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Tim Burton : trois films coup de cœur de Syfantasy !
Par Aetherys
10 min
11 mars 2023
Aujourd'hui, la rédaction de Syfantasy pose son regard sur l'un des cinéastes les plus marquants des années 90-2000 : Tim Burton, le génie fou de Hollywood. Réalisateur ayant marqué les esprits avec un univers devenu depuis une sorte de "marque de fabrique", sa patte burtonienne mêle ambiances halloweenesques, personnages aux destins tragiques, humour absurde et poésie gothique, dans un melting-pot devenu iconique. De Sleepy Hollow à Big Fish, retour sur la carrière prolifique d'un des grands noms du cinéma et sur trois coups de coeur de la rédac !
Les années Disney
Né en 1958 à Burbank, en Californie, Burton est un enfant à l'imagination fertile, marqué par les films de monstres, par Edgar Allan Poe, et dont le coup de crayon, pourtant hors des clous, lui vaudra une carrière prolifique chez Disney dès 1979.
Si il met d'abord un certain temps à se faire remarquer au sein de l'entreprise aux grandes oreilles, enchaînant des projets qui ne seront finalement pas retenus, il obtient en 1982 un financement pour son premier métrage, Vincent, un court métrage en noir et blanc en stop-motion, mettant en scène un jeune garçon à l'imagination débordante, désireux de devenir comme son idole, Vincent Price. Mais la consécration traîne, et même si Disney sent bien un potentiel en Burton, il trouve son trait trop brouillon, trop étrange, mais le gardent malgré tout et tente (vainement) de le convertir au modèle.
Court-métrage que voici :
En 1984, il met en scène un court métrage un peu plus long, avec de véritables acteurs : Frenkenweenie. Il s'inspire surtout de son enfance à Burbank en racontant l'histoire d'un jeune garçon ayant décidé de faire revenir d'entre les morts son chien bien aimé... Cependant, Disney reviendra sur sa décision d'ajouter Frankenweenie en avant-programme de la réédition de Pinocchio.
C'est la goutte de trop pour le jeune Burton, féru de faire découvrir son monde si unique, mais bien trop loin de la vision Disney. Il décide de quitter les studios la même année, et prend sûrement la meilleure décision de sa vie, puisqu'après une incursion dans la comédie loufoque avec Pee-Wee : Big Adventure en 1985, il reçoit une proposition qui lui permettra d'enfin réaliser son premier métrage phare (et accessoirement coup de coeur de la rédaction) : Beetlejuice.
1
- Beetlejuice : le Burton le plus barré !
2
- Edward Aux Mains D'argent : le Burton le plus poétique !
3
- Ed Wood : le Burton le plus personnel !
1.
| Beetlejuice : le Burton le plus barré !
Ainsi, en 1987, le réalisateur signe déjà avec son deuxième film ce qui sera la synthèse parfaite du style "Burtonien", tout en montrant qu'avec un peu de folie et de passion, on peut créer de sublimes choses.
Le nom de cette gemme d'un temps lointain, c'est Beetlejuice, un film qui nous parle d'un jeune couple mariés, les Maitland, dont la mort soudaine les oblige à errer tels des fantômes dans leur ancienne maison, et dont l'arrivée impromptue d'une nouvelle famille horripilante va les amener à tout pour les faire décamper.
Comédie noire loufoque où s'y entrecroisent une jeune Winona Ryder magnétique et un Mickeal Keaton carburant au Desktop, Beetlejuice est une création déjantée remplie d'humour et d'idées visuelles intrigantes, comme par exemple dans la représentation de la dimension fantôme où débarquent les Maitland , sorte de lieu ensablé où y vit un immense serpent !
Avec tout ses maquillages et effets spéciaux faits mains, il n'est pas étonnant qu'une création aussi passionnée ait apporté la consécration à son créateur, tant l'envie de proposer une comédie gothique hors des clous transpire de chaque plans. Les musiques de Danny Elfman sont ici parfaitement en phase avec l'aspect parfois cartoonesque des situations (on ne peut que penser à l'univers de Sam Raimi dans ses débuts), et aucun faux pas ne vient entacher un rythme parfait de 1h30, dont on se délecte de chaque instant !
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2.
| Edward Aux Mains D'argent : le Burton le plus poétique !
Basé sur quelques dessins fait par Burton, le film Edward Aux Mains d'Argent , sorti en 1990, s'inscrit comme l'une des plus grandes réussites du maître, que ce soit d'un point de vue narratif comme esthétique.
