- La mélancolie
Protéger l'homme, cela signifiait le protéger de ce qui représentait un danger pour lui. Y compris lui-même.
Pépite dénichée aux Imaginales 2021, et propulsée par la toute jeune maison d’édition 1115, Dehors, les Hommes tombent est le récit étonnant du dernier androïde sur une Terre désertée par l’Homme.
L’Homme a régressé avant de disparaître. L’androïde qui nous parle est le dernier être conscient de la planète. Terre qui, depuis la mort de l’Homme, est de nouveau verdoyante au point que l’androïde aux batteries poussives a du mal à y circuler. Errant comme une âme en peine, sa conscience le pousse à avancer, en quête de quelque chose qui arrivera à le rafistoler, ces fameuses Ruches créées par l’Homme pour entretenir ses semblables. Mais il fera la rencontre d’un énorme robot qui cherchera à le détruire et fera rejaillir en lui les souvenirs de ses rencontres passées, comme Eva, cette enfant humaine qu’il a vu vieillir et mourir…
Arnauld Pontier m’avait tapé dans l’œil avec Sur Mars (également aux éditions 1115) où il racontait la conquête de Mars du point de vue des premiers astronautes envoyés sur place, afin de préparer les prochaines missions, et qui finalement n’aperçoivent jamais vraiment la grandeur de la Planète Rouge. Dehors, les Hommes tombent reprend ce ton brisé et mélancolique, où l’amertume combat l’émerveillement. L’androïde est désabusé et lutte contre sa solitude du mieux qu’il le peut, ce qui en fait un personnage attachant et très ambivalent, car il reste une machine à tuer !
Tout comme dans Sur Mars, l’auteur nous plonge d’emblée dans l’univers. Les détails arrivent après, pas le temps pour l’exposition ! Déroutant dans les premières pages, le style se permet de glisser quelques éléments par-ci par-là qui nous brossent le portrait d’une Terre nouvelle et d’un post-apo morne et verdoyant.
Petite chronique pour un petit roman par sa taille mais pas par son style, Dehors, les Hommes tombent est un récit envoûtant avec sa Terre familière mais remaniée, que l’on explore en compagnie d’un androïde rongé par la solitude et la culpabilité d’avoir laissé l’Humanité disparaître.