1.
| 25 mai 1979 : Alien premier du nom
Dans un registre tout à fait différent de Star Wars, la 20th Century Fox va dégainer un scénario mélangeant terreur et science-fiction. On embauche une jeune actrice talentueuse, Sigourney Weaver, un réalisateur récemment primé à Cannes, Ridley Scott (palme d’or pour les Duellistes, à voir ab-so-lu-ment), une cascade d’effets spéciaux, un monstre glacial et totalement maléfique né du cerveau fertile (et un poil dérangé) de Hans Ruedi Giger … on mélange avec un scénario de Dan O’Bannon et on obtient … le chef-d’œuvre absolu : Alien.
Pour les (rares) qui ne connaissent pas l’histoire (oui, dénoncez-vous, là-bas au fond près du radiateur). Un cargo spatial est dérouté vers une planète inconnue pour répondre à un appel de détresse. L’équipage est réveillé et prend en compte la mission, de mauvaise grâce. Arrivé sur cette planète ils découvrent un vaisseau alien et tout plein de trucs inquiétants et pas ragoutants. L’un des membres d’équipage est alpagué par une espèce de bébête alien et, au mépris des règles de sécurité et de quarantaine, il est ramené à bord. Et c’est là que les ennuis commencent...
S’ensuivra force tripailles répandues, course-poursuite dans des couloirs, dézingage en règle de l’équipage, tentative de fuite, un chat (important le chat, pas aussi efficace que le chien, mais pas mal quand même), un cyborg malintentionné, etc.
Dans une ambiance sombre, filmé avec maestria, accompagné d’une musique de l’immense Jerry Goldsmith, Alien permettra d’explorer un autre versant de la science-fiction, plus adulte, sombre et mature. On est loin du manichéisme dégoulinant de Star Wars, autant le dire franchement.
Alien donnera naissance à une licence mondialement connue avec de nombreuses suites et spin-off inégaux. Mais surtout, ce film donnera ces lettres de noblesses à un genre qui se destinait surtout aux ados, en le propulsant dans un monde adulte, violent et sans concession.
Donc : Allez voir Alien !
2.
| 29 juin 1979 : Moonraker, space-odyssey !
Mais que vient faire James Bond dans cette galère spatiale ?
Et bien il surfe sur la vague de la SF, le saligaud ! Ou plutôt la MGM et United Artists tentent de surfer dessus, dans cette réalisation pataude de SF et d’espionnage.
Les ados désirent des vaisseaux spatiaux, des rayons laser, des bases spatiales, des combinaisons (spatiales aussi) ? On va leur donner ce qu’ils veulent, avec un grand méchant qui s’appelle Drax, en prime. Et voilà Roger Moore parti dans une mission qui l’emmènera à Venise, au Brésil et en Californie... pour enfin se terminer dans l’espace !
Bon, on est complètement dans le principe du savant fou qui veut détruire la population pour créer une race eugénique parfaite etc etc... La pauvreté de ce James Bond me laisse toujours pantois. Je me suis infligé de voir ce spectacle une fois et cela suffit.
Je ne souhaite pas infliger ce supplice à qui que ce soit, même pas à mon pire ennemi. Ce n’est ni un film d’espionnage, ni un film de SF, et Roger Moore se caricature lui-même en combattant un ersatz de grand méchant que l’on croirait sorti des poubelles du cinéma de série B.
Allez, comme je suis grand prince (et un peu masochiste) je vous mets cette belle séquence de bataille spatiale kitsch, avec des lasers qui font pew-pew, des vaisseaux qui font pchhhhhhh, des explosions qui font kaboom... Bref, du grand n’importe quoi !
https://www.youtube.com/watch?v=PIHSxLYzc6Q
Le trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=KFOOjYU16KE
Ne regardez pas ce film ! Allez plutôt voir Alien où ceux qui vont suivre dans cette liste.
3.
| 6 décembre 1979 : Star Trek, The Motion Picture
La Paramount, quant à elle, exhume de ses cartons une vieille série de SF des années 60 qui était passée aux oubliettes. Une série humaniste qui, après 3 saisons (et 80 épisodes quand même) tirera sa révérence pour n’être plus qu’une série pour initiés. Il s’agit de Star Trek, avec un titre pour son aaptation filmique des plus simple : Star Trek – The Motion Picture.
