- la tension croissante entre les différents personnages.
- les ellipses temporelles.
- les clins d'œil aux autres romans.
Romain Benassaya est un jeune auteur français très prometteur, à qui l'on doit plusieurs romans de science-fiction, dont Les naufragés de Velloa ou La dernière arche (retrouvez notre chronique ici et ici). En 2018, il publie Pyramides, son deuxième roman, aux éditions Critic, dans la collection science-fiction. Son roman est réédité 2 ans plus tard au format poche chez Pocket. Pyramides, c'est l'histoire de colons terriens qui se retrouvent enfermés dans un labyrinthe aux dimensions interstellaire.
Le résumé
En 2182, alors que la planète Terre est sur le déclin, d'immenses arches sont lancées en direction de la planète Sinisyys, découverte dans le système Eridani. Dans le vaisseau, le Stern III, les occupants se réveillent de leur sommeil cryogénique et découvrent médusés qu'ils n'ont pas atteint leur destination finale. Alors que leur voyage aurait dû durer environ deux cents ans, plusieurs indices montrent que leur vaisseau est piégé, depuis plusieurs siècles, dans un immense labyrinthe. Cette structure artificielle est si grande qu'on n'arrive pas à imaginer ses limites. Où sont-ils et comment sont-ils arrivés là ?
Parmi les premiers passagers tirés de leur sommeil : le commandant Samuel Hassani et son officier en second Eric. Ainsi que Johanna, la femme de ce dernier, qui a la charge de la gestion de l'écosystème du vaisseau et de son système de survie. Alors qu'une partie des passagers cherche un moyen de rejoindre Sinisyys, certains font le choix d'entreprendre la terraformation du labyrinthe. Les ressources du vaisseau étant limitées, un choix doit être fait. Comment la communauté fera face à ce dilemme ?
Notre avis
- D'un confinement forcé...
La première partie du roman est canon, on assiste au réveil des passagers, ainsi qu'à leur questionnement sur ce qui leur est arrivé. Les voyageurs se retrouvent isolés, dans leur vaisseau, au sein d'un mystérieux labyrinthe qui semble sans fin. Comment sont-ils arrivés là et depuis combien de temps sont-ils enfermés ? Même si certaines questions resteront sans réponse, et que cela pourrait déranger certains lecteurs, elles sont le fil conducteur autour duquel s'articule le début du roman. Le thème choisi, perdu dans l’espace, semble assez classique pour un roman de science-fiction. Cependant, l’utilisation du confinement forcé des passagers dans un espace-temps inconnu est intéressante et parfaitement présentée dans Pyramides. De plus, les différentes découvertes, faites par les personnages, entraînent de nouvelles questions, et on finit par s'imaginer plusieurs scénarios autour de ce labyrinthe et de son origine.
Les éléments entourant l’écosystème du vaisseau ont vraiment été développés par l’auteur. Ainsi, l’écosystème du vaisseau est contrôlé par les humains, mais surtout par de minuscules pucerons génétiquement modifiés. Ils ont la charge de gérer une immense forêt qui fournit l’oxygène aux passagers durant tout le voyage. Véritable prouesse technologique, ils se révéleront bien plus évolués qu'on puisse imaginer.
Johanna lui avait expliqué qu’une espèce de pucerons génétiquement modifiée, les Jardiniers, veillaient au bon développement et à la régulation des plantes. Ces milliards de minuscules créatures devaient prendre soin de la forêt pendant les deux siècles du voyage.
- ... À une société qui se divise.
En plus de son thème de science-fiction, le roman est également très politique. Si, au début du roman, la plupart des habitants souhaitait rejoindre la planète Sinisyys, de nombreux rebondissements vont entraîner la division sur le choix de la destination finale. Ainsi, on voit alors apparaître, au sein de la communauté, deux blocs aux ambitions différentes. En effet, les ressources du vaisseau ne seront pas suffisantes pour satisfaire les ambitions des deux groupes. Certains veulent consacrer les ressources du vaisseau à la colonisation du tunnel, en installant des habitations dans le labyrinthe. Et d’autres veulent explorer le labyrinthe et trouver une sortie, qui les mènerait vers la planète Sinisyys.
Aucune concession n'étant possible entre les deux fractions, une opposition ferme va progressivement s’installer, et le roman prend alors un ton plus sombre à mesure que les tensions augmentent. Les manœuvres politiques sont nombreuses et les alliances se font et se défont, au fil des événements. Le paroxysme est atteint lorsque les tensions font place à la guerre civile et la destruction des ressources. Si la division au sein du vaisseau m'a rappelé Aurora de Kim Stanley Robinson, les éléments apportés par l’auteur donnent un final complètement différent. Pyramides ne se cantonne pas à identifier l'origine du labyrinthe, mais explore plus en avant les relations entre les passagers, leurs évolutions personnelles et la résolution des différents conflits.
Pyramides, de Roman Benassaya, est un page-turner passionnant et d'une aussi bonne qualité que ses autres romans. La fin du roman est une belle surprise, mais pourrait cependant diviser certains lecteurs, puisqu'elle reste très mystérieuse et entièrement libre d'interprétation. Mais chez nous, c'est adopté !