- L’originalité du système de magie
Plongez dans l'ère victorienne comme vous ne l'avez jamais imaginé avec le roman Anergique, signé par Célia Flaux et publié aux éditions Naos. Ici, les individus vont par paires et les enquêtes se résolvent en groupe. Il s’agit d’un one shot qui vous transportera dans les contrées exotiques d’Asie et vous entraînera, grâce à une très belle plume, dans une traque au pire fléau de ce temps : la voleuse de magie.
L'histoire
Dans la société anglaise du XIXe siècle, l’énergie vitale peut se transmettre d’un corps à l’autre, comme l’on ferait un don de sang. Cependant, certains individus deviennent accro à ces dons jusqu’à se nourrir de l’énergie d’autrui sans leur consentement. Ces v(i)oleurs d’énergie sont traqués et c’est ainsi que Liliana Mayfair, de la garde royale d’Angleterre, voyage jusqu’en Inde avec son compagnon sur les traces d’une mystérieuse voleuse. La seule piste qu’ils ont est une victime, la seule à avoir survécu à une attaque. La traque peut alors commencer, entre les terres indiennes et anglaises.
L’énergie vitale au cœur du système de magie
Parmi tous les romans de fantasy qui pullulent dans nos librairies de nos jours, il se fait rare d’en trouver qui sortent du lot grâce à son originalité. Anergique réussit cet exploit en proposant des personnages à l’appétence innée pour donner ou recevoir son énergie. C’est ce qu’on appelle respectivement les dénas et les lynes. Pour avoir de la force et se sentir en pleine forme, des échanges d’énergie doivent avoir lieu régulièrement entre une paire de déna et de lyne, un peu à la façon dont les vampires sucent le sang des vivants, bien que ce nouveau système soit bénéfique pour les deux parties.
Célia Flaux réussit le pari de présenter ce système de magie original en le dévoilant petit à petit, avec d’abord une illustration de son utilisation, puis ses explications et enfin ses failles, notamment avec le concept d’anergie lorsque l’individu refuse de donner ou de recevoir de l’énergie. Tout le roman est aussi bien construit que ce système de magie, en plus de toucher régulièrement du doigt des problèmes de société.
Un véritable velouté linguistique
Le travail d’écriture met en valeur toute l’intrigue du roman et rend sa lecture réellement délicieuse. L’histoire semble s’écrire d’elle-même, le moindre détail étant rapporté et donnant au lecteur ce sentiment de confiance et d’émerveillement à chaque ajout de personnage, à chaque description ou encore à chaque péripétie. Si on y fait bien attention, on remarque à quel point le vocabulaire est précis et c’est grâce à ces romans dont le style est vraiment travaillé qu’on se rend compte à quel point les mots sont importants pour apprécier une histoire.
Le seul point à regretter à mon sens est les multiples changements de point de vue. Pour des personnages qui sont toujours ensemble et le narrateur étant à la troisième personne, c’est toujours un mystère pour moi d’avoir de tels changements dans les intrigues.
Anergique est donc un roman très plaisant à découvrir. Il demeure scolaire dans sa construction et ses péripéties (on a même l’impression quelques fois de voir la liste des options d’écriture d’un roman de fantasy être checkée au fur et à mesure) mais le rythme soutenu de l’action nous tient en haleine tout du long. Si vous en avez marre de la fantasy médiévale et/ou occidentale, Anergique vous ravira grâce à son cadre tantôt victorien, tantôt indien.
