Critiques

Kaya ; nous deux contre le reste du monde

Par Alex Moon
5 min 5 juin 2024
Kaya ; nous deux contre le reste du monde
On a aimé
- L'ajout d'une bande son à écouter en lisant.
- Le soin particulier apporté à l'ensemble de l'album.
- Dessins et couleurs sublimes.
- Si vous ne ressentez rien en le lisant, vous n'avez pas d'âme !
On n'a pas aimé
- Bien qu'on comprenne pourquoi elles sont passées sous silence, on aurait aimé un peu plus d'explications sur "le monde d'avant" dont beaucoup d'aspects demeurent obscurs.

Kaya est une œuvre qui s’écoute autant qu’elle se lit. Dès la première page, les auteurs nous invitent, grâce à un QR code, à découvrir la playlist qu’ils ont choisie pour accompagner chaque chapitre de l’histoire. Une bande originale composée par Remo Baldi qui, comme les neuf autres artistes ayant participé à la réalisation de Kaya, contribue à en faire une lecture si particulière. Si cet album prend ses inspirations aussi bien du côté de Princesse Mononoke que The Last of Us, soyez sûr que pourtant vous n’avez jamais lu de bandes dessinées comme celle-là.

 

L’histoire

Dans un monde où le ciel laisse tomber des pluies de cendres, Kaya et son frère Rio tentent de survivre malgré l’effondrement de la civilisation, la dangereuse faune mutante qui s’est développée sur Terre et les chasseurs de renégats, qui tentent de ramener les personnes libres comme eux dans le giron d’une société totalitaire et despotique. 

Leur objectif ? Aller vers le sud où, dit-on, se trouve une terre promise, où les cultures poussent en abondance et où la vie est paisible, loin du froid et de la violence. Mais le jour où Rio chasse un louveteau et se fait tuer par sa mère en représailles, Kaya se retrouve seule. Par un étrange aléa de la vie, la louve qui a abattu son frère et elle se retrouvent prises au piège dans un ravin et doivent coopérer pour s’en sortir. C’est le début d’une amitié singulière et d’une lutte commune pour la survie, dans un monde qui déteste autant les animaux mutants que les petites filles libres.

L’avis d’Alex

On sent tout de suite que Kaya a demandé un travail énorme à ses créateurs. Sur son aspect graphique en particulier, où ses personnages sont posés sur des décors peints indépendamment, à la manière de certains jeux vidéo (Open Roads, par exemple) ou des premiers films Disney, qui utilisaient cette technique pour l’animation. Il en ressort un style qui donne toute leur importance aux protagonistes et qui renforce l’aspect brumeux et mort de ce monde recouvert de cendres. La mise en scène, presque cinématographique, vient sublimer l’ensemble.

 

Si l’histoire d’un futur postapocalyptique et dictatorial n’est pas nouvelle, elle est ici suffisamment centrée sur cette quête de la terre promise et sur la relation improbable qu’elle met en scène pour se montrer originale. Elle est aussi plus sombre, plus triste, que beaucoup de bande dessinée sur le sujet. Car si Kaya offre un style qui peut paraître tout public, son scénario n’oublie jamais d’aborder la cruauté, la violence, l’égoïsme ou la perfidie dont sont capables les humains entre eux. C’est d’ailleurs ceux-là qui rendent la relation entre la jeune fille et la louve aussi sincère et émouvante.

Kaya est triste, déchirant même parfois, pourtant il est sublime à sa manière. On tourne sa dernière page le cœur lourd, mais riche d’une certitude : la terre promise, c’est là où se trouvent ceux qui comptent pour nous.

Une histoire belle et sincère à découvrir
aux éditions Glénat

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