Ce conte s'illustre en mêlant le traditionalisme du gothique et la modernité des classes américaines des 50's, et ce, dès les premières minutes du métrage : une femme, vendeuse de produits de beauté dans une suburb aseptisée aux couleurs chatoyantes unies, finit par tenter sa chance dans un château gothique délabré jouxtant les propriétés.
La traversée d'un univers à l'autre nous permet de comprendre en quoi les frontières entre réalité et rêve sont ici poreuse. C'est d'ailleurs dans les décombres de ce château que l'on y trouve un étrange jeune homme à la démarche raide : Edward, et ses mains-ciseaux. Homme à moitié mécanique, interprété par un Johnny Depp fraîchement sorti de Cry Baby et qui ici, se cantonne à un jeu plus réservé et plus candide, mais ô combien poignant. Si ce film signe le premier rôle qu'effectue Depp dans un film de Burton, on peut voir dans ce jeune homme candide les prémices d'une relation professionnelle extrêmement prolifique, qui donnera lieu à une foule de personnages iconiques de l'univers Burtonien, auquel Edward appartient.
Burton cherche donc avec ce film à délivrer un message plus personnel, lorgnant davantage dans une veine poétique et dramatique, loin de son loufoque Beetlejuice et de son sombre Sleepy Hollow. Une aura macabre reste toujours en suspens durant le métrage, incarnée par le personnage de Edward, dont la quête initiatique au travers des moeurs humaines modernes l'amène à subir les émotions parfois explosives des personnages qui l'entourent. Personnages qui, étant effroyablement caricaturaux, allégorisent des états d'esprit humains bien spécifiques : la vanité, la jalousie, la haine, l'amour...
L'apprentissage de Edward se fait donc dans cette banlieue colorée en étant d'abord vu comme un objet d'intérêt et de fascination, symbolisant l'excitante nouveauté, pour finalement devenir un monstre, un véritable paria condamné à fuir éternellement le genre humain.
Impossible de ne pas voir en Edward la personnalité de Tim Burton, homme à part dans l'industrie filmique, resté un grand enfant rêveur et amateur d'un macabre dont est peu friand la normalité aseptisée qu'il exècre tant. Il lui déclame donc , au travers d'Edward Aux Mains d'Argent, tout son mépris en pointant du doigt le monde des gens "normaux". Un monde vide de sens, où les voisins s'espionnent entre eux , où l'on discute de ses derniers achats à table, et où la candeur et la folie ne semblent pas avoir leur place, même pour Burton.
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3.
| Ed Wood : le Burton le plus personnel !
Alors au sommet de son art, Tim Burton désire, en 1993, se pencher sur la vie d'un autre réalisateur ayant subi les foudres et désillusions d'un Hollywood carnassier : Edward Wood Jr, considéré comme le pire réalisateur de tous les temps. Un titre cinglant, reçu de manière posthume, mais qui montre déjà le profond mépris que peut recevoir un créateur face à un public non réceptif et à un contexte de production filmique déjà industriel.
C'est donc une plongée biographique dans les méandres du cinéma américain des années 50 que le réalisateur désire nous faire effectuer, loin de ses exercices de style exclusivement gothique et burlesque. Ici, le ton, qu'il soit visuel comme scénaristique, cherche plutôt à se calquer sur les créations de Ed Wood, à savoir de pures films de série B à faible budget et dont la portée artistique n'a jamais été validée. On vogue donc dans un noir et blanc épais, dont les jeux de lumières conservent très bien cette aura d'un autre temps, à la manière de ces séances de visionnage où la lumière du projecteur transperce difficilement la fumée de cigare.
En tête d'affiche, un Johnny Depp en pleine lancée qui interprète un Ed Wood candide, optimiste et rêveur, désireux de montrer qu'il peut lui aussi devenir un Orson Wells. Pourtant, les déconvenues s'enchaînent, les difficultés de tournage s'accumulent, et la complexité à faire comprendre ses intentions sont montrées avec une grande maîtrise par Burton, qui dresse un portrait peu glorieux de l'industrie cinématographique.
À l'image de ces rêves brisés, on découvre la relation touchante entre Wood et Bela Lugosi (interprète mythique de Dracula), où l'idolâtrie finit par laisser se craqueler la peinture d'une toile peu glorieuse pour certaines des figures iconiques du système hollywoodien. L'interprétation de Martin Landau est d'ailleurs d'un niveau tel qu'elle dépasse largement toutes celles du reste du casting, tant il arrive à nous faire passer du rire aux larmes avec une aisance rare.
Sûrement le film le plus personnel de Tim Burton, et aussi l'un de ses plus brillants, tant il respire à la fois l'amour et l'incompréhension du milieu cinéma, Ed Wood s'inscrit comme un immanquable.