1.
| Faërie de Raymond E. Feist
Véritable page-turner de l’auteur du cycle de Midkemia et fantasy plus qu’originale tout en étant inscrite dans la tradition des grands contes classiques, Faërie est le joyau de la bibliographie de Raymond E. Feist !
Une famille prend possession de sa nouvelle maison à Pittsville et elle ne se doute pas que des entités féériques en ont fait leur demeure eux aussi et qu’ils ne sont pas bienveillants comme dans les contes ! Et plus loin, au cœur de la forêt les mythes irlandais, germaniques et américains s’éveillent, pour offrir à nous lecteurs, un bestiaire terrifiant et surprenant.
A l’image d’Andrzej Sapkowski, Feist revisite le mythe de la Chasse Sauvage, avec ses cavaliers noirs fous, et nous plonge dans les contes et légendes d’autrefois, en y instillant ce qu’il faut de modernité pour nous faire nous demander à la fin de notre lecture : « et si ? ». Sa plume est sublime et fluide et n’hésite pas à se lâcher dans les scènes de pur frisson, avec force de détails glauques, voire morbides !
Amateurs des récits de Stephen King en pleine campagne, foncez les yeux fermés ! L’horreur, le lyrisme et le merveilleux se rencontrent dans un cocktail étonnant !
2.
| L’épouse de bois de Terri Windling
Quelle splendeur mais quelle splendeur dénichée par les Moutons Electriques et le Livre de Poche ! Terri Windling fut éditrice avant d’être autrice et elle a eu le temps d’apprendre à structurer son propre roman auprès des meilleurs. L’épouse de bois est donc une merveille en termes de structure : une jeune femme hérite des biens de son correspondant, un écrivain alcoolique au milieu du désert américain, et découvre peu à peu que les mythes ne sont pas morts et que ces entités surnaturelles en ont après l’humanité et son comportement dévastateur pour la nature.
Le décor a de quoi surprendre : imaginez les déserts des grands westerns alliés aux nuits décrites par Feist dans Faërie. Maggie Black est une écrivaine en mal d’inspiration mais a une très forte imagination, ce qui permet à l’autrice de nous faire douter sur ce que sa protagoniste voit. Mais les scènes de réunions entre les dieux-créatures du désert nous convainquent rapidement que le mystère est entier et que les événements sont bien réels.
Maggie cherche à comprendre la mort de son ami qu’elle n’a jamais vu mais qu’elle a beaucoup lu. En creusant, elle rencontre des hommes et des femmes dans la ville voisine qui craignent et respectent la nature car ici les sensations sont plus crues, la nature plus brute et les superstitions plus intenses dans leur croyance. Et la plume nostalgique et lyrique de Terri Windling n’y est pas pour rien.
L’épouse de bois est un excellent roman d’évasion contemplatif. Après sa lecture, on se prête à chercher ces créatures de la mythologie navajo et de voir au moins une fois dans sa vie le désert américain…
3.
| La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay
Auteur canadien, Guy Gavriel Kay n’a pas pu s’empêcher de faire débuter son intrigue à Toronto ! Cinq jeunes gens se retrouvent à une conférence donnée dans leur univers par un professeur fascinant, qui leur révèle son identité lors de la soirée qui suit : Loren Mantel d’Argent, le mage du Royaume de Brennin. Avec une arrière-pensée typique des mages, il invite les jeunes gens à l’accompagner dans le monde Fionavar pour célébrer le cinquantenaire du règne du roi. Tous acceptent mais l’un d’eux, Dave est séparé des autres pendant le transfert et est envoyé auprès d’une peuplade nomade de cavaliers de la plaine, loin du royaume où résideront ses amis.
Bien qu’avec un départ très classique et quelques hommages à J. R. R. Tolkien (Guy Gavriel Kay ayant travaillé sur la rédaction du Silmarillon), La Tapisserie de Fionavar est un must-read ! Ses personnages révèleront leur faiblesse et leur humanité tout au long de ce voyage qui les opposera à la volonté d’un Seigneur des Ténèbres, Maugrim (qui n’est pas sans rappeler Morgoth ou Sauron). Chacun suivra une voie différente et accompagnera les princes du royaume dans leur quête effrénée pour sauver leur terre.
L’auteur s’amuse à faire des parallèles entre le monde moderne d’où proviennent les cinq héros et le monde médiéval où ils désirent vivre. Ce monde est presque un nouveau départ pour certains car ils ont été traumatisés dans leur monde d’origine (mort d’un proche, enfance difficile…). Fionavar est presque une voie vers la rédemption pour ces jeunes personnages.
A l’image de Tolkien, Kay aime la mythologie celtique et arthurienne, et c’est donc à cette fin que certains personnages seront les réincarnations d’Arthur Pendragon ou encore de Guenièvre (et donc un Lancelot sera également de la partie) car le mythe de la Tapisserie de Fionavar reprend les codes des univers parallèles filés et refilés par des déesses tisserandes qui attendent que chaque être réalise sa destinée. Forêts maléfiques, nains, prêtresse des saisons, chasse sauvage (les fans de Witcher apprécieront) … tous seront là.
Ne soyez pas rebuté par l’aspect classique de cette œuvre. Elle vaut le détour car l’auteur sait se jouer des mythes et des légendes pour en faire des récits personnels et épiques !