1.
| Les Naufragés de l’Institut Fermi d’André David
Deux camps s’affrontent, les dériveurs et les voyageurs. Les dériveurs peuvent voyager dans le temps grâce au patrimoine génétique qu’ils partagent avec leurs ancêtres, c’est en prenant possession du corps de ce dernier qu’un dériveur influe sur le futur. Tandis que les voyageurs, eux, usent d’une technologie plus classique car ils viennent « du futur » (au-delà de l’époque contemporaine des dériveurs). Ces deux camps s’affrontent car les voyageurs appartiennent à un monde postapocalyptique dominé par des cité-araignées peuplées de clones, sur une Terre froide et désolée… Situation étrange car l’objectif des dériveurs est pourtant de déjouer le paradoxe de Fermi (vrai cas scientifique) : les civilisations désirant s’extraire de leur planète d’origine s'autodétruisent avant d'avoir pu se rencontrer, sinon nous les aurions déjà rencontrées… Les dériveurs se prennent donc pour des sauveurs alors même que leurs descendants essayent de les empêcher de mener à bien leur mission de survie de l’Humanité. Une intrigue complexe comme on les aime !
Retrouver notre entretien avec l’auteur juste ici :
Pour plus de détails sur l’intrigue et le style, nous vous invitons à découvrir notre chronique sur le roman. Ici, nous préférons aborder tout ce qui sous-tend le texte. Les naufragés de l’Institut Fermi est avant tout une quête de sens, tant pour Louis, le dériveur presque dépressif, et Gwen, la voyageuse qui trouve dans sa mission le moyen de surmonter toutes les épreuves qu’elle vit. Ce sens, ils semblent le trouver dans leur équipe et dans les gens qu’ils côtoient : à quoi bon sauver le monde si l’on ne sera pas bien entouré à la fin de l’histoire ?
Au-delà du pur travail sur le voyage dans le temps – incluant de magnifiques voyages au gré des époques – l’approche génétique de l’intrigue pose de nombreuses questions. Que cela soit sur le clonage dont font preuve nos futurs descendants dans leurs cités-araignées, que pour la prise de contrôle physique et psychique des hôtes des dériveurs. Où se trouve le libre-arbitre quand on se ressemble tous et que notre corps se destine à une seule et unique tâche ? André David aborde ces questions au détour de moments de pause pour ses personnages, comme s’ils soufflaient et se débriefaient leur mission, seul dans leur coin – donnant une approche très intime et humaine de ces sciences !
Les naufragés de l’institut Fermi est une belle découverte pour tous ceux en quête de réflexions, d’action et d’aventures ! On recommande chaudement !
2.
| Les Oiseaux du Temps d’El-Mohtar & Gladstone
Bleu et Rouge s’aiment de loin. Elles sont dans des camps adverses mais pourtant l’amour les poussent à se laisser des lettres partout où la guerre temporelle fait rage ! Cet échange de lettres à travers les mondes et les confins impalpables des infinies offre alors à cette relation longue distance une aura unique en son genre, tant elle semble n'avoir aucune portée imaginable.
Les deux auteurs nous dressent ici leur portrait de deux avenirs possibles pour l’Humanité : L’Agence et la technologie contre le Jardin et la symbiose avec le végétal. Deux camps qui ne peuvent se comprendre et pourtant c’est tout l’enjeu de ce roman : comprendre et aimer l’Autre.
Chaque chapitre est l’occasion de découvrir une nouvelle époque et un lieu étonnant – ce qui rend d’autant plus savoureuse la découverte des messages cryptés laissés par l’une ou par l’autre – qui sont autant de lieux où l’absurdité de la guerre est criante. Le monde est parfois à feu et à sang et les mondes s’effondrent sans cesse !
Les Oiseaux du Temps représente un renouveau dans la science-fiction contemporaine en nous offrant une sensibilité qui ne s’est encore jamais vu. Là où la science-fiction s’efforce de décrire l’avenir de l’Humanité fasse aux extra-terrestres ou face à des sociétés nouvelles permises par une technologie avancée, ici la science-fiction n’est qu’un décor à une histoire d’amour qui ne laisse personne indifférent !
3.
| Les Vaisseaux du Temps de Stephen Baxter
Lorsque s'achève La Machine à explorer le temps, le Voyageur s'apprête à repartir dans le futur sauver Weena, la charmante Eloï, menacée par les cruels Morlocks. Stephen Baxter, 100 ans après l’œuvre d’origine, réinvente l’histoire d’H.G Wells. Et le Voyageur n’est pas au bout de ses surprises car dans le futur, les Morlocks ne sont plus les rebuts hideux de l’Humanité, mais bien des êtres dominants technologiquement qui ne ressemblent plus à des barbares ! C’est un vrai voyage à travers les siècles que Baxter nous offre !
L’écriture moderne de Stephen Baxter est nettement plus légère et moderne que celle qui fut celle de Wells, mais on ne peut s’empêcher d’y trouver un écho bienvenu ! Il entraîne le lecteur tout autant dans le futur que dans le passé, jusqu’aux débuts de l'Univers. Et le Voyageur du temps observe les changements du climat et l'évolution de la science, et s’interroge sur ce qu’ils peuvent impliquer sur nos sociétés humaines. Comme tous bon auteur de science-fiction, il s’amuse à mettre en avant ou à créer des paradoxes entre la matière et le Temps, et on en ressort intéressé par tous ces concepts qui viennent renforcer l’idée d’un univers cohérent !
Il faut reconnaître à l’auteur qu’il a su écrire un roman magistral d’anticipation car le décor du roman de Wells n’est qu’un décor à une histoire qui se porte sur l’évolution TRES TRES lointaine de notre Humanité et sur notre relation avec le Temps et ce que nous laissons en héritage !
Les Vaisseaux du Temps est un petit bonbon pour tout bon fan de science-fiction !