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L'Imaginarium #2 : Le Septième Voyage de Sinbad de Nathan Juran

Par Alfro
29 avril 2015
L'Imaginarium #2 : Le Septième Voyage de Sinbad de Nathan Juran

Les films de science-fiction et de fantasy ont un domaine sur lequel ils ne peuvent pas vraiment faire l'impasse : les effets spéciaux. Ceux-ci ont été inventés presque en même temps que le cinéma, sans eux George Méliès n'aurait jamais pu envoyer de fusée dans l'œil de la Lune, et ont permis par leur évolution de développer des histoires de plus en plus impressionnantes. Parmi les films qui jalonnés ces prouesses techniques, on retrouve notamment Le Septième Voyage de Sinbad, sorti en 1958.

"I bid you Genie, now appear !"

Ce qui a motivé Le Septième Voyage de Sinbad n'est pas tant le désir d'un réalisateur ou d'un scénariste (qui aura d'ailleurs un cahier des charges des plus adaptables) mais bien celui du créateur des effets spéciaux, un artiste devenu légendaire depuis : Ray Harryhausen. Celui-ci, couronné du succès d'À des Millions de Kilomètres de la Terre, et surtout disposant d'un confortable compte en banque grâce à ce film, décide de produire un film où il pourra expérimenter à loisir les idées d'effets visuels qu'il a en tête depuis un moment. Il s'associe pour cela à son producteur et ami de longue date Charles H. Sneer et engage le réalisateur Nathan Juran avec lequel il a collaboré sur son film précédent.

Pris de passion pour les univers orientaux et la lecture des Milles et Unes Nuits, le créateur d'effets spéciaux décident de raconter l'histoire de Sinbad, personnage du folklore médiéval perse. Bien sûr, il ne va pas reprendre littéralement les aventures de ce personnage qui ont été racontées dans les contes de l'époque. Ils vont s'en inspirer librement et y injecter de nombreux éléments éparses, venus de L'Odyssée comme de contes bien plus récents. Surtout, chaque scène est pensée autour des créations d'Harryhausen, ce sont les images que ce dernier à en tête qui jalonnent le film et lui imposent son déroulement.

"For another such kiss, I'd invent a whole continent."

Ainsi, Ray Harryhausen va inventer pour ce film une toute nouvelle technique : la Dynamation. Il s'agit d'une animation en stop-motion des maquettes que réalise souvent à la main l'artiste, où chaque plan est filmé par image permettant de créer l'illusion de mouvement. Surtout, elle permet de faire évoluer ces maquettes dans un film en couleur, ce qui à l'époque relève de la prouesse technique. On découvre notamment une scène fameuse où un Cyclope affronte un dragon. Pour les flammes de ce dernier, Harryhausen avait initialement pensé les faire jaillir de la maquettes, devant le coût et le risque de faire cramer tout son atelier, il imagina une nouvelle technique en se filmant avec un lance-flamme pour ensuite intégrer l'image de la flamme à la pellicule. Le fond vert est né. Comme pour l'impressionnante séquence où des squelettes jaillissent de terre qui fera tellement son petit effet qu'il la reprendra à plus grande échelle pour Jason et les Argonautes.

Ces deux films auront un autre point commun : le compositeur de la bande-son. En effet, c'est pour Le Septième Voyage de Sinbad que Ray Harryhausen va pour la première faire appel à un certain Bernard Herrmann qui est réputé indébauchable puisqu'il est le compositeur attitré d'Alfred Hitchcock (on lui doit aussi la musique de Citizen Kane et il continuera après avec quelques monuments du 7ème Art comme Taxi Driver). Pourtant les deux hommes vont sympathiser et faire plusieurs films ensemble. Ce film aura un grand succès critique et public. Il impressionnera tellement le réalisateur Edward Small qu'il produira son propre film de fantasy, Jack le Tueur de Géant, où il essaiera de recréer les effets spéciaux et où il réutilisera les deux acteurs principaux de Sinbad. Il parait que l'on juge de la qualité d'une œuvre au nombre de ses copies.



L'Imaginarium #2 : Le Septième Voyage de Sinbad de Nathan Juran