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Critique - Les sanctuaires du mal (Terry Goodkind) : Du mal pour le bien

Par Lildrille - Chloé
3 min 2 mai 2022
Critique - Les sanctuaires du mal (Terry Goodkind) : Du mal pour le bien
On a aimé
- Un roman noir, violent mais porté par un espoir lumineux.
- Un duo de héros attachant, fort et qui se complète.
- Des sujets passionnants mis en avant, des recherches minutieuses effectuées, des détails scientifiques et militaires poussés.
- Un mélange entre du gore, de l’horreur et du fantastique : un pari réussi.
On n'a pas aimé
- Des longueurs qui pourraient gêner : des dialogues qui s’étendent parfois sur une centaine de pages.

Quand Terry Goddkind a voulu s'attaquer à un autre genre que la fantaisie, il s'est mis au thriller... fantastique ! Une excellente idée, et un pari réussi pour l'auteur qui continue de nous embarquer loin, aidé de sa plume unique et de ses idées dingues.

Le résumé

Le Mal a son nid – il se cache dans les profondeurs du Web. Que feriez-vous si vous pouviez regarder le Mal dans les yeux ? Peu importe où vous vous cachez, il vous voit. Et il peut vous briser. Mais le Mal a son propre refuge. Il suffit de le trouver.
Kate Bishop vit et travaille à Chicago. Elle pensait être une femme ordinaire, jusqu’au jour où, impliquée malgré elle dans l’enquête sur le meurtre de son frère, elle découvre qu’elle dispose d’un don : la capacité d’identifier les criminels en les regardant dans les yeux. Mais ce don est aussi une malédiction : il fait d’elle une cible. Terrifiée par cette révélation et ses implications, Kate est contactée par Jack Raines, un mystérieux auteur qui prétend être le seul à pouvoir l’aider. Il possède d’obscure connexions dans le dark Web. Alors qu’une horde de tueurs vicieux et assoiffés de sang, sortes de super-prédateurs, s’est lancée à ses trousses, Kate doit se battre pour sa vie. Mais elle n’est toujours pas sûre d’une chose : Jack est-il son salut, ou un autre assassin venu pour la massacrer ?

Notre avis

 

L’auteur de fantaisie mondialement connu s’attaque à un tout autre genre

L’auteur Terry Goodkind nous embarque dans une histoire sombre, marquée par sa plume et ses idées géniales, que l’on reconnaît entre milles. Plus de fantaisie ici, même s’il traite d’un sujet où la magie continue de percer. Un thriller à la fois fantastique et violent, dur et empli d’espoir. On retrouve ses longs monologues explicatifs, ses personnages charismatiques, ses descriptions efficaces et son atmosphère unique. Le tout est réussi et prenant.

On ressent un véritable malaise à la lecture de ce roman, notamment à cause des sujets traités et du mal qu’il dégage, ou des violences explicites et des scènes mortelles décrites. Heureusement, il existe également des figures aimantes, des bouées de sauvetage auxquelles s’accrocher.

 

Les personnages principaux : un duo ensorcelant

Le lecteur s’attache irrémédiablement aux deux héros. La figure masculine rappelle les justiciers de l’ombre ou un Richard Rahl en puissance (le personnage de L’Epée de vérité, l’autre saga de l’auteur), animé d’idéaux de justice poussés et prêt à tout pour sauver ses protégés. Image même de la lumière, il étincelle dans le noir : le lecteur ne voit plus que lui et le suit avec envie et passion.

Sa compagne féminine en perd de sa puissance, alors qu’elle possède tous les traits qui auraient pu la mettre sur le devant de la scène : intelligente, réfléchie, forte, courageuse, pragmatique. Malheureusement, elle parle moins que son partenaire, ce qui la rend plus discrète, bien trop. Sa substance et son charme s’en trouvent amoindris. La fin la redore alors qu’elle doit supporter seule certaines infamies, et c’est finalement tant mieux. D’autant plus que son incroyable pouvoir, sa capacité à percer les criminels à jour, nous envoûte dès les débuts.

Ils forment un duo ravageur et haletant, plaisant à suivre. Jack renforce Kate, lui apprend tout ce qu’il sait et ne la quitte plus. De son côté, Kate représente l’ultime espoir d’anéantir le mal, celui que Jack cherche à tout prix à annihiler depuis des années. De femme à co-équipière, de co-équipière à arme, et d’arme à menace.

 

Des longueurs qui pourraient déranger

Ses fans de la première heure s’y retrouveront, alors que les autres souffriront sans doute des longueurs des dialogues qui empêchent l’action de s’installer ou des explications trop poussées et détaillées qui parsèment le roman. Un style à double tranchant dans une œuvre d’action, notamment parce que le suspens se retrouve mis de côté lorsque les héros discutent. Parfois, une discussion s’emporte sur une centaine de pages, un sacré exploit et un certain culot que peu d’auteurs parviennent à exécuter.

Pourtant, le contenu des échanges fascine : des recherches minutieuses ont été menées sur l’histoire du crime ainsi que sur l’humanité et le mal qui la ronge. Tel un historien, Terry Goodkind nous fait part de ses intuitions et perceptions d’un avenir broyé par l’obscurité. Thèses scientifiques, analyses militaires, traités d’informatique, discours enflammés sur les origines du meurtre, commentaires sur les attaques de pirates du web ou des protections numériques, éclaircissements sur les capacités de Kate, cours d’auto-défense… Nombre de sujets passionnants sont abordés, nombre de connaissances se voient décortiquées.

Bien que ces dialogues regorgent de pépites, ils paraissent peu réalistes dans leur construction. On s’imagine mal des personnes plutôt ordinaires parler comme elles le font, et s’épancher autant alors qu’elles se connaissent à peine. Partis pris de la littérature et des mots beaux plutôt que de la vraisemblance : un choix que l’auteur assume et duquel il joue. Au fil des pages, on s’y habitue et le plaisir reprend sa place. Les phrases travaillées se lisent avec fluidité.

 

Du fantastique

L’ajout de pouvoirs apporte une touche bienvenue dans un thriller qui aurait paru sinon banal, au moins peu original, malgré les côtés horrifiques, violents et malaisants. Terry Goodkind s’éloigne ainsi des sentiers battus du genre, pour reprendre les codes à sa manière.

Grâce aux détails apportés par Jack, ces pouvoirs apparaissent plus vrais que nature ! Limite science-fiction avec ses explications poussées, l’œuvre imagine une évolution de l’humanité qui aurait aidé à la création d’une espèce plus forte et vouée à défaire le mal. Une belle invention que nous souhaiterions se voir produire.

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