tout au tout. Une fois l’ascension de la montagne sacrée terminée, le roman prend une tournure plus martiale et rythmée ; les combats s’enchaînent, comme les rebondissements, les dialogues sentimentaux ou les affrontements émouvants. Le lecteur tourne les pages avec avidité, et s’attache irrémédiablement au duo héroïque qui se forme et qui perce l’écran.

Une intrigue sur deux niveaux qui s’appuie sur des bases solides.

 

Du Japon et des messages forts

Les détails apportés sur les traditions et cultures japonaises emplissent le roman, et nous aident à mieux nous immerger dans ce monde magique. Les disciplines martiales, la question de l’honneur, la méditation, la recherche du souffle et de la détente, ainsi que l’apprentissage du sabre constituent autant de paramètres dépaysants que l’on aime retrouver dans ce genre d’univers japonisé. Les créatures mythiques ne sont pas en reste non plus, notamment à travers celle du kirin, un animal bien particulier qui nous accompagne dans cette quête hors du temps.

D’autres messages forts transparaissent dans ces pages, liés à l’identité et à nos origines. Peu importe d’où l’on vient, nous devenons ceux que nous choisissons d’être. Un beau roman. 

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