Critiques

Les Possédées : esprit, es-tu là ?

Par Manon V
4 min 15 juillet 2024
Les Possédées : esprit, es-tu là ?
On a aimé
- Les personnages nuancés et touchants
- L’enquête psychologique à travers le paranormal
- L’atmosphère à la fois effrayante et poétique
On n'a pas aimé

Qui n’a jamais craqué devant un beau livre en librairie ? Les Possédées de Johanna Van Veen est de ceux-là : couverture noire épaisse et fer à dorer rouge vif rappelant le sang et la rose rouge, le livre-objet annonce la couleur !  A croire que l’objectif premier de la collection  Le Rayon Imaginaire des éditions Hachette Heroes est d’impressionner ses lecteurices tant leurs ouvrages sont sublimes. Mais le livre n’est pas seulement beau, il cache aussi une histoire liant gothique et enquête psychologique qui ferait frissonner plus d’une personne.

 

L'histoire

Le paranormal n’a jamais été un fantasme pour Rose qui vit aux côtés de Ruth, son esprit-compagnon décédé il y a des siècles. A la fois un fardeau et un ange gardien, elle accompagne la jeune femme dans son douloureux quotidien. Exploitée par Mama, elle est forcée à être le centre de séances de spiritisme. Mais un jour, elle apprend qu’elle n’est pas la seule à voir les esprits grâce à une nouvelle cliente mystérieuse, Agnes.  A partir de là, sa vie prend un tout autre tournant. Un drame survient, suivi de nombreux entretiens avec un médecin. Rose est-elle vraiment celle qu’elle paraît être ? Et surtout, de quelle tragédie est-elle réellement accusée d’en être la cause ?

 

 

Entre fantasme...

Ce livre néerlandais semble être tout droit sorti de la littérature anglaise gothique du 19e siècle. Entre un manoir hanté et poussiéreux, des esprits omniprésents, un suspense mordant et une sensualité morbide, Les Possédées a de quoi être placé parmi les meilleurs romans du genre. L’atmosphère est sombre et réussit haut à la main à nous plonger auprès de Rose, une protagoniste touchante.

Les nombreuses références au célèbre Le Tour d’écrou écrit par Henry James en 1898 sont très appréciables. Si tant est que vous l’ayez lu, vous ferez aisément le parallèle entre les deux fins. Comme l’écrivain anglais, Johanna Van Veen décide de donner une place importante à l’interprétation des lecteurices. Deux hypothèses leur sont offertes sur un plateau d’argent : celle du paranormal et du fantasme, ou celle de la folie et du rationalisme. Et autant vous dire que le choix n’est pas facile tant l’autrice brouille les pistes !

...et réalité !

Si le roman est autant réussi, c’est aussi grâce à l’enquête psychologique et à la modernité du récit. Johanna Van Veen ne s’arrête pas au genre horrifique, mais en profite également pour aborder les troubles de la santé mentale. Bien que l’utilisation du fantasque pour cela peut faire peur, soyez rassurés, l’autrice ne dessert absolument pas la cause ! En ayant à la fois le point de vue de Rose et celui d’un médecin à travers des entretiens psychologiques, du recul est rapidement amené au récit. La dépendance affective et les conséquences d’une enfance douloureuse et toxique sont aussi largement traitées en filigrane.

Johanna Van Veen s’inspire de la littérature classique, pour autant son récit reste contemporain et figure dans l’ère du temps. En mettant en scène une relation lesbienne convaincante, elle renouvelle le genre avec modernité.

 

En bref, un premier roman prometteur qui plaira aux amateurs du genre gothique, mais pas que ! Une seule question me vient en tête : à quand le prochain ?

 

Les Possédées, à retrouver juste ici ! 

Les Possédées : esprit, es-tu là ?