1.
| Margaret Rogerson, l’étoile montante
Margaret Rogerson est indubitablement l’une des nouvelles figures de la fantasy Young-Adult en France. Sorcery of Thorns a été un véritable succès éditorial pour la collection Big Bang. L’autrice est une belle porte d’entrée à la fantasy Young-Adult car elle propose avec Sorcery of Thorns, une histoire simple, bien amenée et aux personnages attachants, malins et inventifs.
La particularité de sa plume tient notamment à la sensibilité qu’elle instille dans ses personnages. Ils sont souvent dotés d’un passé trouble, qui les a marqués et qui les empêche de s’ouvrir aux autres. Et c’est à ce moment-là que l’histoire débute : les individus solitaires vont être amenés à se côtoyer et à surmonter des épreuves qui les feront se rapprocher. Elisabeth et Nathaniel de Sorcery of Thorns nous sont tout de suite proches : chacune de leurs faiblesses et de leurs peurs nous sont rapidement connues.
Qui plus est, Margaret Rogerson propose un style fluide et qui se permet quelques piques d’humour et de gentil sarcasme afin de rapprocher les personnages entre eux et appuyer certaines scènes parfois cocasses. Mais le sérieux n’est jamais loin et ces petites capsules sont rapidement rattrapées par l’intrigue.
Comme je le disais précédemment ses univers sont simples : Elisabeth a grandi dans l’une des Grandes Bibliothèques du royaume. Elle a presque été élevée par la directrice de l’institution et les grimoires vivants qui peuplent la bibliothèque. Elisabeth rêve de devenir une gardienne, un de ces agents du Roi qui traquent les grimoires qui peuvent devenir de terribles monstres de cuir et d’encre. Les magiciens sont honnis par cet ordre de gardien car ils auraient le pouvoir de soumettre des démons afin de les mettre à leur service. Rien de plus. Un environnement simple afin de développer une intrigue et des personnages plus complexes. L’univers se met au service de l’intrigue plutôt que d’être la justification du roman, et cela a le mérite d’être souligné !
Margaret Rogerson est une belle mise-en-bouche à la fantasy young-adult pour les fans de fantasy adulte mais aussi pour ceux qui chercheraient à découvrir ce genre !
2.
| Sarah J. Maas, la patronne
Figure tutélaire de la fantasy YA depuis plusieurs années, Sarah J. Maas s’est récemment attelée à une nouvelle saga, The Crescent City, qui nous est arrivée depuis quelques mois et qui aborde des questions comme l’identité et des émotions très humaines comme l’égoïsme. Mais aujourd’hui, nous allons plutôt évoquer LA série par laquelle il faut commencer si on souhaite s’essayer à l’œuvre de Sarah J. Maas : Un palais d’épines et de roses.
Sarah J. Maas y revisite quelques peu les contes de notre enfance : Cendrillon et La Belle et la Bête ! En effet, Feyre est une jeune humaine qui fait tout pour nourrir sa famille. Famille qui n’a de cesse de la mépriser. Mais elle commet l’irréparable en tuant malencontreusement un Fae, ce qui la condamne à être capturé par ce peuple et « enfermée » au sein de leur palais maléfique. Ouvrez les guillemets car elle erre en toute liberté dans le château du Grand Seigneur Tamlin qui doit rapidement faire face à une malédiction qui vient corrompre les forêts de son royaume. Lors du premier tome, le lecteur découvre en même temps que Feyre cet univers enchanteur (et sombre).
La découverte progressive de la cour, de la malédiction et de la magie (très peu expliquée dans les premiers romans) est très prenante. Mais c’est surtout le bestiaire sombre qui inspire le plus ! Et quand on sait que l’humain est tout en bas de la chaîne alimentaire du monde de l’autrice, les scènes dans la forêt sont sources de très grandes tensions !
On se prend d’affection pour les personnages principaux (qui vont évidemment vivre une romance), même si certains comportements sont un tantinet cliché. Même les personnages secondaires offrent des histoires et des personnalités touchantes et intéressantes pour l’histoire. Le rythme est réparti entre des scènes plus lentes qui permettent d’assimiler tous les éléments de l’univers et cerner les personnages, et des scènes pleines d’action !
Adeptes de fantasy, de romance, d'action, de magie et d'héroïne à fort caractère, foncez découvrir ce petit bijou !
3.
| Jay Kristoff, aux frontières de l’adulte
Auteur de renom bien installé, toujours à la frontière entre fantasy adulte et YA, Jay Kristoff nous avait impressionné par son inventivité avec La Guerre du Lotus, à la croisée entre fantasy japonisante et steampunk. Yukiko est unanimement reconnue comme un personnage très complexe et ses motivations tantôt altruistes tantôt sombres en font une belle découverte.
Mais il y a une autre série de l’auteur dont nous n’avons pas encore parlé sur Syfantasy : Nevernight. Cette fois, nous suivons une jeune femme dont la famille a été assassinée pour des raisons politiques et qui cherche à se venger ! Apprentie d’un groupe d’assassins, l’Eglise Rouge, elle va monter les échelons de cette organisation et apprendre à être une assez bonne combattante pour mettre à mal la République et ses « pourris ». Un récit qui peut sembler classique mais qui est maîtrisé de bout en bout et qui est pétri de rebondissements.
Qui plus est, Jay Kristoff est un formidable conteur qui instille une ambiance gothique étonnante dans ce roman d’assassins. Son world-building (comme dans la Guerre du Lotus) est prodigieux ! L’action principale se déroule au sein d’une ville construite sur les ossements d’un dieu mort, à la lumière de 3 soleils qui ne se couchent presque jamais, le tout saupoudré d’une ambiance entre Moyen-âge occidental et Empire romain !
Les scènes d’actions sont, encore une fois, très bien rythmées et sont plus que prenantes. D’autant plus quand on s’attache à ces personnages hauts-en-couleurs, tous assassins de leur état, et qui sont dotés de dons particuliers propres à nous rebuter ou à nous fasciner (et qui savent être utiles dans des combats !).
Trait particulier de ce roman, l’auteur a pris le parti d’écrire des notes de bas de page : l’opportunité pour lui d’étendre subrepticement son univers, avec une belle touche d’humour. Pour ceux qui friseraient à cette seule idée, dites vous bien qu’elles ne sont pas indispensables et qu’elles peuvent assouvir votre côté curieux de lecteur de fantasy. Pour comprendre l’histoire, vous pouvez largement vous en passer !
Nevernight frise avec la fantasy adulte et la fantasy YA, ce qui apporte une couche de maturité et de complexité à ses personnages, rendant cette saga parfaite pour tous les lecteurs de plus de 15 ans !