Au même titre que les êtres faits de chair et de sang, le Faucon Millenium est pour la saga Star Wars un personnage emblématique à part entière. Son apparence, inspirée d'une olive qui aurait glissé sur le côté d'un hamburger, lui permet d'être reconnu entre mille engins, et fait partie intégrante du vocabulaire visuel de la franchise. C'est sans doute pourquoi il est l'un des symboles les plus forts de la postlogie. Mais aussi pourquoi les fans et les amateurs de la saga Star Wars avaient douté de la véracité du premier visuel de Solo : A Star Wars Story suite à sa diffusion précoce en décembre dernier.
Et on ne peut pas tellement leur en vouloir. En quarante ans, nous avons appris à reconnaître la forme du vaisseau premier coup d'œil, et la changer pour les besoins du second spin-off de la saga Star Wars a quelque chose d'assez audacieux. Et justement, si vous vous demandez pourquoi Lucasfilm a opté pour un nouveau look, on vous propose ce petit guide, qui je l'espère, vous aidera à y voir plus clair.
Les cargos YT
Pour la petite anecdote de nerd, le Faucon Millenium n'est jamais que l'un des nombreux cargos modèle YT-1300 produit par la Corporation Technique Corellienne, qui habite le même monde que notre cher Han Solo, Corellia. Première information à retenir donc : le Faucon Millenium n'est pas un modèle unique. Loin de là. Le nom désigne le vaisseau de Han Solo en particulier, mais ce modèle de cargo est très répandu dans le monde de Star Wars. On en croisait d'ailleurs dans les épisodes II et III de la saga, comme l'a rappelé Pablo Hidalgo, l'un des membre du story group de Lucasfilm :
YT-1300s everywhere. (Episode II and III) pic.twitter.com/C07bedgJis
— Pablo Hidalgo (@pablohidalgo) 15 février 2018
Et les autres modèles YT sont tout aussi populaires. On pourrait par exemple mentionner le modèle YT-2400, puisque l'un d'eux a été baptisé l'Outrider par ce bon Dash Rendar, une sorte de déclinaison over the top du personnage d'Han Solo, et qui n'est plus canonique aujourd'hui. Puisque nous parlons de canon d'ailleurs, sachez que tout ce que je raconte sur les cargos YT n'est pas nécessairement officiel. Il s'agit d'un amas d'informations collectées par des années d'œuvres et d'encyclopédie Star Wars. Seulement, puisque le film Solo s'inspire visiblement de l'ancien univers étendu de la saga (on pense à la mention de l'académie dans le teaser par exemple), on peut imaginer que les caractéristiques de ces cargos ne seront pas changées.
Quelles sont-elles, du coup ? Et bien en concevant les cargos YT, le maître-mot de la CTC était l'adaptabilité. Plusieurs compartiments de vaisseaux étaient ainsi produits en masse, et pouvaient s'emboîter les uns aux autres très facilement, pour un engin de transport sur-mesure. Cette adaptabilité, on la perçoit très bien en tapant "YT series" sur Google ou en regardant les modifications apportées par les modélistes du jeu X-Wing. On retrouve certaines parties récurrentes, comme la "coupole" du Faucon ou son cockpit (voir ci-dessus), mais dans des configurations très variées. Moralité : non seulement, le Faucon n'est pas un vaisseau unique, mais en plus, la série d'engins à laquelle il appartient est faite pour être modifiée à loisir.
Le Faucon de Solo
Venons-en au fait donc. Maintenant que nous savons que Han a pu lourdement modifier le vaisseau (en plus de le laisser s'encrasser, ce qu'il laissait déjà entendre dans la trilogie originale) essayons de savoir pourquoi le Faucon de Solo paraît si propre et différent ! Récemment, Entertainment Weekly a confirmé que le look imaginé pour le film était effectivement inspiré par les échanges entre Han et Lando dans la trilogie originale. Ce bon Calrissian était le propriétaire du vaisseau avant le contrebandier, et les équipes de Phil Lord, Chris Miller et Ron Howard ont donc tenté d'imaginer à quoi ressemblerait le célèbre vaisseau entre les mains du fringuant Lando.
