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Critique - Rozenn T.01 (Laëtitia Danae) : De la fantaisie orientale originale

Par Lildrille - Chloé
5 min 24 juin 2022
Critique - Rozenn T.01 (Laëtitia Danae) : De la fantaisie orientale originale
On a aimé
- Une héroïne tout feu tout flamme
- Un univers et des décors mystérieux et prenants
- Des personnages qui évoluent et qui nous charment
- Une lutte contre le système bien menée
On n'a pas aimé
- Un début un peu lourd

La fantaisie peut se décliner à toutes les sauces, et c'est pour ça qu'on l'aime ! Avec la duologie Rozenn, plongez dans un univers oriental où tapis volants, djinns, jeux de cour et magie ancestrale s'entremêlent.

Le résumé

Rozenn Kaplang est une princesse djinn, une magie ancestrale coule dans ses veines. Pour cette raison et durant de longues années, ses ancêtres ont souffert de la domination des dagnirs.
Depuis, la paix a été rétablie ; une paix au goût amer et incertain.
Afin de tirer un trait définitif sur ce douloureux passé, une union entre princesses et princes héritiers est envisagée. Mais peut-on se fier à un peuple qui a maintenu le vôtre en esclavage pendant des siècles ? Rozenn devra choisir entre la résignation, la fuite, ou la rébellion…

Notre avis

Un univers prenant

Ce qui attire le plus dans la série Rozenn se résume en son univers de fantaisie orientale. Tous les éléments se présentent à nous pour nous offrir du rêve et des merveilles : des tapis volants, des tenues de voiles et de bijoux magnifiques, de beaux tatouages au henné, des légendes magiques dignes des mille et une nuits, la présence des djinns, ces êtres surnaturels aux pouvoirs magiques incroyables, et cette atmosphère sableuse, au goût sucré des pâtisseries de là-bas. L’auteure dépeint un univers attirant, et rarement mis en scène de cette manière.

En effet, dans cette histoire, les djinns s’avèrent souvent considérés comme des êtres insignifiants, repoussants, terribles, obligés de fournir une part de leur sang afin d’affirmer leurs droits de vivre sur leurs terres. Des castes d’intouchables évitent heureusement cette soumission dégradante, mais aucun djinn n’a le droit d’utiliser son pouvoir, pourtant naturel et accordé à la naissance. Une entrave, dessinée sur leur peau, les empêche de faire appel à leur magie, et plus personne ne sait aujourd’hui comment détruire ce tatouage immonde.

Ce parti pris original permet à cet opus de nous intriguer dès les premiers chapitres. Le passé de cet univers constitue un mystère palpable, qui nourrit un suspense de fond captivant. Le lecteur se pose de nombreuses questions et désire ardemment connaître les réponses : les djinns parviendront-ils à se libérer du joug de leurs oppresseurs ? Réapprendront-ils à se libérer de leurs entraves ? Déterreront-ils les secrets du passé de leur civilisation ? Ces interrogations tiennent le lecteur de bout en bout, tandis que l’histoire principale le divertit savamment.

Telle une dystopie

Comme les dystopies qui pullulent désormais dans les rayons, Rozenn prône une héroïne rebelle, qui tentera de faire basculer le système. Dès la première phrase, le caractère de Rozenn nous saute à la figure. Jeune djinn intouchable, l’adolescente sait ce qu’elle veut et ne supporte pas son état de captive aux yeux de l’Histoire. Sa condition la répugne, surtout lorsque son père souhaite la marier à l’un des représentants dagnirs, les ennemis ancestraux des djinns libres.

Rozenn n’a que faire d’une paix satisfaisante, ou d’un calme politique de façade, alors que les siens souffrent en silence. Contrairement à ses deux sœurs, Rozenn n’est pas dupe. Elle voit clair dans les jeux de pouvoir, les manigances et les tournures polies des phrases dénuées d’émotions sincères. Le caractère de l’héroïne donne de la force au récit. Rozenn ne craint rien ni personne, fait montre d’une grande force de caractère et nous transmet cette puissance.

Un jeu de cour

Rozenn n’a pas le choix et doit se rendre à la cour des dagnirs. Elle y fera alors la rencontre des trois princes, des individus finalement pas si détestables, du moins de prime abord. Telle une émission de téléréalité, elle les rencontrera tour à tour, jour après jour, surveillée, et apprendra à les connaître, imitée par ses deux sœurs. Le roman se transforme en jeux de cour, histoires d’amour et récits d’adolescents.

Ce n’est pas déplaisant, loin de là. L’auteure parvient à nous intéresser, notamment grâce à des sous-intrigues mystérieuses, qui amènent du grain à moudre à nos questionnements sur le passé de l’univers. De plus, les sœurs de Rozenn, ainsi que les princes, s’avèrent tous des personnalités singulières, chacune à leur niveau. Crédibles et vivaces, ils prônent tous un trait de caractère distinct, ainsi que des secrets bien juteux. Le lecteur se plaît à suivre ces personnages et à les découvrir davantage à chaque chapitre. Certains énervent, d’autres fatiguent ou émeuvent. Qu’ils nous plaisent ou non, ils nous parlent. Bien construits, profonds et complexes, les adolescents de cette histoire nous charment.

Les traditions dagnirs, très différentes de celles des djinns, se dévoilent également en douceur, permettant à l’univers de continuer de nous surprendre. De créatures ailées à d’autres petites boules poilues brillantes, de mets délicats aux marchés extérieurs bondés, Rozenn met en place un univers riche et prenant, qui nous fait rêver.

Un début capricieux

Le tome un de Rozenn prend du temps à se lancer, même s’il démarre dans l’action. Les premières pages nous plongent dans une fugue peu palpitante, dont l’issue nous est déjà connue à l’avance. Le caractère rebelle de Rozenn alourdit ces scènes, alors qu’il fortifie les suivantes. De cliché adolescente à femme réfléchie, Rozenn évolue avec élégance et sincérité.

Le roman devient réellement intéressant et prenant après ce passage, quand l’intrigue principale démarre et que les jeunes filles rencontrent les princes. De nombreux mystères et rebondissements nous ensorcèlent alors, sur fond d’un univers oriental et magique particulièrement bien pensé.

La fin donne vraiment envie de lire la suite. La dystopie est lancée. Le système en place y survivra-t-il ?

Pari réussi pour ce tome un, qui ne démarrait pas si bien !

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