- Un objet livre très appréciable
- Des arguments philosophiques très intéressant
Victor Dixen est un auteur français bien connu pour ses sagas de fantasy et de science-fiction dédiées à un lectorat plutôt jeune. Cependant, il nous présente, avec Cogito édité aux éditions Robert Laffont, un roman indépendant et mature traitant d’un sujet à la mode depuis quelques années : les intelligences artificielles. Ce thème est abordé avec une juste intelligence (c’est le cas de le dire) malgré la complexité du sujet, et ne tombe pas dans les clichés.
L'histoire
Dans une France où l’intelligence artificielle s’est tellement développée que les robots ont remplacé les humains dans de nombreux postes professionnels, Roxane Le Gall, une lycéenne délinquante de dix-huit ans, est hantée par l’idée de passer le BAC (Brevet d’Accès aux Corporations) à la fin de l’année.
Les résultats qu’elle obtient jusqu’alors ne sont pas encourageants, bien au contraire. Or, sans l’obtention de ce diplôme, la jeune fille sait qu’elle ne pourra jamais réussir à se hisser dans la vie professionnelle et aspirer à une vie correcte. C’est pourquoi elle s’intéresse au « Stage science infuse » qui promet à quelques étudiants sélectionnés en terminale de leur fournir toutes les connaissances nécessaires à l’acquisition du BAC.
Ce stage d’une semaine est en réalité une expérience exercée sur l’humain à travers laquelle des robots neuronaux devront développer les capacités cérébrales des patients qui auront alors la garantie d’obtenir leur diplôme. Consciente des risques qu’elle encourt, Roxane s’inscrit sur la liste des participants au stage et se laisse porter par l’univers de l’intelligence artificielle dans laquelle elle s’engouffre.
L’Intelligence artificielle au service de l’intrigue
Les intelligences artificielles mises en avant par ce roman sont sous formes d’androïdes, généralement utilisées dans les fictions pour effrayer car on pourrait les confondre trop facilement avec les humains.
Cependant, Victor Dixen balaye cette facilité en faisant échouer systématiquement le test de Turing. Et en effet, il y a très peu de chances que même avec un grand avancement de l’IA, les androïdes parviennent un jour à se mélanger aux humains. De plus, l’intelligence artificielle est toujours utilisée dans le roman pour effectuer certaines tâches impossibles à faire pour les humains dans le but d’exploiter leur potentiel naturel, comme avec les robots neuronaux.
Il y a plein d’autres exemples où les machines sont bien à leur place. Sur tous ces points, l’auteur parvient à utiliser l’IA correctement, sans envoyer de messages fallacieux.
Paradoxalement, les intelligences artificielles (et par extension tout le domaine technologique) ne sont pas au centre du roman. Ce dernier les utilise, bien sûr, mais elles ne sont jamais remises en cause. C’est plutôt l’aspect philosophique qui est discuté à de nombreuses reprises, de plusieurs points de vue très pertinents.
Ainsi, Le Contrat Social de Rousseau côtoie les Trois Règles de la Robotique d’Asimov pour un mélange très homogène, rappelant que la pensée est le propre de l’humain. Ce qui est moins homogène en revanche c’est cette philosophie qui prend le pas sur la dimension scientifique, qui se retrouve au deuxième ou troisième plan.
L’intrigue au service de l’intelligence artificielle
On ressent bien le savoir-faire de Victor Dixen dans la construction de l’intrigue, tout est là : des éléments introduits, et exploités et expliqués par la suite, des personnages percutants aux arcs de développement très diversifiés, une intrigue réfléchie mais pas complexe pour autant, un suspens très bien dosé, une lecture addictive… On peut certes se plaindre d’une ou deux longueurs mais l’ensemble est vraiment fluide. Les différents choix des personnages principaux et toutes les péripéties se recoupent au terme qui révèle alors la véritable portée du roman.
Cette intrigue ne peut malheureusement pas être parfaite et la fin fait partie des points négatifs à relever. Alors que les IA fonctionnent selon des probabilités, la conclusion de l’intrigue se construit autour d’une improbabilité très humaine, rappelant à ce moment-là qui est le réel public du roman.
Pour résumer, Cogito de Victor Dixen est un très bon livre pour s’introduire dans le domaine de l’IA, tout en légèreté et philosophie. L’objet-livre est d’autant plus agréable à tenir entre ses mains grâce à ses pages schématisant certains aspects scientifiques de façon pédagogique.