Suzume : le nouveau film de Makoto Shinkai est là !
L'annonce d'un nouveau film de Makoto Shinkai est plus qu'une simple annonce : c'est un évènement que les amateurs d'animation japonaise attendent avec une impatience démesurée, tant le monsieur a gagné en influence par delà le Japon, au point d'être intronisé comme le nouveau Miyazaki. Rien que ça.
Lui qui, dans ses premières années créatives, réalisait ses premiers faits d'armes tout seul de A à Z (Voices From A Distant Star) est désormais entouré d'une armada d'animateurs capables de réaliser ses plus grandes ambitions, et est en passe de devenir l'une des figures incontournables de l'histoire de l'animation.
Autant dire que Suzume, son prochain métrage, est un tournant dans sa carrière artistique puisque son précédent, Les Enfants du Temps, avait reçu un accueil divisé de par sa formule très similaire à Your Name. Et si vous faites partie des gens ayant craint que Shinkai avait décidé de nous pondre des Your Name bis ad nauseam, son nouveau métrage Suzume rassurera sûrement plus d'un dubitatif car si l'amour est là et que le fond de mythologie l'est aussi, le réalisateur lâche enfin sa formule phare pour s'envoler vers de nouveaux horizons !
L'histoire de Suzume
Suzume, jeune lycéenne, mène une vie apaisée dans sa petite ville côtière aux côtés de sa tante. Pourtant, toute son existence se voit chamboulée avec l'arrivée d'un jeune homme mystérieux, dont la mission est de contenir l'émergence d'une créature, Le Ver, afin de l'empêcher de déclencher des cataclysmes. Le seul moyen d'y parvenir : refermer les Portes par lesquelles il s'échappe. Afin de réussir cette mission, Suzume devra effectuer un long voyage initiatique à travers le Japon...
Suzume : claque visuelle, mais pas que !
Expurgeons ce qui doit être dit : Suzume est une claque visuelle comme on s'en prend rarement, avec un mélange entre animation traditionnelle et CGI totalement maitrisé qui donne lieu à a des scènes d'action brillamment exécutées. La réussite de Suzume n'est cependant pas que visuelle. Suzume s'inscrit malgré tout dans une continuité artistique ,initiée depuis Your Name, en gardant les éléments clés de l'univers de Shinkai tels que l'environnement urbain/côtier, une palette de couleurs riche, un usage maîtrisé de la CGI dans les décors ou encore une bande son signée par le groupe RADWIMPS.
Mais côté scénario, le film s'écarte du modèle de la romance shinkainienne pour laisser une plus ample place à sa protagoniste principale, la jeune Suzume, et à son rapport au deuil de sa mère. Car ce deuil s'avère finalement être un levier supplémentaire pour convaincre cette rebelle d'enfin lâcher les amarres avec son étouffante tutrice et d'explorer un pays qu'elle ne connaît finalement que très peu. Ode à la contemplation de tous les instants, Suzume s'inscrit comme une création visuellement ambitieuse, qui cherche à enfin se détacher de son modèle pour proposer une aventure riche en couleurs et en émotions.
Suzume : le voyage, et sa destination
Le métrage appuie d'ailleurs cet émerveillement face aux aspects du quotidien en les inscrivant dans le sillon de la quête initiatique de Suzume. Ses multiples rencontres donnent ainsi le rythme à un affrontement divin contre le Ver, mais aussi à une succession de tranches de vie pures et simples, alors que le monde pourrait sombrer à tout moment. Et si le métrage se perd parfois dans une succession de portes à fermer sans grand avancement dans la trame, il garde malgré tout un propos fort sur la notion de souvenirs et de passé, toujours dans une réflexion légère mais sans naïveté aucune.
Suzume, c'est donc la confirmation que les fans de Shinkai attendait, à savoir que le maître est toujours apte à proposer une animation fluide et maîtrisée, tout en sachant en même temps délivrer une romance touchante et bien ficelée. Le tout s'inscrit avec efficacité dans un contexte moderne qui gage à renforcer la stature du réalisateur comme nouveau Miyazaki.