- le style SF des années 1970.
- l'évolution des personnages.
Aujourd’hui je vais vous parler d’un auteur américain Walter Tevis, si ce nom ne vous parle pas spontanément, vous connaissez sûrement l’une de ses œuvres, Le jeu de la dame (The Queen's Gambit), dont l’adaptation est sortie sur Netflix en 2020. Ce n’est pas de cette œuvre dont on va parler aujourd’hui mais de L’oiseau Moqueur (L’oiseau d'Amérique), un de ses romans de science-fiction. Paru en 1980 sous le nom de Mockingbird, ce roman est devenu un des classiques de la SF à ranger à côté des romans d'Asimov ou de Barjavel. Le roman a été publié en France dès 1981 puis republié de nombreuses fois, notamment chez Gallmeister, dans la collection « Totem ». L’oiseau Moqueur est une exploration poignante de la condition humaine et de la recherche de sens dans un monde déshumanisé et contrôlé par les robots.
Le résumé
Dans la société mécanisée du XXVe siècle, l'humanité s'éteint doucement sous les tranquillisants administrés par des robots programmés à cet effet, dont Robert Spofforth, un androïde ultraperfectionné, doté de grands pouvoirs et sensible à la souffrance. Jusqu'à ce que Paul Bentley, fonctionnaire médiocre, trouve une vieille bibliothèque qu'il entreprend d'explorer. Il découvre ainsi la lecture, depuis longtemps bannie, dont il partagera les joies avec Mary Lou, une jolie rebelle qui refuse le monde mécanisé qui l’entoure.
Notre Avis
Satire d’un futur ou la société est complètement déshumanisée…
Dans L'oiseau Moqueur, l'auteur nous plonge dans un futur dystopique où l'humanité a perdu son âme, où les émotions profondes et la créativité ont été éradiquées au profit de l'automatisation. Les robots nous ont remplacé dans quasiment toutes les tâches du quotidien, ils gèrent la société: du respect des lois à la gestion administrative des pays et bien entendu le contrôle des naissances. De leur côté, les femmes et les hommes se sont résolus à ne plus rien faire si ce n’est faire l'amour, fumer de l’herbe ou prendre des sopors, des tranquillisants fournis en masse par le gouvernement. Les humains ne pensent et ne réfléchissent quasiment plus.
Dans un monde où même la possibilité de procréer est anéantie, l'avenir semble sombre et sans espoir. Ainsi, à travers cette société déshumanisée, l’auteur soulève des questions fondamentales sur la nature de l'humanité et de son lien avec les émotions et la créativité. Mais tout cela n’est pas sans espoir, et c’est dans la lecture, bannie depuis des années, que la conscience des hommes pourrait renaître.
…vers une quête de résilience et d’espoir.
Malheureusement, les robots tombent en panne et personne n'est là pour les réparer: les hommes ont perdu le savoir nécessaire à leur entretien et les robots qui les réparent sont tombés en panne depuis bien longtemps. L’humanité se meurt, et pourtant, au cœur de cette obscurité, une lueur d’espoir émerge comme une ode à la résilience. C’est alors que trois personnages isolés, que tout oppose, se rencontrent : Paul Bentley, professeur et personnage très candide ignorant tout de la vie et qui tombe par hasard sur de vieux livres - Mary Lou, une courageuse rebelle qui resiste par tous les moyens au système - et enfin Robert Spofforth, un robot de classe 9, le plus intelligent robot qui a accès à la connaissance, qui pourrait sauver l’humanité, mais qui rêve désespérément de se suicider.
Les protagonistes, malgré leur isolement et leur solitude, refusent de se laisser submerger par le désespoir. Leur lutte pour survivre dans un environnement hostile met en lumière la capacité de l'humanité à persévérer face à l'adversité. Leur isolement, illustré de manière poignante tout au long du récit, renforce le sentiment de désespoir qui imprègne ce monde désolé. Cependant, c'est précisément dans cette solitude que naît une quête de connexion et de compréhension mutuelle. Les moments de beauté et d'espoir disséminés à travers le récit agissent une lueur d’espoir pour toute l’humanité.
L’oiseau Moqueur, c'est un miroir réfléchissant de notre propre humanité, une invitation à réfléchir sur ce qui nous rend vraiment humains et sur la force intérieure qui nous permet de transcender les plus sombres des temps. Un roman qui n’est pas s’en rappeler 1984 de Georges Orwell ou Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Dans un monde où la désolation règne en maître, la quête de résilience et d'espoir se révèle être notre plus grande arme contre l'anéantissement de l'âme humaine. Walter Tevis s’est illustré tant dans les romans noirs que les romans de SF. Malheureusement, le roman sort en 1980 et son auteur meurt en 1984 laissant de nombreux fans orphelins.