Les Kasdans, scénaristes du film, ont même ajouté que selon eux, l'engin se devait de refleter son propriétaire : le personnage incarné par l'élégant Donald Glover ne pouvait donc que piloter un vaisseau soigné, qui pourrait être un prototype ou une sorte de concept-car spatial, qui sait. Ce qui explique assurément les murs brillants du cargo ou la peinture blanche et bleue de son extérieur. Sans même parler du mono-canon sur son dos et une parabole dirigée vers le ciel, qui elles, sont des références évidentes aux recherches de l'artiste Ralph McQuarrie pour le Faucon à l'époque du tout premier Star Wars :
C'est loin d'être un scoop mais Ralph McQuarrie inspire toujours #StarWars. Le Faucon "prototype" de #Solo reprend ainsi (et au détail près) les travaux du dessinateur pour le premier film. On le voit bien sur les flancs. Avec la parabole vers le haut aussi. pic.twitter.com/JnkfX7gpQi
— Teebo Claudel (@Republ33k) 7 février 2018
Malgré ces explications, un point reste néanmoins mysterieux : le nez "plein" du vaisseau, qui jure assez radicalemment avec l'apparence classique du Faucon Millenium, reconnu par ses deux mandibules avant. Du côté de l'univers Star Wars, ces fourches sont sensées pouvoir accueillir un conteneur ou un compartiment quelconque (encore une fois, les YT sont très facilement modifiables) mais ici, on ne distingue pas vraiment d'ajout à la structure du vaisseau. Le tout paraît très aérodynamique et naturel, pour ainsi dire. Seulement, les articles sur les jouets de Solo sortis cette semaine sur les internets et toutes les remarques du réalisateur Ron Howard ou des scénaristes sont trop mystérieux pour ne pas cacher un quelconque twist.
Le Faucon version Lando pourrait-il cacher quelque chose dans son nez ? C'est fort possible. Et on imagine que cela pourrait donner naissance à une scène plutôt forte. Reste à savoir ce que l'engin aurait à cacher dans son nez. Une arme secrète ? Peut-être. Mais les fans de la saga planchent plus sur une capsule de secours (ce que les toys suggèrent déjà fortement) ou un engin dans l'engin, à la manière du Phantom contenu dans le Ghost de Star Wars Rebels. L'idée est assez récurrente du côté du lore Star Wars, et pourrait avoir été tirée d'un jouet Kenner des années 1980. A l'époque, l'univers étendu n'en était qu'à ses balbutiemments et tout le monde pouvait inventer des petites choses pour Star Wars. Le fabricant s'en était donné à cœur joie mais n'avait jamais pu commercialiser le célèbre vaisseau et son F-LER (voir galerie), une petite navette, pour la simple et bonne raison que sa gamme avait été annulée.
Quand on connaît l'amour du Story Group et des nouvelles équipes créatives de la saga Star Wars pour ce genre de petites anedoctes, on peut imaginer que l'idée pourrait refaire son apparition dans un film canonique, pour la beauté de la référence ou d'une scène spectaculaire. Personnellement, j'y crois d'autant plus qu'une vieile photo de Chris Miller, l'un des ex-réalisateurs du film, le voyait en train de lire l'encyclopédie consacrée au Faucon. Or, ce bouquin mentionne les différentes capsules de sauvetages et autres appendices pas forcément canoniques de l'engin :
Researching w @chrizmillr pic.twitter.com/MuJaJfAkZ0
— philip lord (@philiplord) 25 juillet 2016
Avec son look plus propre et aérodynamique sans oublier un nouvel équipage, le Faucon Millenium nous proposera un maximum de nouveautés, voire une petite surprise, le 23 mai prochain dans les salles obscures. Ce n'est peut-être pas la seule ou une bonne raison d'attendre désespéremment le film de Ron Howard et second spin-off de la saga Star Wars, mais la narration par l'objet étant l'une des grandes forces de la franchise, on se réjouit de la voir poursuivie avec autant d'entrain par Lucasfilm. Sur ce, je vous laisse, mon vaisseau est géré en double-file dans le hangar 94 de Mos Eisley.