- Une immersion totale dans les traditions vikings.
- Un roman qui joue sur tous les plans.
- Des personnages principaux qui évoluent et se confrontent.
Plongez dans l'Histoire des vikings, leurs traditions, leurs supertitions, leur religion, leur politique et leurs combats ! Immersion garantie !
L'histoire
Norvège, IXe siècle. Parce qu'on l'a spolié des terres de son père, Ragnvald s'engage à bord d'un navire pour prendre part aux pillages d'été et prouver sa valeur au combat. Quant à sa sœur, la rebelle Svanhild, rien ne saurait la retenir chez elle, où le destin des femmes se limite à tisser et enfanter.
Le sort s'acharne sur la fratrie : Ragnvald manque de se faire tuer par le capitaine du drakkar, jaloux de cet impétueux guerrier. Il réchappe de peu aux eaux glacées du fjord et, dès lors, réclame justice pour l'honneur de son nom. Mais saura-t-il faire face à sa propre sœur, l'indomptable Svanhild, qui a succombé aux charmes de son pire ennemi ?
Notre avis
Ragnvald et le loup d’or est un roman d’aventures et d’épopées vikings comme on les aime ! En vogue grâce à la série éponyme ou au super-héros Thor, ces nordiques, souvent mal dénotés – nombreux les nomment encore « barbares » ou « sauvages », se dévoilent de plus en plus en littérature. L’auteure Linnea Hartsuyker s’est inspirée d’une véritable saga (un genre littéraire développé dans l'Islande médiévale, aux XIIe et XIIIe siècles) pour nous faire revivre les premiers pas du prétendant au trône de Norvège, Harald.
Trahisons, fausses allégeances, pillages, massacres, mariage,… tout y est !
Un roman historique
L’écriture apparaît soignée et riche. Les descriptions des différents lieux d’action aident à l’évasion, font voyager ou réagir. Nous avons la sensation de lire un véritable documentaire en plus d’un roman épique. Les situations bien explicitées, comme les rôles de chacun dans la famille, dans l’armée et dans les navires, ou les références historiques nombreuses, soutiennent une immersion crédible et vivace. Roman historique et d’aventures, ce livre captive d’autant plus qu’il nous plonge dans le quotidien de personnes ayant véritablement existé.
Les traditions vikings, mises à l’honneur dans ce roman, nous enseignent également une multitude de termes norrois comme ting, une assemblée de justice, wyrd, le destin, daugr, une créature maléfique, ou knarr, un type de bateau marchand.
Un roman mystique
Les croyances mythologiques nordiques apportent leur lot de magie et de mystères dans un univers plutôt austère et froid, où la politique et les guerres territoriales font rage : Ran, la déesse des eaux, repêche les noyés ; Loki, le dieu fourbe, ne cesse de tourmenter les esprits et le Walhalla, la halle d’Odin, donne de l’espoir aux combattants qui rêvent de siéger parmi les plus valeureux guerriers. Un peu superstitieux sur les bords, fervents croyants et pas toujours pratiquants, les peuples vikings nous ressemblent et ont laissé de nombreuses traces de leurs passages.
Un roman politicien
Les héros n’imitent pas du tout les barbares assoiffés de sang et dénués d’esprit que les clichés sur le genre nous ont déjà servis. Au contraire, ils nous offrent des intrigues intéressantes, même si, comme souvent, la plupart tournent autour du pouvoir, de la conquête de territoires et de sombres affaires familiales. Le passage du ting s’avère certainement l’un des plus prenants : la mise en scène grandiose et le suspense à son comble nous prennent aux tripes. Les lois nordiques complexes et recherchées subjuguent tant qu’on se laisse vite prendre au jeu.
Un roman épique et sociétal
Ragnvald, le personnage principal, affiche un caractère borné, têtu et très terre à terre. Sa vengeance compte plus que le reste : il est prêt à tout pour récupérer ses terres, quel qu’en soit le prix. Cette fixation, parfois agaçante, tant et si bien qu’elle lui fait faire des erreurs, lui confère une personnalité grise bienvenue. On finit par s’attacher à cette tête brûlée qui ne cesse d’approcher les hautes sphères pour finir par conseiller les plus grands. Malmené par son beau-père et torturé par d’autres de ses camarades en qui il avait confiance, il trébuche et se relève. Ses blessures du passé se rouvrent et façonnent un Ragnvald aussi instable qu’intéressant.
Un roman d’alliances et de manipulations
Sa sœur n’est pas en reste. Svanhild compose un personnage qui prend de plus en plus de place au fil du récit. Le lecteur aimera sa hargne et ses rêves d’aventures, tout comme sa naïveté et sa force de caractère. On la suit moins longtemps que Ragnvald, mais les chapitres la concernant s’avèrent aussi forts et captivants, parfois même davantage car plus subtils, amoureux et aventuriers que ceux de son frère, où les combats et manœuvres stratégiques s’enchaînent sans nous laisser de répit. Plus on avance dans l’histoire, plus les passages avec Svanhild se transforment également en manèges d’alliances et de manipulations. Un régal ! Ses interactions avec Solvi, un personnage d’importance, curieux et fascinant, nous ensorcellent et dévoilent d’autres facettes des nordiques.
Un roman trop guerrier
Le rythme du roman est ainsi inégal. Certaines batailles se suivent de manière trop rapprochée, seulement entrecoupées de discours militaires ou de préparations à la guerre, sans nous laisser souffler. Les jeux politiques finissent par lasser quelque peu, notamment à partir de la seconde moitié du livre, tant ils restent omniprésents, bien qu’ils reflètent la vérité de l’époque. On a du mal à accrocher à tous les conflits. Choisir pour qui prendre parti - tel ou tel aspirant au trône, telle ou telle famille, apparaît difficile, flou. De plus, ces passages éclipsent une partie du suspense installé en début de livre et mettent de côté les objectifs des personnages principaux.
Un roman étonnant et évolutif
La fin change de ton pour faire suite à la première partie du roman, cassant complètement les intrigues de pouvoir. On suivait un Ragnvald d’abord désemparé qui a fini par prendre confiance et agir pour le bien de tous, du moins selon ses perceptions d’un monde qu’il découvre à peine. Ses confrontations finales avec sa sœur, très prenantes étant donné le chemin parcouru par les deux protagonistes, nous ravissent. Les rêves de l’un ne signifient plus rien pour l’autre, et vice et versa. Les liens étroits se disloquent. Ils ont évolué, chacun de leur côté, au fil des pages et ce, d’une belle façon.
Conclusion
Ragnvald et le loup d’or constitue le premier roman d’une saga épique où pillages, massacres, vengeances et combats s’enchaînent, tout en laissant une place non négligeable aux intrigues familiales et amoureuses, en plus de celles politiques et territoriales. Tout y est, on vous avait dit ! La violence, également présente, appuie le fait que l’époque était dure et cruelle.
On s’y croit vraiment et on apprend. On rêve et on respire à peine. On tremble et on s’émerveille.
L’auteure nous offre un livre riche et endiablé, un peu trop tourné sur les batailles. Mais, finalement, comment lui en vouloir ?