Critiques

Baltzar, l’école de la guerre

Par Alex Moon
5 min 24 juillet 2024
Baltzar, l’école de la guerre
On a aimé
- Impeccable graphiquement
- Classique, mais jamais ennuyeux
- D'excellentes scènes d'action
- De vraies infos historiques
- Une ambiance européenne très bien rendue
On n'a pas aimé
- Des personnages parfois un peu trop naïfs
- Difficile d'aborder un tel sujet sans donner l'impression d'encenser les soldats

Meian et les mangas d’inspiration historique, c’est une grande histoire d’amour !
Après Angolmois, qui narrait l’invasion de l’île de Tsushima par les Mongols en 1274, mais aussi The Swordman, où l’on découvre la vie du héros coréen Baek Dong-soo, ou encore les guerres de la Chine non unifiée du Ve siècle avant AEC dans Kingdom, voici Baltzar : l’histoire de jeunes soldats dans un pays fictif fortement inspiré de l'Allemagne impériale du XIXe siècle.

Bien que totalement fictionnel, le manga s’appuie néanmoins sur un contexte et des informations historiques bien réels, servis par un dessin d’excellente facture.

 

L’histoire

 

Fraîchement promu commandant par l’empire Weißen, le soldat Bernd Baltzar est envoyé comme conseiller dans une école militaire du Baselland, un pays allié qui n’a connu que la paix depuis plusieurs générations. Ce poste est avant tout l’opportunité de nouer des liens entre les deux nations, mais aussi de renforcer la puissance militaire du Baselland en cas de conflit avec Ezreich au sud.

 

Pour autant, Baltzar va avoir fort à faire auprès des jeunes cadets : non seulement l’équipement du pays est largement dépassé, mais les méthodes d’enseignement le sont tout autant. De plus, sa mission diplomatique censée pousser le Baselland à rejoindre l’empire va se trouver compliquée par des dissensions politiques et des mouvements contestataires civils, qui méprisent Weißen et ses représentants tout autant que l’armée. Pendant ce temps, dans l’ombre, certains tirent les ficelles pour attiser de nouveaux conflits et, peut-être, déclencher une guerre…

 

L’avis d’Alex

 

En montrant la guerre du point de vue de ceux qui ne l’ont jamais connu, jeunes recrues ou civils, le manga évite de tomber dans la glorification du conflit ou la complaisance envers les actes des soldats.
S’il s’agit avant tout d'un seinen, avec son lot de scènes crues, Baltzar n’oublie jamais d’insérer des tranches de vie pleine d’humour afin d’alléger son ambiance parfois dramatique. La guerre a beau être le nerf de l’histoire, c’est surtout la manière dont elle est utilisée par les politiques, orchestrée par les généraux et subie par ceux qu’elle frappe qui se montre centrale dans le récit. À cet égard, on pourra lui reprocher de rendre ses personnages secondaires plus intéressants que son héros, puisqu’il est assez difficile à cerner durant les premiers tomes, jusqu’à se montrer carrément détestable parfois. S’il joue souvent double jeu, entre les intérêts de ses élèves et ceux de son pays, c’est aussi nous, lecteurs, qu’il trompe avec ses manigances.

 

 

Pour autant, lorsqu’on commence à comprendre que Baltzar à plus à offrir qu’une histoire de soldats, on apprécie pleinement sa représentation inspirée de la vie industrielle et agricole autant que militaire, ainsi que de la culture et des mœurs allemandes du XIXe siècle. Une immersion renforcée par les nombreuses informations ludiques et historiques, disséminées en fin de tome. Ces dernières sont d’ailleurs souvent suivies de courts chapitres retirés de l’histoire principale, drôles et instructifs, dont la plupart rappellent le caractère adulte de l'œuvre (on pense à celui au bordel, entre autres).

 

 

 

Enfin, son ambiance historique romancé n’empêche pas l'œuvre d’aborder des questions très modernes comme le machisme, la famille, les crimes de guerre et la confrontation des points de vue et intérêts civils et politiques.

Si, dans le contexte actuel, on peut juger à tort Baltzar comme une œuvre belliciste, c’est avant tout un manga d’action semi-historique passionnant.

 

Une histoire d’aventure très bien orchestrée,
à découvrir chez Meian

 

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