- Les Fouilleurs
- La personnalité de M-Bot
- La nouvelle grammaire
Je ne restai qu'un instant dans le nulle part mais, dans cet endroit, le temps ne semblait rien signifier. Je flottai seule, sans vaisseau. Une noirceur infinie m'entourait, percée par des lumières qui ressemblaient tellement à des étoiles - mais maléfiques.
Pérégrination Sandersonnienne #2 Vous vous êtes toujours demandés pourquoi une limace appartient à la classe des Gastéropodes et à l'infra-ordre des Stylommatophores ? Non ?! Continuons tout de même notre fabuleux voyage au sein du Cytoverse.
Nous sommes bel et bien arrivés entre les étoiles ! Ce livre 2, sortie en 2019 en VO et en 2021 en France, continue l’histoire de Spensa, Monstrolimace et de M-Bot, l’IA philosophe et amatrice de champignons dans une aventure à l’envergure supra planétaire. Le Cytoverse, comme le nomme Brandon Sanderson lui-même, vient tout juste de prendre son élan à travers le nulle part et à travers nos imaginaires. Ce deuxième tome fait la part belle à la découverte de la Supériorité, de ses espèces citoyennes et des mystérieux Fouilleurs. Préparez-vous à l’hyperpropulsion cytonique et en avant toute pour la station Astrevise !
Le Livre 1 s’est donc arrêté après la victoire des humains face aux Krell lors de la Deuxième Bataille d’Alta. Les batailles ne se sont pas arrêtées durant les six mois séparant l’intrigue des deux livres et le front s’est déplacé au niveau des anneaux de débris orbitaux à un million de pieds au-dessus de la surface. Spensa tente depuis de reproduire son exploit de s’être propulsé en hyperpropulsion grâce à son pouvoir cytonique et ce n’est hélas pas très concluant. Les humains sont toujours coincés sur Détritus et les Krell sont toujours aussi menaçants et énigmatiques. Les missions de Spensa sont nombreuses à l’aube de cette nouvelle aventure. Elle devra entre autres choses réussir à perfectionner son don pour voler la technologie de l’hyperpropulsion de la Supériorité et ainsi permettre à son peuple de s’enfuir de cette prison planétaire.
Brandon Sanderson adore vraiment les cru(krell)stacés et le montre
encore une fois dans ce roman.
Brandon Sanderson se libère de Détritus et étend le vocabulaire de Skyward à une autre échelle et cela se ressent par l’imaginaire présentée. Les espèces que l’auteur nous décrit sont intéressantes et permettent un bon décentrement anthropomorphique, ce que j’attendais depuis le livre 1. Tandis que certaines espèces sont crustacéiforme, d’autres sont d’un autre état de la matière, certaines ressemblent à des animaux terrestres tandis que d’autres espèces sont loin de notre spectre de jugement d’intelligence. L’auteur accentue ce décentrement en utilisant une autre grammaire surprenante et bienvenue par son caractère non genrée. L’auteur laisse de côté beaucoup de personnages du livre 1 (pour mieux les remettre sur le devant de la scène dans les trois nouvelles se passant après le livre 2) mais cela n’est pas forcément un problème tant le personnage de Spensa est attachant et quand l’auteur nous fait connaitre une nouvelle équipe diversifiée aux côtés de notre pilote humaine. Certains nouveaux personnages ont une psychologie succincte mais suffisamment décrite pour s’émouvoir lors de belles scènes d’actions avec une mention spéciale pour les Kitsen.
Une héroïne ne choisit pas ses épreuves. Un héros affronte ce qui vient. Prouve-leur qu’ils ont tort.
Les humains sont le fléau de cet univers. Les humaines sont vues comme des guerriers sanguinaires impossible de se contrôler. La Supériorité les craint depuis les « Trois Guerres Humaines » qui ont modifié la géopolitique galactique et veut dorénavant endiguer cette menace latente. L’auteur retranscrit peut-être ici une crainte préventive face à la crise anthropocénique que subit actuellement la Terre. Les humains sont un fléau pour la biodiversité terrestre et sont devenus un fléau à l’échelle galactique après avoir laissé derrière eux une planète-détritus. L’auteur distille plusieurs thèmes de société dans ses créations et Skyward ne déroge pas à la règle. La dangerosité des IA, la multiplication des débris orbitaux obstruant la voûte céleste, l’ennemi héréditaire à plusieurs facettes et la représentation de l’hyperpropulsion comme un espace habité (une pensée pour le Warp de Warhammer 40K) sont les grands thèmes de ce roman. La station spatiale Astrevise me rappelle instantanément le convoi Sillage, la cité Alpha de l’univers de Valérian mais aussi les stations de la Fédération dans Star Trek. Astrevise est très peu décrite mais cela suffit car l’important est ailleurs. En effet, l’auteur veut nous emmener dans ses interrogations, dans ses questionnements autour de certaines technologies et les pouvoirs cytoniques qui restent quant à eux encore assez flous en espérant un approfondissement dans les prochains romans.
Mon vaisseau tangua quand je me fis projeter au loin. La noirceur devint si vaste qu’elle dominait mon champ de vision. Il me sembla voir un instant le cœur du fouilleur, cette ombre profonde. Une noirceur absolue qui paraissait trop pure pour exister vraiment.
Brandon Sanderson continue sur sa lancée supraluminique et nous offre ici une lecture passionnante au-delà de la planète Détritus et nous laisse entrevoir un tout nouveau pan de son Cytoverse. La guerrière Spensa Nightshade poursuit son rêve des étoiles et veut prouver sa valeur en tentant de sauver l’humanité des vaisseaux de la Supériorité « pacifique » et cosmopolite. Des préjugées vont se déconstruire tandis que des mystères vont être fouillés. Ne paniquez pas et rappelez-vous une chose essentielle, dirigez-vous vers les champignons et nulle part ailleurs.
Crédits couverture française : Alain Brion
Crédits couverture polonaise : Zysk & S-ka
Crédits couverture allemande : Droemer-Knaur
Crédits couverture américaine : Charlie Bowater
Crédits couverture anglaise : Sam Green