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Dossier Premium : Le cinéma de science-fiction austalien
Par Alfro
15 mai 2015
La semaine de la sortie de Mad Max : Fury Road restera dans les annales. La continuité de l'œuvre d'un véritable artiste. Pourtant, même George Miller n'a pas créé son œuvre ex nihilo. Le cinéma australien a eu un lourd passif avec la science-fiction avant que le premier Mad Max sorte. Mais celui-ci laissera une trace indélébile dans le cinéma du pays de Hugh Jackman.
La première approche du cinéma australien avec les mondes de l'imaginaire ne se fera pas à travers les étendues futuristes de la science-fiction, mais avec un genre bien plus intime : l'horreur. Inspiré par son pays aride et de la lutte pour la survie qu'il inspire, l'Outback gothic va naître en 1971. Au moment où Ted Kotcheff (qui réalisera le premier Rambo) sortira Wake in Fright, l'histoire d'un instituteur forcé par le système (déjà) à prendre un poste dans l'Outback. Là, il est poussé par les gens du cru, brûlé par l'alcool et la solitude, aux portes de la folie. Ce film sera présenté la même année au Festival de Cannes la même année. Les originaux furent longtemps perdus jusqu'à ce que l'on les retrouve en 2002 à Pittsburgh. e qui permit de le restaurer et de le remontrer à Cannes en 2009 et de le ressortir en France l'année dernière.
La même année, et qui sera dans la même sélection pour le Festival de Cannes, Nicolas Roeg, qui réalisera notamment L'Homme qui venait d'ailleurs avec un David Bowie étrange, quitte son Londres natal pour venir réaliser, toujours dans l'Outback, Walkabout. Ce long-métrage âpre montre le combat pour la survie de deux jeunes enfants qui vont découvrir un chemin vers la spiritualité. Ce film hypnotique porte un message sur l'état de la société actuelle qui va lui aussi profondément inspirer George Miller.
En 1974, on renoue avec l'horreur pure et dure quand Peter Weir réalise son premier film : Les Voitures qui ont mangé Paris. Ni la capitale, ni celui du Texas, ce Paris est une ville coincée dans l'Outback. Et les habitants y ont la curieuse habitude de braquer les voitures qui la traversent, jusqu'à ce qu'un gang se venge avec des véhicules monstrueux. Des pirates de la route, donc (on voudrait pas pointer les choses ostensiblement, mais tout de même, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?). La version américaine fut sérieusement cutée (enlevant près de vingt minutes de film). Les producteurs américains enlevant toutes les scènes qui servaient au contexte, Peter Weir rentra dans un ressentiment profond à l'égard d'Hollywood depuis lors.
Il n'en est pas encore là puisqu'il enchaîne avec Pique-nique à Hanging Rock. Quatre jeunes ingénues disparaissent avant que l'une d'elle ne revienne, mutique. Cependant, elle se suicidera sans qu'aucune lumière soit faite sur leur disparition. Plus tard, Peter Weir réalisera Le Cercle des Poètes Disparus, The TrumanShow ou encore Master & Commander. Une filmographie solide.
Le genre de l'Outback gothic perdurera après la sortie de Mad Max, durant à peu près toutes les années 80. On peut notamment citer Razorback, film de Russel Mulcahy, auteur des deux premiers Highlander, et d'une filmographie en chute libre depuis (Le Roi Scorpion 2). Là encore, la survie et l'affrontement avec la nature est au centre du propos quand un Razorback (sorte de gros sanglier du bush) se met à attaquer les habitants d'une petite ville. Un film d'horreur qui aurait sans doute été un instant classic s'il avait été américain.
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2.
| Les années Mad Max
En 1979 sort le premier Mad Max, immédiatement suivit du deuxième opus. L'impact des deux films de George Miller vont avoir un impact majeur sur le cinéma de son pays (plus gros succès financier pour un film australien). Ayant injecté son goût pour la SF façon Métal Hurlant dans le cinéma australien, son influence ne perdit pas de temps avant d'émerger. Dès l'année suivant Mad Max 2 : The Road Warrior sortira Les Traqués de l'An 2000. Ce film de Brian Trenchard-Smith montre une prison où les "déviants" (les opposants aux systèmes) sont les proies d'une chasse à l'homme. Lacunaire et incroyablement sadique, il était l'un des initiateurs de l'Ozploitation.
