Dans un monde où tout fout le camp, dans lequel le cinéma est devenu une machine à fric (et nous en sommes les premiers consommateurs) plus qu'une machine de visionnaires, il est toujours important d'entrevoir la lumière au bout du tunnel. Si 2013 avait apporté son lot de Kaijus et d'originalité avec Pacific Rim, la pépite S-F de 2014 sera sans conteste Jupiter Ascending.
Star Wars reviendra bientôt dans les salles et je serai
sûrement l'un des premiers à attendre devant la salle de cinéma en 2015
pour revoir et entendre à nouveau la lame vrombissante du sabre-laser mais la science-fiction de cinéma n'a rien à envier à la
littérature qui n'a pas besoin de signer de chèques pour mettre en
images (et en mots) les visions de l'imaginaire de ses auteurs. Et le
problème avec ce qui est visuel, c'est qu'il faut souvent faire un film "à la Star Wars" avec des robots "à la Battlestar Galactica" et des scénarios "à la Hunger Games"
pour la simple et bonne raison que ça doit fonctionner auprès du grand public et rapporter des
sous. Le résultat ressemble donc souvent à une assiette resservie après
être restée beaucoup trop longtemps au frigo. Évidemment, pointer du
doigt ce genre de productions est un peu facile alors que je suis souvent le
premier à aller les voir, la paire de lunette 3D dans la main gauche, la boîte de pop-corn dans la main droite.
"Your earth is a very small part of a very large Industry."
Mais un vent de fraîcheur ne fait jamais de mal lorsqu'il est temps de remettre les pendules à l'heure et mon petit doigt me dit qu'il faudra surveiller le nouveau film de Wachowski, Jupiter Ascending. Évidemment, ce n'est pas une surprise qu'il faut surveiller le nouveau film des réalisateurs de Matrix, que Sullivan aime tant. Et pourtant le film d'Andy et Lana ne se présente pas comme une réinvention du genre et puise visiblement ses inspirations dans les vieux classiques. Notamment avec son plot qui pue le film des années 80 à trois kilomètres. Jupiter Jones (Mila Kunis), qui lave des toilettes pour gagner sa vie, va se rendre compte que la vie en dehors de la Terre existe quand un soldat intergalactique, Caine (Channing Tatum) va venir la chercher pour lui expliquer qu'elle va diriger l'univers, rien que ça. Évidemment, tout cela ne marcherait pas sans un bon vieil empereur galactique, Balem (Eddie Redmayne), qui veut garder sa suprématie sur le monde et qui fera tout pour arrêter la Jackie de That 70's Show.
"We need firepower".
Un scénario basique qui sent bon la vieille soupe de mémé et qui
semble pourtant cacher beaucoup plus. Il était en plus important que les
Wachowski reviennent à quelque chose de plus abordable pour le grand
public, surtout après la déconvenue du très compliqué mais non moins
excellent Cloud Atlas... Sous couvert de ce scénario à priori
simplet, les Wachowski semblent surtout mettre en place un univers qui
n'a pas grand chose à voir avec la science-fiction de ces dernières
années et qui laisse dans la gorge de nombreux relents mais qui se
rapproche plus de la fantasy (à l'instar de Star Wars d'ailleurs, qui est plus fantasy que beaucoup de titres qui regorgent d'archers à capuches). La princesse, le guerrier beau gosse avec
ses oreilles d'elfe, l'Empereur infâme, le territoire à reprendre, le
guerrier dévoué, la grande bataille et les créatures. Et il faudra
sûrement s'attendre à de nouvelles surprises une fois en salle...
Mais c'est surtout visuellement que Jupiter Ascending fait tomber des mâchoires par 4000 avec ses bande-annonces qui dévoilent clairement que la potion magique des Wachowski avait un zeste d'animation japonaise, notamment dans le design majestueux de ses environnements, de ses vaisseaux et de ses mechas. Le parfait exemple reste encore le superbe vaisseau ailé qui semble tout droit sorti d'une adaptation cinématographique de Rah Xephon ou n'importe quelle autre œuvre japonaise avec des méchas à l'intérieur. D'autant plus que ces superbes créations sont mises en valeur avec brio à travers la photo du film qui casse déjà les rétines. La direction visuelle assez inédite du film, bien loin des grands noms du genre à venir (comme Guardians of the Galaxy), offre de nouvelles perspectives dans l'avenir du genre qui évolue toujours en se basant toujours sur les œuvres précédentes d'autant plus que la photo du film livre déjà des plans incroyables rien qu'avec trois trailers.
Et l'ambition des Wachowski semble à la hauteur de l'univers qu'ils essaient de mettre en place car si pour l'instant, seul Jupiter Ascending a été annoncé, Andy et Lana ont toujours présenté leur nouvelle licence comme une trilogie qui ne verra évidemment le jour que si le public se rend en masse dans les salles obscures pour voir le film lors de sa sortie qui sera le 23 juillet en France. Warner Bros. n'a pas les chevilles aussi solides qu'il y a quelques années et la plus belle preuve de cette fragilité économique reste encore le retour de Harry Potter dans les salles avec une nouvelle trilogie qui devrait rapporter quelques sous-sous dans les caisses de la société. D'autant plus que le combat des super-héros dans les salles sera difficile pour Kevin Tsujihara qui devra faire face au (très grand) géant Marvel Studios.On vous a assez répéter de voter ce weekend mais j'en rajoute une couche aujourd'hui en vous disant d'aller voir Jupiter Ascending en emmenant toute votre famille pour espérer donner de l'ampleur que méritera le film ! L'hypothétique trilogie n'ira qu'au bout de son troisième opus seulement si le succès commercial est au rendez-vous, et le film passe dangereusement inaperçu à ce jour pour que l'on s'inquiète, pendant que les ogres Super-Héroïques se taillent la part du lion à Hollywood.
Et croisons tous les doigts pour que Sean Bean reste en vie... au moins pour le premier épisode !