Critiques

La nuit des temps (René Barjavel), de l'Antarctique à la découverte d'une civilisation perdue.

Par Richard Lecastor
4 min 30 novembre 2022
La nuit des temps (René Barjavel), de l'Antarctique à la découverte d'une civilisation perdue.
On a aimé
- un récit intemporel.
- mélange de science-fiction et de romance.
- critique de la guerre et de la nature humaine.
On n'a pas aimé

La nuit des temps, écrit par Renée Barjavel, est l'un des classiques de l'âge d'or de la science-fiction. Initialement édité et publié en 1968 chez Les Presses de la Cité, c'est l'un des grands succès de l'auteur, qui sera plusieurs fois réédité et pour lequel Barjavel recevra le prix des libraires en 1969. Véritable plaisir de lecture, La nuit des temps est un roman intemporel, avec des personnages forts, une intrigue efficace et dont la conclusion fera réfléchir le lecteur pendant plusieurs jours. Le roman est depuis peu disponible au format audio chez Lizzie, où l'agréable lecture de Benjamin Jungers nous fait voyager du cœur de l'Antarctique aux confins de l'imaginaire.

Le résumé

Au fin fond de l'Antarctique, les membres d'une expédition polaire française prélèvent des carottes de glace, lorsqu'ils découvrent un mystérieux signal. Situé à plus de 1000 mètres de profondeur, il y a un émetteur sous la glace. Lorsque la nouvelle éclate, les journaux du monde entier titrent : " Une ville sous la glace ", " Un cœur sous la banquise", etc. Alors que les savants et les techniciens du monde entier se rassemblent et forent la glace à la rencontre du signal, que vont-ils découvrir ?

Notre avis

  • Une exploration qui nous mène d'une société disparue...

La première partie du roman commence par une passionnante expédition au cœur de l'Antarctique. Au plus profond de la glace, ce sont les traces d'une ancienne civilisation, vieille de 900 000 ans, que les hommes découvrent. Les scientifiques du monde entier se rassemblent alors en Antarctique, communiquant au moyen d'une traductrice universelle. Leur recherche est retransmise en direct via la télévision satellite et suivie dans le monde entier. Véritable collaboration internationale, cette expédition quelque peu utopique est l'espoir, pour l'humanité, de découvrir une ancienne civilisation. Les scientifiques découvrent un mystérieux dôme, entièrement fait d'or, dans lequel se trouve en état de biostase : un homme et une femme. L'un des médecins de l’expédition, Simon, décide avec ses collègues de réveiller la femme : il s'agit d'Éléa, et Simon tombe amoureux d'elle.

 
  • ... à une critique à peine déguisée sur notre société.

Au travers le récit poignant d'Éléa, on découvre l'histoire de son monde, une terre plus jeune de 900 000 ans. Elle vivait au cœur de l'état de Gondawa, avec son compagnon Païkan, avant que la guerre avec Enisoraï, la nation rivale, n’éclate et les sépare. Les deux nations sont très avancées technologiquement, mais diamétralement opposées, leurs différences sont si profondes qu'elles sont perpétuellement en guerre. Alors que le conflit atteint son paroxysme, pour protéger la race des hommes, deux personnes sont choisies et mises en biostase dans la sphère : Éléa et Coban, l’homme le plus intelligent de Gondawa.

Publié en 1968, le roman est fortement influencé par les événements historiques de l'époque tels que la guerre froide ou la guerre du Vietnam. C'est un récit clairement pacifiste, dont le début est une assez vision idéalisée sur l'époque, avec cette expédition internationale bien peu imaginable au cœur de l'Antarctique, ou collaborent français, anglais, russes, américains, etc. Les deux nations, Gondawa et Enisoraï, permettent à Barjavel de faire une critique acerbe du conflit Est-Ouest et encore plus celle des états américains et russes


La nuit des temps est un récit dans le récit, à travers l’histoire d’Éléa et Païkan, de la guerre entre Gondawa et Enisoraï, ou celle de l'expédition polaire. Récit ambigu, il ne se laisse pas réduire à une interprétation univoque. Certains y liront le pire de la nature humaine : l'humanité a soif de savoir, de pouvoir et les sociétés sont prêtes à tout pour exploiter le monde qui les entoure. Mais, pour moi, la nuit des temps nous montre surtout le meilleur de l'Homme: le pouvoir contenu dans notre capacité à aimer notre prochain. À travers la romance presque Shakespearienne entre Éléa et Païkan, c'est l'amour qui sublimé dans ce récit fait de l'Homme un être exceptionnel.

 
Il est deux choses qui subsisteront sur terre, tant qu’il y aura des humains :
l’amour et la guerre.
 
 
 
 
 
Sinon, pour découvrir une autre chronique sur un autre classique de SF, vous pouvez découvrir celle d'Ephyrose sur Absalon !
La nuit des temps (René Barjavel), de l'Antarctique à la découverte d'une civilisation perdue.