On rappelle le Capitaine Kirk pour reprendre du service, car un mystérieux objet aux proportions dantesques se déplace vers la Terre. Après une bataille avec des vaisseaux klingons, les intentions de ce grand objet sont toujours inconnues et inquiétantes... et du coup, la Fédération s’inquiète sévère et veut comprendre ce mystère ! Vous retrouverez l’équipage au complet et quelques nouvelles têtes, mais aussi beaucoup d’éléments qui feront le succès de la licence.
Le film est un demi-succès et souffre probablement de son côté trop Star Trek. On privilégie l’intelligence, la réflexion, la discussion, la compréhension de l’autre et la recherche de dialogue, alors que ce qu’on veut finalement, c’est un combat de sabres lasers entre Mr Spock et une poignée de Romulans.
Bref dans ce film vous ne verrez pas de X-Wing en train de dézinguer une Étoile Noire, ni de duel au sabre laser. En revanche des scènes d’une beauté onirique à couper le souffle, servies par une musique majestueuse. Les effets spéciaux sont exceptionnels, le grand spectacle est au rendez-vous, même si le rythme est un tantinet longuet.
Je me permets de vous livrer deux scènes magnifiques :
https://www.youtube.com/watch?v=GMQTzYp756o
Et cette bataille Klingonne :
https://www.youtube.com/watch?v=GMQTzYp756o
Encore une fois, je ne vous en dis pas plus. Mettez-vous dans votre fauteuil, prenez du popcorn, regardez ce film sur grand écran, mettez le son à fond et profitez du spectacle.
Evidemment, même si le succès n’est pas à la hauteur des attentes, cela permettra de relancer la licence Star Trek qui se déclinera en séries, films, livres, jeux vidéo et se poursuit encore à ce jour. Star Trek deviendra une franchise culte et donnera lieu à un débat sans fin : vous êtes plutôt Star Wars ou Star Trek ?
https://www.youtube.com/watch?v=wbvxV2OJQKk
4.
| 20 décembre 1979 : The Black Hole, peur du noir !
Disney dégaine, à son tour, avec The Black Hole. J’ai une tendresse pour ce film, qui a malheureusement fait un four à sa sortie. Il faut dire qu’il est très loin de l’esprit Disney et que cette quête d’un vaisseau perdu est très sombre. De plus il passe totalement à côté de l’esprit d’aventure léger et romanesque de Star Wars. Et puis, le timing de sortie est assez peu apprécié : en effet cela devait être le film de Noël de 1979. Et The Black Hole, ben ce n’est pas vraiment un film familial.
Un vaisseau d’exploration et son équipage découvre un Trou Noir et un vaisseau que l’on croyait perdu corps et biens, le Cygnus. A son bord ils sont accueillis par le capitaine Dan Holland ,dernier rescapé de l’équipage, qui règne en maître à bord entouré d’une armée de robots.
Evidemment notre valeureux équipage va découvrir que, sous les dehors affables et humanistes de ce capitaine abandonné (ohé ohé) se cache un homme devenu un despote misanthrope qui veut les entrainer dans sa folie.
Même si le film fait un bide, il est devenu avec le temps un film culte. Force est de constater que cette histoire a beaucoup de points intéressants : ce vaisseau perdu aux ambiances gothiques de cathédrale d’acier, commandé par un capitaine scientifique, à la frontière du néant en bordure d’un Trou Noir, fait pense à un capitaine Nemo misanthrope et son Nautilus, à un capitaine Achab obsédé par son Moby Dick, un Hollandais Volant maudit et perdu dans l’espace.
Je ne vous en dis pas plus. Allez étancher votre soif de découverte et plongez-vous dans ce film culte qui mérite d’être (re-)découvert.
https://www.youtube.com/watch?v=hKYFa9FHEU4
Au passage si les thématiques de Vaisseau perdu vous intéresse je vous invite à découvrir notre chronique de Event Horizon.
5.
| En conclusion
En conclusion, même si aucune de ces sorties ne s’approcheront du succès de Star Wars elles donneront de belles franchises et ouvriront les vannes d’un imaginaire plus large, plus grand, plus divers.
Beaucoup d’autres exemples me viennent à l’esprit : Battlestar Galactica (la série date de 1978), Mad Max est aussi né en 1979, puis Flash Gordon (1980 et la musique de Queen), New York 1997 ou Outland (1981), la réponse française avec Le Gendarme et les extra-terrestres (1979, nan j’déconne), etc.
Et aujourd’hui, plus de 40 après, nous sommes encore les héritiers de ces pépites nées dans la douleur, l’exubérance et la précipitation. Et ces portes de l’Imaginaire, ouvertes par un paysan péquenot et idéaliste de Tatooine, ne sont pas prêtes à se refermer.