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Dossier : La Planète des Singes, l'odyssée d'une saga

Par Corentin
7 août 2017
Dossier : La Planète des Singes, l'odyssée d'une saga

Les singes sont là. Venu boucler la trilogie de César le libérateur, War for the Planet of the Apes réinterprète à son tour le mythe original d'une saga de science-fiction muette depuis plus de quarante ans. Une occasion de se (re)pencher sur ces films de l'époque, et l'origine (réelle) de nos primates en CGI préférés.

Avant que Weta ne fasse de La Planète des Singes le porte-étendard de la motion capture et du reboot réussi, cette saga d'importance dans la grande histoire des franchises de SF avait déjà posé les jalons d'une manière de faire des films hollywoodiens.
 
Roman, puis série de cinq films, la franchise a posé son identité propre en une emprunte durable, quoi qu'un peu vieillotte, qu'on vous propose de (re)découvrir aujourd'hui. Tout (ou presque) sera évoqué point par point, depuis l'idée d'un écrivain français dans un zoo à l'échec d'un cinquième film mis à la corbeille par un studio trop gourmand. On y va ?
 
 
Dossier : La Planète des Singes, l'odyssée d'une saga
1 - Pierre Boulle et Darwin
2 - Planet of the Apes (1968)
3 - Les suites
1. | Pierre Boulle et Darwin

La Planète des Singes trouve son origine en France, dans un roman publié en 1963 par l'écrivain Pierre Boulle. Auteur au parcours atypique, il entame à 38 ans une carrière littéraire de plusieurs décennies, après avoir vécu un autre style de vie.

Ingénieur de métier, Boulle se trouve en Malaisie en 1936 dans une plantation d'hévéas. Lorsque la Guerre éclate, il s'engage en 1941 dans la résistance française, et s'envole vers l'Indochine coloniale pour participer à des opérations de sabotage. 
 
Rapidement arrêté par le régime de Vichy, il est condamné pour crime de trahison aux travaux forcés, et passera deux ans dans un camp de travail à Saïgon dont il s'échappera en 1944. Il retrouvera ensuite les forces britanniques de la SOE à Calcutta et passera avec eux la fin de la Guerre, jusqu'à la capitulation de l'Axe japonais.


Boulle fait partie des résistants décorés par le Général de Gaulle. Il prend ensuite la décision d'écrire, à l'image d'un Clancy ou d'un Flemming, en s'inspirant de ses années d'activité pendant la Guerre. C'est de cette expérience qu'il tire son premier succès littéraire, Le Pont de la Rivière Kwai, en 1952.

Le Pont de la Rivière Kwai est adapté au cinéma par David Lean en 1957. Succès retentissant, l'adaptation voit entre autres Alec Guiness se glisser dans l'uniforme du héros, le Colonel Nicholson, vingt années avant d'enfiler la bure d'Obi-Wan dans le premier Star Wars. Ce rôle lui vaudra un Oscar, parmi les sept récompenses obtenues par le film pendant la cérémonie de 1958, dont meilleur film, meilleur réalisateur, et meilleur scénario pour le boulot de Michael Wilson et le texte original de Pierre Boulle.


En 1963, l'écrivain réalise une seconde prouesse du même ordre. S'émerveillant dans un zoo des expressions faciales d'un gorille, si proches de celle de l'homme, il décide de réfléchir au détour d'un ouvrage sur l'idée pré-conçue que l'être humain a mérité sa place dans la chaîne de l'évolution. A partir d'une uncanny valley homme/singe anodine, le bonhomme pose donc la première pierre d'une franchise qui traversera les générations et les décennies, et s'imprimera comme une référence de choix dans la SF classique.

A peine La Planète des Singes édité, un producteur acquiert les droits du roman et mettra (comme pour Le Pont de la Rivière Kwai) cinq ans à proposer au public une version filmique du bouquin, relativement remanié. Si l'auteur n'est pas séduit par l'interprétation que les studios font de son récit, il tentera à son tour sa chance auprès du studio, pour une suite qui n'obtiendra finalement pas l'accord des producteurs.

Si le public n'aura jamais l'occasion de voir le film de Boulle (got it ?), il ressort du projet un succès considérable, acclamé par la critique et le public. L'auteur s'en retournera ainsi à sa machine à écrire, et continuera de produire jusqu'à sa mort en 1994, après quelques autres passages par le monde du cinéma.

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