Critiques

Menel Ara Tome 1 : Une dystopie politique de haut vol

Par Maeghan
5 min 7 septembre 2023
Menel Ara Tome 1 : Une dystopie politique de haut vol
On a aimé
- Le grand nombre de personnages, tous développés à leur juste valeur
- La complexité politique et une intrigue à son image
On n'a pas aimé
- La fin du roman qui n’en est pas une, pour préparer le tome 2

Vincent Dionisio nous propose, avec Menel Ara aux éditions Inceptio, une dystopie marquante par son intelligence et la complexité de toutes ses intrigues politiques et sociales.

L'histoire

En 2078, Menel Ara est une ville moderne construite depuis peu et fondée sur des principes de richesses. En effet, quelques milliers d’habitants aisés peuvent se permettre de vivre dans la Haute-Ville, tandis que des centaines de milliers d’autres, bien plus dans le besoin, sont destinés à rester dans la Basse-Ville où des attentats ont lieu régulièrement. En effet, à la recherche de liberté, plusieurs groupes se sont construits, dont les Martyrs et les Putras. Dans ce monde régi par les complots politiques et les meurtres, Gaël Dubuisson vit en compagnie d’une partie de sa famille et de ses amis. Cependant, plusieurs évènements vont propulser cet homme sur le devant de la scène et le pousser à vouloir davantage de liberté.

Autant d’intrigues que d’avis politiques

J’ai été agréablement surprise par la complexité de l'intrigue dès le début. En pensant  suivre principalement les péripéties de Gaël Dubuisson, nous recoupons les actions d'une multitude de personnages, tous ayant un lien, direct ou indirect, avec les enjeux politiques de Menel Ara. À travers de nombreuses intrigues de diverses envergures, chaque protagoniste est mis en avant. Contrairement à bien des dystopies qui présentent deux ou trois factions (les défenseurs de la justice, les conservateurs du pouvoir, et potentiellement les indécis qui forment un troisième groupe neutre), Menel Ara dépasse ces limites. Une multitude de factions se dessine, chaque individu représentant un groupe distinct par le biais de motivations et d'objectifs propres, divergents de ceux des autres, et forme une intrigue pour chacune d’elle.

Les trames de chaque intrigue sont minutieusement élaborées et la satisfaction a perduré du début jusqu'à la fin, tandis que chaque action apparemment insignifiante a des répercussions majeures par la suite. L'agencement global du récit dénote d'une intelligence manifeste : le début reste simple afin que nous puissions saisir l'importance des premiers personnages, avant l'introduction progressive des nouveaux visages une fois que nous nous sommes acclimatés aux anciens. Cette stratégie, favorisant l'accumulation des intrigues, s'opère sans perdre le lecteur en chemin.

Autant d’avis politiques que de personnages

Attention néanmoins à la complexité des liens entre les personnages, une facette essentielle de cette narration. Préparez-vous à vous accrocher, car certains personnages adoptent plusieurs identités, une approche qui, loin d'être fastidieuse, intensifie l'ingéniosité et la complexité des intrigues. Comme je l'ai mentionné précédemment, l’éventail de personnages emmêle les lignes entre protagonistes et antagonistes. Il émerge néanmoins quatre factions majeures, entre autres nombreux indépendants : les résidents influents de la Haute-Ville, membres des Sept Familles dirigeantes ; les habitants de la Basse-Ville, vivant par leurs propres moyens ; les partisans des Martyrs, fidèles à une idéologie ; et les Putras.

Le groupe de personnages qui m'a particulièrement captivé est celui des Sept Familles, leur complexité résultant du fait qu'ils portent de lourds fardeaux tout en étant incapables de changer individuellement le cours des choses. La Haute-Ville, qui abrite ces Sept Familles, inclut également les "pièces rapportées" (nouveaux membres souvent intégrés par mariage) et leurs serviteurs. Parmi ces personnages, deux figures ressortent : Victor, le frère de Gaël, le protagoniste initial, et Komniev, le leader des Familles. Un duel silencieux se joue entre eux tout au long du récit, apportant une dynamique fascinante, soigneusement élaborée.

 

Menel Ara se révèle donc être une très belle découverte pour les lecteurs qui souhaitent faire chauffer leurs neurones sur une lecture entre les lignes d’une dystopie politique.

 

Le premier tome de Menel Ara de Vincent Dionisio est disponible aux éditions Inceptio ici