Pour ce dixième numéro de Rumeur un Autre Jour, nous avons décidé de traiter un bruit de couloir tout récent. Si récent qu'il date de la semaine dernière, et de son fameux premier avril qui rend notre métier si difficile tous les ans. Mais comme chaque année, le jour du poisson contient aussi son lot de rumeurs plutôt sympathiques à analyser.
• Introduction
Tout commence sur le site Flickhart.com, qui publie la nouvelle dans un style parfaitement plausible. On y retrouve en effet toute l'équipe créative impliquée, ainsi que l'ampleur du projet. Mais le site internet va pousser le vice encore plus loin en intégrant un tweet d'un prétendu compte officiel de Back to the Future, qui est en fait un photomontage plutôt réussi. Visuellement, c'est justement cet élément qui fera son petit effet pour tout ceux qui auraient survolé l'article.
• Genèse
Pour que la blague soit totale, il fallait que l'article soit complet. On trouvera ainsi dans les lignes de Flickhart quelques détails croustillants. A l'heure où les films cultes des années 1980 font l'objet de toujours plus de reboots, remakes et autres suites tardives, il fallait rassurer le public. On mentionne donc le nom du réalisateur de la trilogie originale, Robert Zemeckis, qui serait revenu en tant que producteur.
Il fallait aussi un réalisateur assez tendance pour notre époque, mais qui saurait égalmeent s'approprier une œuvre aussi singulière. Ici, le site la joue fine en annonçant James Gunn derrière la caméra. Une idée doublement géniale : d'une part, le réalisateur est plus que jamais populaire après Guardians of the Galaxy, d'autre part, il traîne derrière lui une réputation de geek invétéré.
Cerise sur le gâteau, on nous explique que Christopher Lloyd et Mary Steenburgen, seront de retour, mais que Michael J.Fox hésite encore un peu. Le doute nécessaire pour nous faire avaler la pilule, en somme.
Là où les choses se corsent, c'est lorsque le site introduit les noms de Chris Pine et Ryan Gosling, qui seraient sensés reprendre les personnages de Jules Brown et Verne Brown (du troisième Retour vers le Futur) : l'idée est plutôt saugrenue et le casting un peu improbable. On retrouve donc cette distribution en fin d'article, en guise d'ultime indice pour ceux toujours pris au piège.
• Et finalement, tant mieux ou pas ?
Rien ne saurait nous attrister plus qu'un quatrième épisode pour Retour vers le Futur. Surtout en 2015 où la licence peut-être considérée comme le dernier des Mohicans de son époque, épargnée par tout développement au cinéma ou dans d'autres médias. D'ailleurs, il faut savoir que les créateurs de Retour vers le Futur, Robert Zemeckis et Bob Gale, n'avaient jamais envisagé leur histoire comme la première d'une série. Ils ont même eu tout le mal du monde à trouver de quoi faire deux suites, ce qui explique peut-être leur moindre qualité.
On ne reviendra pas sur le casting un peu trop blagueur pour être analysé, mais en revanche, le choix de James Gunn, lui est assez intriguant. Si du jour au lendemain, on m'annonçait un nouveau Retour vers le Futur, j'aurais bien du mal à m'y faire, mais un réalisateur comme James Gunn serait sans doute à même d'attirer ma curiosité. Le bonhomme a grandi dans les années 1980 et son amour pour la culture populaire pourrait sans doute le conduire à quelque chose d'intéressant. Surtout avec des personnages aussi loufoques que ceux de Marty et Doc, si tant est qu'il puisse les utiliser.
Car c'est là tout le problème : si la licence joue avec le temps, et donc avec des milliers de possibilités, elle accuse, paradoxalement, le coup des années. La nostalgie est le bon côté de la pièce, la cohérence, le mauvais. Il est de plus en plus difficile d'imaginer le futur quand le présent est devenu l'avenir : on ne compte d'ailleurs plus les points sur lesquels les films avaient vu juste. Faire revenir Retour vers le Futur, c'est donc faire disparaître cet alignement très particulier entre le passé, le présent et le futur. Et c'est sans compter le décalage entre la fiction et la réalité, qui se fait toujours plus fin au fil des années. Moralité, la licence Retour vers le Futur s'est érigée en paradoxe temporel ! Un destin ô combien symbolique pour ce film générationnel, qui restera à jamais dans le cœur des fans. Et on espère qu'il en sera ainsi pour quelques années encore.