En terme de filiation directe, on ne fait pas mieux que The Time Guardian. Ce film de 1987 (après le troisième Mad Max donc) est réalisé et écrit par Brian Hannant. Celui-ci n'est autre que le co-scénariste et celui qui dirigeait la seconde équipe de tournage du premier Mad Max. Inspiré par les lieux du tournage et George Miller, il imagine un récit de SF où une ville du Vème millénaire cherche à échapper à des cyborgs déterminés à exterminer la race humaine (Terminator, 1980) en se déplaçant dans l'outback de 1988. On retrouve dans ce film une certaine Carrie Fisher.
En 1989, David Webb Peoples (qui avait co-écrit le scénario de Blade Runner) décide lui aussi profiter des décors qu'il a découvert dans Mad Max. Il décide d'y réaliser The Blood of Heroes, une sorte de Rollerball qui va toujours plus loin dans la violence et qui présente un futur post-apocalyptique où le sport qui anime les foules consiste à mettre aux prises deux équipes qui s'affrontent (jusqu'à la mort) pour mettre un crâne de chien sur une pique. Le pire dans cette histoire, c'est peut-être que ce film a fait émerger de véritable ligues (en moins fatales) de ce sport en Australie ou en Allemagne.
Nous sommes dans les années 90, et le propos se veut plus actuel avec Body Melt. Ce film de Philip Bropny présente une petite ville du bush sur laquelle une compagnie pharmaceutique a fait des insu à son insu. Ce que l'on pouvait attendre arrive et cela se passe très mal, si bien que des gens mutent et meurent. La finalité à tout ça est que tout le monde meurt, même la patronne du labo. Nihiliste ?
On peut aussi citer Rolf de Heer qui en 1995 va dévoiler Epsilon, qui sera lui légèrement plus optimiste. Une jeune femme arrive dans l'outback. Elle est une envoyée d'extraterrestres qui veulent savoir si la Terre mérite d'être sauvée. Dans un premier temps, elle condamne l'humanité pour son avarice et son manque d'empathie, mais elle va par la suite découvre l'amour.
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3.
| De nos jours
Le cinéma australien va cependant perdre de sa verve au début des années 2000. Surtout en ce qui concerne le cinéma de genre (invoquerait-on chez eux aussi de la non-viabilité de tels projets ?). Les frères Spierig vont pourtant essayer de faire perdurer la SF au pays de Mad Max. mais en 2003, la mode est désormais aux zombies et ils vont suivre la vague avec Undead. La zombiefication est ici causée par une météorite et emmène à un affrontement sanglant. Tellement dans l'hommage qu'il en perd sa substance.
Ils enchaînent avec Daybreakers en 2009, où ils renouent avec des thèmes chers à la SF australienne. En effet, le message anti-capitaliste est à peine voilé dans ce film où dans un futur post-apocalyptique, les vampires se battent pour les quelques humains qu'il reste, ayant presque épuisés tout leur stock de sang. Un vampire redevenu humain, joué par Willem Dafoe, et un chercheur vampire qui veut sauver l'humanité de son extinction, interprété par Ethan Hawke, s'associent pour trouver un remède au vampirisme.
Enfin, l'année dernière les frangins ont sorti Predestination. Le genre de film à ne pas montrer aux amoureux de la cohérence dans la manipulation de l'espace-temps (notre cher Manu décéderait devant ce film). Dans un imbroglio autour des voyages dans le temps, et une certaine envie sadique des scénaristes, le film se prend les pieds dans sa cohérence narrative. Et la présence d'Ethan Hawke ne sauve pas tout.
On peut aussi citer Alex Proyas dans les réalisateurs australiens. Porté par le succès d'INXS dans les années 80, il en profite en 1994 pour réaliser The Crow, qui restera pour beaucoup culte. Dark City (que Djé considère, sans doute à raison, comme surestimé) laisse croire à un nouveau talent venue du pays de George Miller. Mais I, Robot, tout comme Prédictions, nous ont largement refroidi sur le talent du bonhomme, surtout sur le message hérité de la SF australienne. Il prépare actuellement Gods of Egypt, qui est très avare en informations, si bien que l'on se demande s'il est toujours en production.
Autre représentant de cette ancienne colonie pénitentiaire de l'Empire Britannique à avoir fait parler de lui ces dernières années : Stuart Beattie. Celui qui écrivit le scénario qui a inspiré Collatéral à 18 ans (anecdote sponsorisée Republ33k) a commencé en faisant partie du pool de scénaristes de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl, a aussi écrit Australia et G.I. Joe : Le Réveil de Cobra avant de scénariser ses deux premières réalisation : Demain, quand la guerre a commencé et I, Frankenstein. A son crédit, il a aussi écrit 30 Jours de Nuit. Mais ça reste non.