- Un mythe toujours vivace et qui s'approfondit
- Un héros qui évolue et qui nous tient
- Une plume toujours addictive
- Une ambiance nordique digne des légendes
HOP HOP, pour la chronique du tome 1, c'est par ici !
Un second tome encore plus sombre mais porté vers la lumière, une histoire d'homme et de Dieux, une belle histoire d'amour et un combat pour la liberté !
Le résumé
Sigurd doit faire face à sa destinée: vaincre le Dragon Fafnìr au Royaume des Brumes et sauver Brunehilde des Flammes Éternelles.
Mais au gré de ses voyages, il a contracté bien d’autres serments, dont les fils s’entremêlent, se resserrent peu à peu, jusqu’à le faire suffoquer. Comment tous les respecter, et ainsi préserver intact un honneur si facile à bafouer ? La destinée est capricieuse, et Sigurd aura fort à faire pour se soustraire aux dangers qui jalonneront sa route. Peut-être le véritable défi, plus mortel encore que le Dragon, est-il de survivre à la folie et à l’ambition des Hommes…
Au moins, cerné des loups, sait-on clairement quelles sont leurs intentions.
Notre avis
Contrairement au premier tome de Sigurd, Le royaume des brumes joue sur deux temporalités ; le mélange des deux personnalités de Sigurd est saisissant et nous permet d’appréhender ce héros atypique avec un regard neuf. L’écriture au présent nous transporte dans un temps où Sigurd est marié à Kriemhild, une reine jalouse et sans cœur, tandis que l’écriture au passé nous plonge à l’époque où l’élu des dieux se prépare à affronter le fameux dragon Fafnir.
D’un côté, l’homme se questionne sur sa destinée, sur ce combat qu’il doit mener, de l’autre, il s’interroge sur la farce ourdie par les dieux, sur sa vie tristement vide, marquée par l’absence de l’être aimé. Les deux Sigurd ne forment qu’un, une unique personnalité extraordinaire, combative, qui nous parle et pour laquelle le lecteur s’attache. Sa tristesse et ses rancœurs sont les nôtres, tout comme ses souffrances et ses moments de faiblesse, ou ses instants d’émerveillement et d’amour.
Une poésie épique
Federico Saggio nous l’avait déjà démontré : l’écriture épique n’a plus de secrets pour lui. Le charme du vocabulaire, le rythme astucieux des phrases, les dialogues rimés et lyriques font de cette lecture un plaisir insoupçonné, qui nous amène plus facilement au sein même de l’époque de ces dieux nordiques, emplie d’une atmosphère magique et mythique.
Tous les ingrédients se réunissent pour apporter du rêve et nous permettre de nous évader. Les descriptions du royaume des brumes enchantent malgré sa noirceur et son passé douloureux, obligeant ses habitants à se soumettre à une autorité démoniaque. L’ambiance entre ombre et lumière nous marque, suspend le temps pendant la lecture et nous déconnecte complètement de la réalité. Avec ce roman, l’auteur nous renvoie dans un passé fantastique, que l’imaginaire collectif ne cesse de remettre au goût du jour. Les deux tomes de Sigurd sont un must-have pour les fans de la mythologie nordique, qui souhaitent se plonger dans l’esprit d’un héros torturé et plein de charme.
Le mythe
Plus encore que dans l’ouvrage précédent, cette suite regroupe toutes les références bien connues du mythe de Sigurd ou Siegfried, et plaira même à ceux qui connaissent déjà cette histoire. La réécriture de l’auteur apporte quelques nouveautés et s’intéresse surtout aux états d’âmes d’un héros meurtri et complexe. L’ouvrage met également en valeur la relation difficile que Sigurd a dû subir avec celui qui l’a élevé, un Nibelungen lâche et perfide, mais qui sait se montrer, par moment, aimant et compréhensif. Tout comme la vie, ni blanche ni noire, Sigurd est composé de toutes les facettes qui donnent cette saveur si particulière à l’humanité.
Son combat incroyable contre Fafnir, sa rencontre avec Kriemhilde, son amour pour Brunhilde… Tout y est. Sigurd nous étonne d’ailleurs lorsqu’il se retrouve avec la valkyrie ou lorsqu’il songe à elle ; ses mots chantent la beauté et l’harmonie avec tendresse, son cœur profondément amoureux nous berce d’une langueur mélancolique inattendue, sensible et émouvante. Sigurd devient homme à ses côtés, oublie sa part d’ombre pour s’élever dans la lumière.
Une histoire d’homme et de dieux
Même si les dieux parcourent inévitablement cet univers, contrairement à d’autres réécritures, l’auteur se focalise ici sur l’homme Sigurd, et non sur les histoires divines en parallèle qui chamboulèrent les dieux jusqu’à les mener au Ragnarök. Les apparitions d’Odin se font rares ou courtes, et ce n’est pas plus mal. Sigurd reste ainsi central.
Quant à la malédiction de l’Or d’Andvari, une légende qui a inspiré Le seigneur des anneaux de Tolkien, elle accompagne chacun des pas du héros, et rappelle sans cesse que, dans la vie, nous ne pouvons tout avoir. Certains gains nécessitent des sacrifices, une vie de pouvoir ne signifie pas forcément une vie heureuse entourée d’amour et de bienveillance. Sigurd a voulu triompher des dieux, mais il l’a payé cher.
L’appât du gain, la destinée, des dieux manipulateurs et inquisiteurs, un pouvoir trop puissant à contrôler… Cette histoire nous donne également matière à réflexion sur ce que l’on est à l’intérieur, sur les envies qui nous poussent à agir, et sur ce que serait notre vie sans amour et soutien. Un destin tragique pour un héros à la force d’esprit incroyable et inattendue, une vie mouvementée pour un homme qui a cherché à s’élever contre la volonté des dieux, contre un passé injuste qui a souillé son âme à tout jamais.
La mythologie nordique n’a jamais été aussi touchante et nuancée. Le royaume des brumes, un coup de cœur en cette fin d’année folle, un roman qui aide à se retrouver, qui fait du bien, et qui apporte force et détermination en l’avenir.