- Un récit haletant, qui glisse petit à petit dans l'angoisse.
- un univers atypique, très inspiré du folklore japonais.
Pendant longtemps, en dehors de ceux écrits dans la sacro-sainte langue anglaise, rares sont les romans de SFFF étrangers à s’être exportés jusqu’à l’hexagone. Depuis quelques années cependant, on note l’arrivée d’œuvres islandaises, chinoises, arabes, latino-américaines, qui ouvrent de nouveaux horizons aux lecteurs français. Si les codes européens de la littérature sont rarement bousculés par nos auteurs locaux, ceux de nos camarades orientaux sont bien différents. Aussi, il est appréciable de découvrir un roman tel que Du nouveau monde, aux éditions Robert Laffont. Bien loin des romans d’anticipation écologiste ou de science-fiction spatiale en vogue, Yūsuke Kishi nous propose une œuvre sombre, intimiste et inquiétante, un livre qui m’a fasciné jusqu’à sa dernière page.
L’histoire
La communauté rurale de Kamisu 66 vit dans la paix et l’harmonie. Tous ses habitants sont d’un naturel bienveillant et altruiste et nul d’entre eux ne semble désirer plus que ce qu’il possède. La sécurité des villages qui forment cette collectivité est assurée par le Cordon sacré, une barrière magique, qui tient à distance toute créature belliqueuse.
Comme tous les enfants de Kamisu 66, la jeune Saki attend avec impatience le jour où elle aussi pourra faire appel au Jyuryoku, un pouvoir dont disposent tous les habitants et qui semble presque illimité. Cette initiation marquera le début de sa puberté et aussi son entrée à l’Académie Générale, où elle apprendra à canaliser et maîtriser ce don précieux. C’est aussi le début de ses premières expéditions au-delà du Cordon sacré, là où sa curiosité et celle de ses amis pourraient les conduire à des découvertes terrifiantes, capables de bouleverser tout ce en quoi ils ont toujours cru. Quel est le prix de la paix qui règne au sein de Kamisu 66 ? Et quel est celui d’un pouvoir tel que le Jyuryoku ?
L’avis d’Alex
Du nouveau monde se présente d’emblée comme une histoire personnelle, celle de Saki, la narratrice, qui nous conte ses aventures depuis un futur à la date incertaine. Comme si elle s’adressait directement à nous, lecteurs, elle s’excuse parfois si ses souvenirs sont inexacts, si elle digresse lorsqu’elle évoque certaines créatures croisées lors de son périple ou si ses sentiments influencent le récit de son vécu. Ce ton, très intimiste, contribue à l’ambiance si particulière du roman.
L’univers dépeint par Yūsuke Kishi est également singulier : entre folklore japonais, technologies ultrafuturistes et pouvoirs psychiques mystiques. Le livre se plaît à nous installer dans un cocon bienveillant, au milieu de cette communauté utopique qu’est Kamisu 66, pour venir instiller le doute et l’angoisse par petites touches, au rythme de l’avancée de l’histoire. À mesure que Saki prend conscience des failles et des non-dits qui régissent la société qui l’a vu naître, le vernis du pacifisme vole en éclat, tout comme l’innocence de la jeune fille, et nous plongeons peu à peu dans l’horreur.
Brillamment exécuté, le scénario semble receler un millier de secrets, de codes cachés de-ci de-là, à travers une réplique d’un personnage ou un élément de décors qui semble anodin. Jusqu’à son final qui nous laisse seuls avec l’attente d’un tome 2, dont on espère qu’il apportera enfin toutes les réponses aux questions que l’histoire à soulevée dans nos esprits de lecteurs avides !
Du nouveau monde est une œuvre de SF qui bousculera sans nul doute vos habitudes de lecteur.
