Critiques

Angolmois, le vrai fantôme de Tsushima

Par Alex Moon
6 min 11 octobre 2023
Angolmois, le vrai fantôme de Tsushima
On a aimé
- Historicité bien documentée.
- Des personnages variés et crédibles.
- Le vrai Japon féodal.
On n'a pas aimé
- Sa violence ne le destine pas à tous les publics.

Le manga historique a la cote ces dernières années et c’est tant mieux ! Entre Vinland Saga, Brides Stories, Reine d’Egypte ou encore Ad Astra, la liste est longue. S’ils ont pour qualité première de permettre à des novices de s’instruire sur une période ou un personnage historique, ils offrent aussi des récits fascinants, parfois bien plus incroyables que s’ils étaient fictifs !

Angolmois se déroule au XIIIème siècle, durant une période charnière de l’histoire japonaise, à savoir l’invasion mongole et prend le parti de nous présenter la résistance de la petite île de Tsushima. Si vous ne connaissiez ce lieu que grâce au personnage de Jin Sakaï, ou si vous êtes fasciné par les archers montés, l’expansion du plus grand empire du monde et les récits de résistants, ce manga de Nanahiko Takagi est fait pour vous.

Tout commence par une tempête…

…qui fait rage sur la mer japonaise, ballotant le malheureux vaisseau de transport de prisonniers qui vogue vers l’île de Tsushima. C’est sous un véritable déluge que les criminels débarquent dans le lieu où ils devront purger leur peine. S’ils pensaient être simplement exilés, ils se trompent lourdement. Accueillis par Teruhi, la fille du gouverneur de l'île, ils apprennent que la  terrible armée mongole s’apprête à attaquer le Japon, en passant par Tsushima. Les prisonniers comprennent alors qu’ils ont été envoyés pour grossir les rangs des défenseurs, comme pions sacrifiables.

Parmi les exilés se trouve Jinzaburo Kushii, samuraï tombé en disgrâce et épéiste de renom, connu pour sa maîtrise du style Gekei. Si comme les autres proscrits il pense d’abord à fuir sur l’île pour sauver sa peau, il se rend bien vite compte qu’il sera impossible d’échapper à l’armée qui s’apprête à déferler sur eux sans s'allier aux forces de Tsushima. Grâce à son expérience militaire, il prend la tête du groupe de prisonnier et devient un véritable atout pour la défense de l’île. Mais malgré quelques victoires éclatantes, les envahisseurs sont si nombreux qu’ils représentent une force de combat implacable. L’enjeu sera de tenir 7 jours, le temps que les renforts envoyés par Kyushu débarquent.

Féodalité, guerre et honneur.

Pour retranscrire le japon de l’ère Bun’ei, Nanahiko Takagi a fait énormément de recherches. Que ce soit les environnements, les costumes ou les techniques de combat, tout est extrêmement bien documenté.
Servi par un style graphique précis, sans être surchargé, le manga est sublime. Riche en détails, traduisant aussi bien les dilemmes moraux de ses personnages, que des scènes de violence crue, avec un dessin qui rappelle Chie Inudoh ou Abi Umeda.

Jamais manichéen, Angolmois nous montre à travers la guerre des peuples, des cultures, des religions et des convictions aussi plurielles que fascinantes. Il se permet même de développer quelques romances assez touchantes, qui viennent apaiser un récit décrivant toute l’horreur dont peuvent être capables des soldats durant un conflit.

En seulement 10 tomes, le manga parvient à montrer à ses lecteurs à quel point la bataille de Tsushima à été décisive durant l’invasion mongole, et comment elle a façonné le Japon.

 

Angolmois, chronique de l’invasion mongole, une aventure à découvrir aux éditions Meian.