Dans le seuil de la maison des morts de Ian C. Esslemont, votre personnage préféré revient avec son acolyte. Ce roman de Dark Fantasy tient toutes les promesses du premier. La garenne de l’Ombre obsède le mage tandis que Danseur le suit encore et toujours dans cette galère. Steven Eriksson nous a raconté quelques mésaventures de Danseur dans les livres des martyrs. Dans ce récit, l’auteur nous relate son origine, mais aussi celles de l’empire malazéen. C’est jubilatoire.
L’histoire
Wu et Danseur continuent leur quête sur l’île de Malaz : un repaire de pirates contrôlé par Moque. Une certaine maison intéresse particulièrement le mage, tandis que son acolyte surveille toujours ses arrières. Entraînés dans les batailles entre les malazéens et leurs voisins napiens ou les explorations périlleuses de Wu dans les garennes, l’assassin aura fort à faire entre molosses et règlements de compte.
Notre avis
Le premier tome avait déjà visé juste. Le second aurait pu être un piège, mais il n’en est rien. C’est un tour de force de reprendre un univers créé par un auteur et en faire des romans aussi réjouissants. On aurait aimé que J.J. Abraham eût autant de bonheur avec les Stars Wars 7, 8 et 9 (heureusement, il nous reste les séries), que Ian C. Esslemont avec Danseur et Wu.
Le mage nous dévoile des tendances à la Prince (le chanteur, hein) et garde le cap dans sa quête. Ses réactions décalées nous font sourire. Danseur lui, s’il grince encore de dents parfois, semble en avoir tiré son parti. Malgré les querelles, la relation se noue plus serrée, mais toujours l’air de rien. L’auteur s’amuse avec ces deux-là.
Danseur le regarda filer avec incrédulité. — La voilà ton idée ? Prendre tes jambes à ton cou ?En arrivant au sommet des marches, il lui répondit : une tradition des plus immémoriales.
Une ribambelle de personnages croise la route de ce singulier tandem. Ces derniers nous éclairent sur ce monde aux multiples couches et aux jeux complexes de pouvoirs. C’est plutôt sympa d’en savoir un peu plus.
Certaines figures connues depuis les livres des Martyrs reviennent ici aussi. Rien ne paraît nouveau, mais en fait tout l’est. C’est comme déterrer des vieux secrets de famille et enfin comprendre l’étrange oncle à l’autre bout de la table de Noël.
Le duo formé par Danseur et notre mage préféré arrive à ses fins ou presque dans ce tome. La quête de Wu pour le pouvoir aboutit à un affrontement titanesque pour la petite île. Le combat effraie même les plus aguerris comme Nedurian.
Ça fait trop longtemps que je n’ai pas mis les pieds sur un champ de bataille, de magerie, une foutue foire d’empoigne entre garennes, domaines et monstres furieux.
Avec cet accomplissement, tous deux deviennent responsables d’une communauté élargie qui les suit. Nous ne sommes plus seuls, remarque Danseur à la fin. Le tome trois de la saga s’annonce palpitant, même si nous connaissons déjà les destins souvent fatals de beaucoup de personnages ou créatures.
Un univers qui rivalise avec celui de la Compagnie Noire ?
Certes, on pourrait crier au loup après ce titre un peu ambitieux. Mais, ces romans sur l’empire malazéen et par extension ce deuxième tome de l’ascension de Danseur se placent à la hauteur des célèbres chroniques de Dark Fantasy. Cet univers foisonnant avec ses intrigues entremêlées (et peut-être même plus ici) ou ses personnages ciselés déroule sa trame comme un rouleau de papyrus.
Dans ce second livre, on creuse les origines de l’empire : Wu se dévoile plus. Il devient…bien sûr, vous le savez déjà : inutile de le préciser. La machine qui écrase et conquiert tout sur son passage a pour racine une île de pirates pauvres en trésors, mais riches d’un pouvoir inexploité.
C’est par cette lucarne que va s’engouffrer le mage. Même si nous connaissons le dénouement, le voyage de Danseur et Wu reste passionnant à lire. Leur complicité teintée d’escarmouche tisse une trame solide dans l’histoire. Le mot de la fin sera pour l’assassin au sujet de son compère : s’il file sans moi, je le tue.
Vous pouvez choisir de passer votre tour si vous détestez les pirates crasseux, les ensorceleurs singuliers, les systèmes d’enchantements différents, l’ironie mordante ou les univers décalés. Sinon, on ne saurait que trop vous conseiller ce bijou de Dark Fantasy comme on en écrit peu.
Ceux qui ont bon goût iront voir chez Leha si le mage y est.