Critiques

Enigma : L’héritage d’un Stephen King français ?

Par Maeghan
6 min 30 juin 2023
Enigma : L’héritage d’un Stephen King français ?
On a aimé
Les révélations finales
On n'a pas aimé
La lente mise en place de l'intrigue et de l'ambiance

A tous les amateurs de thrillers et de romans noirs, de Stephen King et de mystères, nous vous présentons la dernière parution en date d'Armelle Carbonel aux éditions Fayard : Enigma.

L'histoire

Barbara Blair, journaliste spécialisée dans les lieux anciens et à l'abandon, se plonge dans une nouvelle mission avec sa petite équipe : comprendre ce qu'il s'est passé, soixante-neuf ans plus tôt lorsque tous les enfants d'un orphelinat ont disparu lors d'une nuit d'orage. Sur place, elle déroule son reportage comme à son habitude, les habitants du village se mêlant de plus en plus à son enquête testimoniale. Les mystères et les meurtres qui ont été commis dans cet orphelinat refont rapidement surface, provoquant un remue-ménage dans le passé de nombre d'habitants, mais aussi dans celui de Barbara.

L'angoisse de la réalité

A la lecture d'Enigma, les habitants de la région de Tours devraient se sentir particulièrement concernés par ce thriller car l'orphelinat emprunté par le roman, et les quelques villages mentionnés, se situent à peine à une trentaine de kilomètres de ce chef-lieu. En effet, Armelle Carbonel s'est très fortement inspirée de la réalité pour construire cette intrigue (ainsi que celles de ses autres thrillers), la rendant plus prenante. Une grande majorité des détails rapportés par l'autrice est vraie, que ce soit l'histoire de l'orphelinat, celle du village attenant ou encore les descriptions du Val Sinestra, se rapportant au passé de la protagoniste.

Comme pour tout film d'épouvante, la mention "inspiré de faits réels", bien qu'absente à proprement parler du roman, fait son petit effet. Chaque mystère étant parfaitement expliqué, nous ne sommes pas dans un roman d'épouvante avec divers fantômes mais dans un thriller psychologique et réaliste qui fait se poser des questions tout au long de l'intrigue.

Enigma et les codes du genre

Le début du roman annonce un huis clos à la Shining, bien que ce ne soit pas réellement le cas si on considère que l'ensemble des scènes s'établit dans le village et pas uniquement dans le vieil orphelinat. Cependant, ce n'est pas tant l'orphelinat qui est effrayant mais plutôt le sentiment de non-dits qui se dégagent de chaque personnage. Chacun semble au premier abord parfaitement transparent et pourtant, plusieurs indices montrent que ça ne colle pas. Si ce huis-clos n'est pas aussi angoissant qu'il pourrait l'être, c'est notamment parce qu'il est décrit du point de vue de cinéaste professionnelle de Barbara, qui empêche toute interprétation un peu trop fantastique.

Nous retrouvons le trope classique des personnages torturés dont la psychologie est révélée par de nombreux flashbacks remontant quelques années en arrière jusqu'à l'enfance. Nous retrouvons bien toutes ces inspirations venant des romans de Stephen King mêlant une psychologie poussée des personnages à des événements touchant en apparence au surnaturel.

Cependant, l’intrigue, les mystères et l’ambiance peinent à se mettre en place. L'intention d'insécurité provoquée par l'écriture d'Armelle Carbonel est palpable mais n'a pas réussi à traverser les pages du livre. Les mystères s'accumulant au fil de la lecture provoquent davantage une curiosité qu'une angoisse. Ce n'est d'ailleurs qu'au dernier quart du roman qu'on commence enfin à comprendre ce qu'il s'est réellement passé soixante-neuf ans auparavant, mais aussi suite à ces mystérieuses disparitions d'enfants jusqu'à ce 31 octobre 2019. Si certains mystères pouvaient faire penser jusqu'ici à du fantastique, Armelle Carbonel nous livre moult explications rationnelles qui n'est pas sans ravir les curieux qui voulaient comprendre tous les backstages de l'histoire.

 

Enigma est définitivement le genre de livre qu’on relit une fois qu’on connaît la fin pour repérer tous les indices et toutes les étrangetés qui ne font sens que lorsqu’on a le dénouement en tête. Bien qu'il soit classé parmi les romans noirs et qu'il traite de sujets plutôt sombres, il s'agit en réalité d'un thriller plutôt léger comparé à d'autres qui utilisent beaucoup plus l'angoisse et la psychologie du lecteur.

 

Enigma d'Armelle Carbonel est disponible aux éditions Fayard ici