- La vie passée donnée aux personnages du conte original
- Les thématiques abordées qu’en surface
- Le déroulement des actions qui semble parfois trop facile
Avec son Peter Pan, James Barrie a inspiré de nombreux auteurs et réalisateurs ayant revisité le fameux conte, à commencer par Disney. S’y étant rapidement emparé en 1954 jusqu’à mettre des paillettes plein les yeux aux enfants, l’écrasante entreprise américaine a totalement métamorphosé le personnage principal qui est passé de ténébreux à jeune elfe presque agaçant tant il est heureux. Absolument pas tombé en désuétude, le conte a même été à nouveau adapté cette année par Disney avec le très décevant Peter Pan et Wendy.
Loin de faire rêver les enfants avec un pays imaginaire utopique, L’Île de Peter de Alex Nikolavitch est une réécriture plus moderne du conte original publiée par Les Moutons Electriques.
L’histoire
Et si Peter Pan n’était pas qu’un être de papier ? Et si son île existait-elle vraiment ? C’est ce que découvre la jeune policière new-yorkaise Wednesday le jour où elle suivait une affaire d’un peu trop près, mêlant gangsters et narcotiques.
Plongée dans le pays qui n’est plus si imaginaire que cela, elle ne trouve pas l’île qu’elle avait en tête étant enfant : le bout de terre auparavant magique n’est désormais que le reflet de son maître, Peter, malade de désillusion. Il ignore pourtant que l’arrivée du gangster, Joab, risque de bousculer l’équilibre de l’île qui parvenait miraculeusement à tenir…
Une réécriture à la hauteur ?
Il est impossible de nier le plaisir que l’on a de retrouver les personnages de notre enfance : de Mouche à Crochet puis de Clochette à Peter, tous nous font afficher un sourire aux lèvres. Or, l’obscurité qui les habite nous rappelle sans tarder que l’on a affaire à un récit urbain fantastique pour adulte. Entre la violence présente à quelques reprises et le désespoir qui y règne, l’histoire n’a rien d’un conte pour enfant. Pourtant, on peine à être immergé dans l’univers. Avec des personnages caricaturaux et le manque de descriptions, les scènes sont parfois peu convaincantes.
S’ils nourrissent une réflexion sur les archétypes, les personnages célèbres se voient ajouté un passif cohérent imaginé par Alex Nikolavitch qui est particulièrement intéressant à lire. Il permet non seulement de les rendre moins lisses mais de les inclure aussi dans le monde réel, le nôtre, les rendant presque attachants malgré leur brutalité. On regrette cependant que l’auteur ne soit pas allé plus loin tant cela aurait permis d’approfondir des sujets tels que l’homosexualité, la peur de la vieillesse, de la mort, la gloire…On espérait également en connaître davantage sur Wednesday et Joab, deux protagonistes dont on ne comprend pas totalement les motivations ni les réactions.
- Mais quand vous disiez que cette île était un piège, Mouche, je ne pensais pas que ça irait jusque là.
En bref, L’Île de Peter est une réécriture du mythe sombre et divertissante qui, malgré des idées peu exploitées, reste une lecture agréable.