Critiques

Le Pont des Tempêtes, romantasy entre terre et mer

Par Eve - Goupilit
3 min 8 mars 2023
Le Pont des Tempêtes, romantasy entre terre et mer
On a aimé
- Une héroïne forte
- Un univers fascinant avec ses enjeux politiques
On n'a pas aimé
- Le récit un peu classique

Premier tome d’une saga de l’écrivaine canadienne Danielle L. Jensen, Le Pont des Tempêtes (The Bridge Kingdom en VO) vient de paraître aux éditions Bragelonne. Il est disponible à la fois en broché et dans une magnifique édition reliée avec jaspage.

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© Bragelonne

 

L’histoire et l’univers

 

Dans cet univers de fantasy, le fameux Pont qui surplombe la Mer des Tempêtes est la voie commerciale la plus sûre qui relie deux continents et onze royaumes. Ce chef-d’œuvre d’architecture est jalousement surveillé par Ithicana, un archipel aux îles multiples dont les habitants, habitués à la guerre, survivent grâce aux impôts et marchandises prélevés à ceux qui empruntent leur Pont.

 

Lara, princesse du royaume de Maridrina au sud, doit épouser le roi Aren d’Ithicana pour renforcer la paix toute récente entre leurs deux nations. Du moins, c’est ce qui est écrit sur le papier. Car le père de Lara l’a formée toute sa vie à devenir une espionne et une meurtrière, capable de percer les secrets du Pont imprenable et de renverser le pouvoir... C’est la seule façon pour elle de sauver son peuple, qui meurt de faim sous le joug d’Ithicana.

 

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© Danielle L. Jensen

 

Mon avis

 

Dans ce premier tome prometteur, Danielle L. Jensen nous livre par petites touches les enjeux de l’univers qu’elle a construit : totalement fantasy, mais sans une once de magie. Les alliances se font et se défont entre les royaumes. Chaque monarque a une vision différente de l’ennemi et de la meilleure façon d’améliorer le quotidien de son propre peuple. Tandis que Lara voit les Ithicaniens comme des oppresseurs qui profitent de leur hégémonie commerciale, Aren les sent prisonniers de leur dépendance aux ressources qui transitent sur le Pont. Mais comment s’ouvrir au monde, tant le risque de révéler les secrets du Pont est grand ? La relation entre les deux jeunes époux a de quoi provoquer des étincelles !

 

L’ambiance tropicale d’Ithicana, dont les îles luxuriantes sont soumises aux aléas climatiques, est vraiment immersive. Les habitants de l’archipel s’organisent en fonction des saisons et des dangers extérieurs, c’est très bien pensé. Par exemple, le temps des cyclones et autres tempêtes dissuade les ennemis d’envahir, tandis que la saison calme propice aux « marées guerrières » oblige les habitants à servir dans l’armée pour se défendre.

 

Le rythme du récit est équilibré entre action, développement de l’univers et des personnages, et les pages se tournent toutes seules. On retiendra surtout cette atmosphère entre la jungle où rampent toutes sortes de serpents et la mer où naviguent toutes sortes de bateaux, un décor atypique pour de la fantasy médiévale.

 

La tendance de la romantasy

 

lara aren

© Bragelonne

 

La « romantasy » est le terme émergent pour désigner un genre entre « romance » et « fantasy ». Il s’agit donc de récits dans un univers imaginaire, avec tous les enjeux qui peuvent en découler, mais où le fil narratif majeur est l’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux.

 

Même si les intrigues politiques et les scènes épiques ont une bonne place ici, le cœur du livre demeure le mariage arrangé entre Lara et Aren. Entre royauté et trahison, l’histoire reprend des schémas déjà vus pour tisser la relation enemies to lovers entre ses deux héros au physique parfait.

 

Un brin d’originalité n’aurait pas manqué à ce récit. À part, peut-être, avec l’idée de ce Pont aux multiples enjeux géopolitiques, il ne sort pas des tropes habituels de la romance ni de la fantasy, et il est souvent prévisible. Bien que ce soit une excellente lecture, elle est plutôt destinée à qui commence dans le genre, car il m’a manqué ce « petit quelque chose » qui me surprenne ou m’interroge à un moment donné.

 

Notons toutefois que j’ai adoré le personnage de Lara, très crédible. Elle s’est préparée toute sa vie à se venger d’Ithicana, et ses capacités intellectuelles comme physiques, ses actions, ses réflexions sont cohérentes avec ce passé. Elle a droit à une belle évolution, se rendant lentement compte du gouffre qui sépare ce que son père lui a appris de ce qu’elle voit réellement, sans pour autant abandonner son but et tomber amoureuse de son ennemi au bout de 50 pages. Elle n’a pas froid aux yeux et élabore toutes sortes de stratégies pour s’emparer du Pont. C’est le genre d’héroïne à la fois douce et manipulatrice qu’on aime voir de temps à autre, et qui change des princesses en détresse !

 

Pour finir, voici le trailer officiel en VO :

 

 

Diplômée de finance et de littérature, Danielle L. Jensen n’en est plus à sa première saga. Si Le Pont des Tempêtes est la première à sortir en France, avec l’excellente traduction de Laurence Boischot, l’auteure canadienne en a écrit deux autres : The Malediction qui réinvente la créature du troll, et Dark Shores qui mélange piraterie et inspirations de l’Empire romain.

 

Retrouvez ici le site de Danielle L. Jensen

 

Et ici la page de l’éditeur

 

Pour une autre romance bien sympa : on ne peut que vous conseiller Tress de la mer Emeraude ; pour se marrer un peu avec quelque chose qui n'a rien a voir, jetez un oeil à L'intégrale de l'Effondrement !