Si l'on cite régulièrement Tomié, Soichi ou la Fratrie Hikizuri comme faisant partie des protagonistes phares de l'univers de Junji Itô, force est de reconnaître que le duo composé du timide Yuma et de la diablesse Chizumi mériterait de figurer parmi eux.
Leur création récente (2013-2014) et la méconnaissance du public français vis-à-vis des récentes parutions de l'artiste participent très certainement à ce phénomène, mais fort heureusement, depuis début septembre et toujours grâce à Mangetsu, il est enfin possible de découvrir les aventures de ces deux personnages au sein du recueil L'école Décomposée.
L'école selon Junji Ito
La parenté avec le titre phare de Kazuo Umezu (L'école Emportée) s'arrêtera cependant là. Passé le cadre scolaire, on s'aventure en terrain horrifique et Itoesque, sans possibilité de retour. En effet, c'est au travers de quelques courtes histoires que l'on découvre deux personnages intriguants : d'un côté, la chippie (et le mot est faible) Chizumi, jeune fille colérique et facétieuse amatrice de cerveaux humains frais... De l'autre, le jeune Yuma, dont la satisfaction qu'il se procure en s'excusant des bourdes de sa soeur confine au malaise et au doute quant à ses véritables intentions...
Le résultat de la rencontre avec ce duo est plus que fatal : le cerveau coule du nez, la mort attend au tournant... L'horreur se répand à chaque case, et face à la perversion qu'exerce ce duo infernal, il n'y a aucune issue possible. Une nouvelle fois, Junji Ito propose une incursion à mi-chemin entre malaise et horreur pure, tout en s'appuyant sur un concept qu'il essore jusqu'au bout, à savoir le principe de l'excuse solennelle, élément clé de la politesse japonaise.
L'ensemble nous est servi avec un appareil critique, une nouvelle fois, conséquent, grâce à Morolian et sa postface qualitative faisant un comparatif avec l'oeuvre de Allan Poe. Mais je n'en dévoile pas davantage, et vous souhaite une bonne incursion dans les tréfonds de l'horreur scolaire. Prévoyez quelques mouchoirs, cependant.
