Pour certains, Star Wars, c'est un personnage, un objet, ou même un vaisseau spatial. Mais pour d'autres, c'est une créature ou un animal donné. Pourtant, les bestioles de la saga ont toujours eu la vie dure auprès des fans. Et ce ne sont pas les Porgs des Derniers Jedi qui nous prouveront le contraire.
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A bien y regarder, l'histoire de Star Wars, comme toutes celles des Space-Opera, est étroitement liée aux créatures qu'elles inventent, et pas seulement aux technologies donnant vie à ces univers. Dès 1977, on retrouvait ainsi plus d'une bestiole emblématique dans le premier Star Wars. Les Banthas poilus utilisés comme bêtes de somme par les pillards Tusken, par exemple, ou encore le ver affreux qui se cache dans les broyeurs de l'Étoile Noire.
Mais il est vrai que ces créatures n'avaient pas pour fonction de divertir d'elles-mêmes. Elles étaient plus volontiers utilisées comme des vecteurs à l'intrigue ou des témoins de la richesse de son univers. Le fameux ver fiche ainsi une trouille bleue aux spectateurs, tandis que les Banthas ou même les Dewbacks utilisés par les Stormtroopers nous montrent que George Lucas a inventé une histoire, certes, mais aussi toute une faune.
L'Empire Contre-Attaque confirmera ce constat trois ans plus tard avec le Wampa, les Tauntauns et dans une moindre mesure, un autre ver, celui de l'astéroïde, et ses Mynocks, sorte de parasites volants. Des créatures effrayantes ou bien pratiques pour enrichir l'univers Star Wars, la planète Hoth arrivant ainsi avec sa propre faune, par exemple. A l'époque, d'ailleurs, personne n'a critiqué l'apparition de ces différentes créatures.
Il faut dire qu'elles sont encore une fois des créatures-fonction. Elles transportent, fichent la frousse et peuvent même réchauffer nos personnages si on décide de leur ouvrir le ventre - scène traumatisante s'il en est. C'est donc avec Le Retour du Jedi, sorti en 1983, que le vent commence à tourner. Lui aussi très riche en créatures grâce au palais de Jabba, le film de Richard Marquand va surtout faire parler de lui à cause de ses Ewoks. Même si je doute qu'ils aient fait grand bruit à l'époque.
Quoique. Star Wars était devenu une franchise globale et j'imagine que plus d'un spectateur a pu voir dans ces adorables boules de poils une opération marketing à peine déguisée. Mais au juste, qu'est-ce qui dérange ? Le succès de la saga ? Le développement de sa faune ? Sans doute pas. Les griefs, d'après ma propre expérience, sont plutôt tournés vers le rôle confié aux Ewoks.
On passe d'une fonction à un rôle donc, et le public s'enflamme. Il faut dire que les Ewoks font preuve d'une ingéniosité sans égale pour fracasser du Stormtrooper, à tel point que l'Empereur se retournerait sans doute dans sa tombe en apprenant l'assassinat de centaines de ses "meilleures troupes" de la main de ces petits ours. Mais au juste, est-ce qu'on ne sous-estimerait pas un peu les Ewoks ? Leur douce apparence et leur ressemblance avec des animaux réels - en l'occurrence : des ours - ne doit pas nous faire oublier que ces bestioles n'appartiennent peut-être pas à la catégorie qui nous intéresse aujourd'hui. Il ne sont pas les Tauntauns du Retour du Jedi. Ou les Banthas de cet épisode. Mais plutôt une espèce ingénieuse à une étape encore précoce de leur développement.
Maintenant, on peut comprendre la confusion. Parce que Star Wars était devenue une franchise massive entre temps. Et parce que la confusion a été entretenue par la suite par George Lucas et sa prélogie, pleine de bestioles en tout genre. Jar Jar Binks, un personnage enfantin, a ainsi brouillé les pistes ente la faune de Star Wars et ses personnages destinés à des effets comiques, ou un public plus jeune. Mais n'oublions pas les superbes créatures de la prélogie pour autant : celles des arènes de l'Attaque des Clones, les raies de Kamino ou encore Boga, le reptile géant d'Obi-Wan dans La Revanche des Sith. Autant de bestioles qui ont participé à la création d'une faune encore plus grande pour Star Wars.
Là où, et il faut bien le dire, la postlogie s'est jusqu'ici montré fainéante. Faites-le test que j'ai fait avant d'écrire cet article : il ne faut que quelques secondes pour penser à une bestiole de la trilogie, à peine plus pour la prélogie, mais vous risquez comme moi de sécher sur Le Réveil de la Force. Parce que J.J.Abrams et Lawrence Kadan ne s'étaient pas montrés très inspirés de ce côté là. On pourrait citer les Rathtars, mais leur design générique a vite été décrié, à juste titre d'ailleurs, comme leur apparence entièrement réalisée en images de synthèse.
Aussi se rejouit-on d'avance devant les images des Derniers Jedi, film qui semble blindé de nouvelles créatures. Les Porgs ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Ils sont certes mignons et font de superbes toys, mais je pense qu'ils feront moins parler d'eux que les Ewoks, qui étaient entre l'espèce animale et l'espèce avancée, finalement, contrairement aux oiseaux d'Ahch-To. On pourrait aussi citer les Vulptex de Crait ou encore les Fathiers de Canto Bight. Rian Johnson a visiblement chargé son histoire de nouvelles bestioles, et travaillé de près avec son département dédié aux créatures pour nous offrir un résultat qui s'annonce assez incroyable.
Le 13 décembre prochain, on découvrira ainsi un joyeux mélange d'animatroniques et d'effets visuels conçus dans un même but : redonner à Star Wars une bio-diversité que la franchise semblait avoir perdue après Le Réveil de la Force et Rogue One, assez avares en créatures. Déjà un bon point pour le huitième Star Wars, en somme !