La science-fiction est un genre littéraire vaste qui a aussi son pendant "utopique". Généralement appelé "hopepunk", ou "SF positive", l'une de ses plus grandes représentantes modernes n'est autre que l'autrice Becky Chambers, dont les œuvres, d'abord édités chez L'Atalante, débarque doucement chez Le Livre de Poche. Le bal s'ouvre avec sa célèbre saga des Voyageurs via son premier volet : L'espace d'un An.
L'histoire
Nous y suivons le périple spatial de Rosemary, jeune femme cherchant à échapper à sa famille riche et corrompue en entrant au service du Voyageur, un vaisseau spécialisé dans l'ouverture de passage dans l'espace. Devenue la nouvelle greffière de l'équipage, elle se retrouve vite embarqué pour une nouvelle mission à risque à l'autre bout de l'univers, qui lui permettra de faire la connaissance d'un groupe pas comme les autres. Capitaine humain pacifiste, pilote reptile, IA en quête d'un corps synthétique... Le voyage sera bien plus qu'initiatique, pour Rosemary.
Notre avis
Ce premier volet s'avère prenant de bout en bout, tant la plume aérienne de Becky Chambers nous emporte à travers cette douce odyssée stellaire. La galerie de personnages proposés, tous aussi attachants les uns que les autres, participe à dresser un large portrait de l'humanité, ainsi que de son avenir. De cette foule de personnages extraterrestres, Chambers en extrait des questionnements humains qui tiraillent nos esprits depuis des siècles.
Mais l'autrice nous confronte aussi à l'altérité, une réflexion déjà bien entamée par Adam Troy Castro avec sa saga Andrea Cort, mais qui trouve ici une approche rafraîchissante autour des relations inter-espèces. Il y est donc autant question de notre rapport à ce qui sort des canons esthétiques humains que des chocs culturels face à d'autres espèces. La question de l'IA revient aussi en filigranes avec le personnage de Lovelace, l'IA du vaisseau, et sera sûrement davantage traité dans le tome 2, Libration.
Enfin, il y a une atmosphère apaisante durant la lecture, qui perdure bien après avoir reposé le roman. Les 600 pages passent bien trop vite, et cette sensation chaleureuse post-lecture, nous nous mettons à la chérir, tant on espère qu'elle restera le plus longtemps possible.
L'espace d'Un An est un roman qui purge notre esprit de ce que l'Humain fait de pire parfois, tout en nous rappelant de, malgré tout, croire en lui. Car l'espoir en l'humain vit en chaque mots écrits par Becky Chambers, et donne à espérer à un futur radieux.
L'utopie, genre trop longuement remisé au placard pour sa prétendue mièvrerie, trouve ici un nouveau souffle en s'affublant des traits de la SF afin de nous rappeler le bonheur d'exister et le mystère de ce qui nous attend dans les étoiles.