- Des problématique traitées avec humour
- La SF ne sert pas juste un propos, l'univers de Lointemps est crédible
Joanna Russ est connue pour être l’une des plus grandes autrices et critiques de fictions littéraires américaines. Née en 1937 et décédée le 29 avril 2011, elle écrit en 1975 The Female Man, d’abord traduit sous le titre controversé de L’Autre Moitié de l’homme par les éditions Robert Laffont. Ce roman fondateur de la science-fiction féministe, est réédité aujourd’hui par les éditions Mnémos sous le nom bienvenu de L’Humanité-Femme.
Les quatre J.
Elles sont quatre : Joanna, Jael, Janet et Jeannine. Elles vivent des vies bien différentes, au sein d’univers parallèles que tout oppose. Pour Joanna, c’est une existence à se battre contre les carcans dans lesquels la société newyorkaise des années 1970 tente de l’enfermer en tant que femme. Jeannine essaie de trouver sa place, elle qui ne se reconnaît ni dans le mariage ni dans la maternité ni dans aucune des choses qui semblent passionner les autres femmes dans la réalité alternative où elle se trouve. Janet vient de Lointemps. Un monde où les hommes ont disparu il y a plusieurs siècles et où les femmes ont développé technologie et savoir, afin de perdurer sans mâle. Enfin, Jael est issue d’une société où les hommes et les femmes sont en guerre et vivent soigneusement séparés : d’un côté les masculinistes du Virland, de l’autre les combattantes de Gynée.
Tout commence quand Janet, qui n’a jamais vu un homme de sa vie, débarque par hasard dans notre monde en plein Broadway, lors de l’année 1975…
Roman du XXe siècle, sujet contemporain
Si l’écriture de Joanna Russ ne conviendra pas à tout le monde, avec ses scènes qui s'enchaînent parfois sans lien apparent et ses changements de narrateurs pas toujours évidents, on ne peut nier sa pertinence. Écrit il y a plus de cinquante ans, le texte continue de faire écho aux problématiques masculinistes et virilistes de ce siècle. Doit-on en conclure que rien n’a changé ? Non. Mais le chemin vers l’égalité n’est pas encore gagné.
Mais tout le monde sait que l’important chez les femmes, ce n’est pas qu’elles constituent une vaste force de travail bon marché mobilisable en un clin d’œil en temps de guerre et démobilisable après, pour n’être que des Mères, s’occuper de la génération suivante, des bébés, leur donner naissance, les soigner, passer la serpillière pour eux, les aimer, leur faire la cuisine, nettoyer pour eux, changer leurs couches, ramasser derrière eux, et d’une manière générale se sacrifier pour eux. C’est le boulot le plus important au monde. Raison pour laquelle on ne vous donne pas un cent pour l’accomplir.
Drôle, profond, provoquant… Le roman, résolument novateur pour son époque, bouscule les préjugés, fait résonner la colère des femmes sans jamais tomber dans l'apitoiement ou la critique facile.
Une lecture salutaire à toute époque !