La popularité du réalisateur coréen Bong-Joon-Ho sur nos terres cinéphiles n'est plus à prouver, tant le retentissant succès de sa critique sociale Parasite aura fait des émules.
Ainsi, c'est sans grandes surprises que, "seulement" 17 ans après sa sortie, son deuxième métrage, The Host, se voit pourvu d'une ressortie en salles en 4K, permettant à un nouveau public de découvrir les débuts de ce réalisateur prometteur.
Convergence des genres
Explorateur de tous les genres, il l'est, et il le confirme ici avec ce film jonglant habilement entre deux genres cinématographiques : le film de monstre, et le film de pandémie. Le début ne laisse effectivement aucun doute quant au genre de métrage que l'on s'apprête à voir, avec l'émergence soudaine d'une créature mutante ayant ironiquement pour origine une erreur humaine. Face à ce monstre, une fratrie devra faire face à la ruée destructice de cette création hybride entre le lézard et le poisson, et espérer survivre à l'après...
L'analyse des classes
Car c'est essentiellement dans son deuxième segment que The Host trouve toute sa richesse analytique : dans les sillons d'une lutte interne déchirant la Corée en deux, causée par l'apparition d'un virus lié à la créature mais aussi dans les pratiques liberticides d'un gouvernement en contexte de pandémie, résonnant particulièrement bien dans nos contrées post-covid.
Vertige des plans
L'autre élément qui marque en visionnant The Host, c'est finalement ce qui fait la composante majeure du cinéma de Joon-Ho : un usage réfléchi et intelligent de la caméra. Que ce soit dans ses plans séquences longs et intenses ou dans son zoom progressif, l'ensemble accentue l'horreur des événements, et est affublé d'un soin particulier dans sa composition, foisonnante de clés d'interprétations.
The Host est une création hybride, à la fois critique sociale d'une humanité incapable d'avouer ses fautes et projecteur sur une famille décomposée, figure soumise à l'autorité gouvernementale. Le monstre n'est peut-être finalement celui qu'on pense.